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Francis Andreu


NicoPaviot

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Belle Interview :

Francis ANDREU, aux origines du foot pro à Toulouse... ("L'entretien du samedi", TFC, football)

Aux origines du football professionnel moderne à Toulouse se trouve Francis Andreu. En bonne place. Celle du jeune directeur administratif puis général qui, en 1984 arrivait dans la Ville rose pour bâtir les fondations d'un club qu'il fera plus que marquer de son empreinte pendant 10 ans. Le jeune retraité qui a terminé son parcours professionnel chez Sportfive regarde avec autant de nostalgie que de respect le parcours du TFC nouveau.

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Francis Andreu est aujourd'hui membre du conseil municipal de la commune de Lattes dans l'Hérault.

Monsieur Andreu, dans quelles circonstances êtes-vous arrivé à Toulouse ?

J'étais à Montpellier depuis cinq ans, directeur administratif, le club venait de monter, puis de descendre de D1, et le président du TFC qui venait de monter en D1, Daniel Visentin, m'a appelé pour que je fasse à Toulouse ce que j'avais fait à Montpellier, c'est-à-dire structurer le club, le professionnaliser. A l'époque, le TFC n'avait ni structure administrative, ni centre de formation. Je suis arrivé à Toulouse à l'été 1983 un mois après Daniel Jeandupeux.

Vous en êtes parti dix ans après en 1993…

Vous imaginez bien que j'ai une multitude de souvenirs. Le siège du club était place Carnot et trois personnes seulement y travaillaient. Donc les deux premières saisons, 83-84 et 84-85, je me suis attelé à la tâche et j'ai eu la chance d'avoir un coach comme Jeandupeux à mes côtés, quelqu'un de très ouvert à tout ce qui concernait la formation, la structuration de l'équipe pro avec le médical, le staff… Il n'y avait aucun secteur commercial, c'est le responsable de la boutique du club, qui était au cœur du centre commercial St-Georges, qui s'en chargeait. Nous avons rapidement confié ça au groupe Darmon avant de déménager pour aller au Stadium dans des préfabriqués qui sont, je crois aujourd'hui, utilisées par les services techniques de la municipalité. C'est une fois les bases de cette structuration posées que le président Visentin a été mis en minorité par le conseil d'administration qui lui reprochait l'état inquiétant des finances du club. Dans l'urgence, le vice-président, Marcel Delsol, a pris la succession. Son style n'était pas le même. Jusqu'à ce qu'il se retire en 1992, il nous a laissé œuvrer comme nous le souhaitions dans le cadre des décisions prises par le comité de gestion. J'ai été nommé directeur général en 1986 et jusqu'à mon départ en 1993, je ne garde que de bons souvenirs de cette période, et pas seulement en raison des résultats sportifs. Aussi parce que j'ai pu appliquer ma vision de ce que devait être un club professionnel.

"Les nouveaux dirigeants n'avaient pas la même vision du football que nous qui nous réjouissions de voir les Delpech, Debève, Bancarel, Pavon évoluer en D1."

Au quotidien, c'est vous qui gériez le club ?

M. Delsol a eu la sagesse de faire confiance à ceux qui étaient là en permanence, Santini pendant quatre ans, Delmas et moi-même. Pour le recrutement, on se mettait d'accord sur le montant des transferts et des salaires, et on gérait ça comme on le souhaitait. Le club était encore une association loi 1901 et grandement dépendant des subventions des collectivités locales. Cela n'avait rien à voir avec les clubs actuels qui appartiennent à un ou plusieurs actionnaires qui n'ont pas de compte à rendre sinon à eux-mêmes. Mais comme nous n'étions pas les mieux lotis, malgré le statut de la ville, 4ème de France, nous avons été obligés de nous bouger un peu pour chercher d'autres sources de financement. C'est comme ça que le groupe Fabre nous a rejoint, comme simple sponsor d'abord, comme vrai partenaire ensuite, notamment pour faciliter certains transferts.

De 1984 à 1988, ce furent les meilleures années du TFC…

…avec les meilleurs effectifs de l'histoire du club, beaucoup d'internationaux et la découverte de la coupe d'Europe. Ensuite, Santini est parti, Mosca est resté deux ans, Zvunka également… le football était en pleine mutation avec l'arrivée de Tapie, Bez, Lagardère et tout l'argent qui allait avec. A Toulouse, nous avons beaucoup souffert parce que le club était resté en association, ne passant en SAOS qu'en 1991, avec l'arrivée de nouvelles personnes dans le conseil d'administration dont Labatut, successeur de M. Delsol qui, à 77 ans, avait souhaité se retirer. Nous étions en juillet 1992. En février 1993, j'étais licencié.

Pour quels motifs ?

Ils avaient décidé de changer le Tèf tout simplement ! J'ai été le premier d'une longue liste car ils se sont débarrassés de tous ceux qui étaient en poste, les comptables, les secrétaires, les entraîneurs, le directeur du centre de formation… Avec le recul, je n'ai pas d'amertume car professionnellement cela m'a permis de rebondir de manière encore plus avantageuse. Mais sur le moment, ça m'a fait mal car on avait mis dix ans pour faire du club un vrai club, envié et respecté qui, huit jours après mon départ, était désigné meilleur club de jeunes de France. Les nouveaux dirigeants n'avaient pas la même vision du football que nous qui nous réjouissions de voir les Delpech, Debève, Bancarel, Pavon évoluer en D1. Les résultats par la suite ont montré que leur politique n'était certainement pas la meilleure.

"Contrairement à notre époque où les dirigeants jouaient souvent avec l'argent des autres, Sadran a pris beaucoup de risques avec son argent personnel."

Vous avez aussi été à l'origine de la réussite du football pro à Montpellier à travers La Paillade, que représente le TFC pour vous ?

Le TFC est mon club de cœur, celui dont je suis, encore aujourd'hui, les résultats en premier. Je suis content de voir la manière avec laquelle Olivier Sadran l'a relancé. Dans le cadre des mes anciennes activités chez Sportfive, j'ai eu l'occasion de le rencontrer à plusieurs reprises. Je le connais bien et j'ai beaucoup de respect et d'admiration pour ce qu'il fait. Il ne faut pas oublier que, contrairement à notre époque où les dirigeants jouaient souvent avec l'argent des autres, lui a pris beaucoup de risques avec son argent personnel. Même s'il a fait fructifier le club depuis 2001, il a quand même fallu qu'il parie sur des résultats sportifs qu'on sait toujours aléatoires. A plusieurs reprises, il aurait pu se casser la figure… ça s'est joué à pas grand-chose qu'il ne monte pas ou qu'il descende. Je vois dans ces clins d'oeil du destin, qui lui sont toujours favorables, comme un signe que le TFC est entre de bonnes mains.

Entre des mains que vous connaissiez bien, celles de Jean-François Soucasse, Rémy Loret, Mickaël Debève notamment qui étaient de jeunes téfécistes à votre époque ?

Et croyez bien que ça me réjouit. J'ai vu arriver tous ces garçons au centre de formation quand ils avaient 14 ou 15 ans. Après avoir réussi des carrières professionnelles, ça prouve que notre formation, qui incluait aussi des critères scolaires, était de grande qualité. Si Jeff Soucasse et Rémi Loret ont de tels postes de responsabilité aujourd'hui, c'est qu'ils ne se sont pas arrêtés au certificat d'études. Le club a l'intelligence de s'appuyer sur eux, c'est le meilleur moyen à mes yeux pour lui donner une identité forte. En France, contrairement à l'Espagne par exemple, on ne fait pas assez appel aux anciens. A Barcelone, tous les membres du staff sportif et même administratif, sont d'anciens joueurs. Un joueur qui a passé une dizaine d'année dans un club, à se battre sur le terrain pour lui, sera beaucoup plus attaché qu'un autre à le défendre ensuite, à 35 ans, lorsqu'il reviendra. Cela me paraît évident. Petit à petit, on y vient en France.

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En 1987-88, le TFC avait fière allure.

"Les propositions n'ont pas manqué mais j'ai toujours refusé par peur de me retrouver une nouvelle fois confronté, à un moment ou à un autre, à un énergumène comme Labatut."

N'aimeriez-vous pas être à la place de Jean-François Soucasse aujourd'hui ?

Si j'avais son âge, oui. Parce que ce sont des fonctions prenantes qu'on ne peut pleinement assumer qu'en étant dans la force de l'âge. Jeff doit s'approcher de la quarantaine, j'en avais 34 quand je suis arrivé au TFC. En même temps, le foot a tellement évolué depuis, je m'en suis aperçu ces dix dernières années chez Sportfive, que je ne m'y reconnais plus. Le relationnel entre les clubs notamment est catastrophique. J'ai connu une période où, lorsqu'un problème surgissait, Jean Sadoul, le président de la Ligue, nous réunissait à Paris. En une heure, c'était réglé. Nous n'avions pas besoin de confirmer par écrit, les paroles suffisaient, la confiance régnait. Aujourd'hui, avant qu'une décision soit entérinée, il faut qu'elle passe devant une multitude de commissions…ça n'en finit pas.

Après le TFC, avant de vous diriger chez Darmon, n'avez-vous pas été tenté de replonger dans un club ?

Les propositions n'ont pas manqué mais j'ai toujours refusé par peur de me retrouver une nouvelle fois confronté, à un moment ou à un autre, à un énergumène comme Labatut. J'ai trop souffert de la façon avec laquelle les choses se sont terminées à Toulouse pour risquer de revivre ça une seconde fois. Même si à Toulouse j'ai récupéré mes trois ans de salaires prévus dans mon contrat en cas de licenciement, la réparation n'était que financière, pas morale.

A 20 ans d'intervalle, directeur général n'est donc plus le même métier ?

Tout à fait. Un autre exemple. Nous n'avions pas de directeur sportif à l'époque car ni Santini ni Mosca ne le souhaitaient. Ils estimaient que ça risquait de polluer leur travail. Donc je m'occupais aussi du secteur sportif, de la relation avec le conseil d'administration, du recrutement. Avec Ali Rachedi, je ne pense pas que Jean-François (Soucasse) intervienne dans le domaine sportif.

On vous sent très nostalgique de ces années 80 !

Oui, parce que si la semaine était truffée d'emmerdements de toutes sortes à régler, à partir du jeudi soir, quand j'accompagnais l'équipe en déplacement, je vivais le quotidien des joueurs. C'était ma récompense de tout le travail effectué la semaine.

Que faites-vous aujourd'hui M. Andreu ?

Je suis à la retraite depuis un an après avoir terminé mon parcours professionnel dans le groupe Sportive (1). J'ai été président d'un club de football à Lattes pendant huit ans, mais depuis cette saison, comme je fais partie de la nouvelle équipe municipale, comme adjoint, le maire m'a demandé de ne me consacrer qu'à ça. J'ai fait mon temps dans le football (rires) !

Propos recueillis par Frédéric Denat (en collaboration avec le mensuel Le Foot Toulouse)

(1) Après cinq ans à Montpellier, dix ans à Toulouse, un passage à la DNCG, un autre à organiser des stages pour enfants, Francis Andreu a terminé son parcours professionnel au sein du groupe Darmon, puis Sportfive.

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Cette interview est parue dans le mensuel Le Foot Toulouse, en vente dans tous les kiosques.

http://www.foot31.fr/Francis-ANDREU-aux-origines-du-foot-pro-a-Toulouse-L-entretien-du-samedi--TFC-football_a1327.html

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