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Recruté pour évoluer en 4-4-2 aux côtés de Johan Elmander la saison dernière, André-Pierre Gignac est en train de s'imposer seul en pointe, dans un rôle et un registre proches de ceux du Suédois. Explications
Le Mans est un club qui sait très bien faire ça : recruter un joueur à un instant T, le polir, et l'envoyer au feu six mois ou un an plus tard sans avoir à le regretter. C'est un peu ce qui se passe actuellement à Toulouse avec André-Pierre Gignac. Auteur de cinq buts depuis la reprise (dont les quatre derniers de son club), l'ancien buteur de Pau et Lorient a trouvé le déclic un an après son arrivée. Mais à la différence de ce qui se fait au Mans, la période de transition a été brûlante. Elle n'était pas prévue. L'an passé, Gignac a peu joué, peu marqué, relâché ses efforts, maudit le foot et parfois son club. Quand Toulouse l'arrache à Lille en multipliant son salaire par dix, fin juin 2007, il croit en une drôle de promesse : il sera associé à Elmander dans un 4-4-2. « Dans un premier temps, il en a été question, assure Alain Casanova, l'ex-adjoint devenu coach. Mais l'équipe était en déséquilibre et on s'est organisé différemment. » Difficile de s'en étonner. Dotés du même gabarit et de qualités comparables, Elmander et Gignac n'avaient pas le profil pour s'entendre. Christian Gourcuff, qui avait révélé Gignac dans son 4-4-2, explique : « A deux ou seul en pointe, il peut évoluer dans les deux registres. Il nous avait beaucoup apporté en profondeur, et dans le pressing, dans un environnement technique qui valorisait ses qualités athlétiques. Dans un jeu plus direct comme Toulouse, il est certain que c'était un peu le même profil qu'Elmander et que la complémentarité était difficile à trouver. »
Saïfi : «Il a super patate»
Gignac pour remplacer Elmander : voilà finalement le coup, involontaire, qu'aura réussi Toulouse, lâché cet été par son Suédois, auteur de 22 buts en deux saisons de L1. « Elmander était plus puissant, nuance Casanova quand la comparaison lui est proposée. Il était capable de prendre le ballon de 35 mètres et de passer tout le monde en revue. Il avait plus de qualités de perforation, de percussion. Gignac est plus un attaquant de rupture, d'évitement, d'espaces. » Mais les deux hommes ont commun un gabarit, un sens de la chevauchée, une frappe de mule et un goût prononcé pour le 4-5-1 qui entretiennent la filiation. « C'est avant tout un joueur qui a un gros impact physique, explique Gourcuff. Il n'est pas excessivement rapide, mais il gêne les défenses par son gabait, sa générosité. » Rafik Saïfi, qui lui a donné plus d'un caviar à Lorient, parlait en prophète lorsqu'il nous décrivait, avant le but de Gignac contre Auxerre (1-0), samedi, exactement le genre de match qu'allait réussir son ami « Dédé ». « Il s'impose physiquement facilement et il aime bien jouer au ballon, résumait-il. Il est mobile, disponible, et sait garder le ballon car il est costaud. Et il a super patate, il peut mettre le ballon où il veut. »
L'intérêt de Domenech
A l'instant de tracer l'avenir du jeune homme, seulement âgé de vingt-deux ans, Saïfi met le doigt sur un élément clef de la panoplie Gignac : le mental. « Si tu le mets en confiance, il pète tout. Cette année, il se sent désiré, il prend des risques, il frappe, il met des lucarnes. » Il « se régale » dit le joueur lui-même, ce lundi dans L'Equipe. « C'est un joueur atypique à tous points de vue, qui a les défauts de ses qualités, notamment sur le plan mental, confirme Gourcuff. Pour l'instant, il est en train de prouver ce qu'on avait décelé à Lorient, à savoir que c'est un vrai joueur de L1. Il peut encore s'affiner dans le jeu, mais il sera toujours un joueur d'impact. » Casanova ne nie pas que de franches discussions ont été nécessaires pour relancer la recrue phare de l'été dernier, passé en dix-huit mois du National au mirage de la Ligue des champions. « J'ai eu l'occasion de lui dire ma vision des choses. L'échec de sa première saison était la responsabilité de tout le monde, celle du staff aussi. Mais il était fautif sur pas mal de choses. Je lui ai simplement dit que s'il respectait ce que j'allais lui demander, j'étais persuadé qu'il pouvait avoir sa place.» Il y a deux ans, après son triplé contre Nantes, Domenech avait dit qu'il trouvait « quelque chose » à Gignac. « Il peut aller loin, s'il ne croit pas qu'il est arrivé, appuie Saïfi. Ça ne me choque pas que le sélectionneur ait parlé de lui, comme Valbuena ou Ribéry. Il fait partie des joueurs de ce talent. Mais il faut déjà qu'il garde la cadence. » Quatre buts en trois matches, aux dernières nouvelles.