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Topic Poesie


Skanker

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Je me sens d'humeur poete aujourd'hui !

bon alors je commencerais par un grand classique :

Le dormeur du val

C'est un trou de verdure où chante une rivière,

Accrochant follement aux herbes des haillons

D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,

Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,

Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,

Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,

Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme

Sourirait un enfant malade, il fait un somme :

Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;

Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,

Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

A.Rimbaud

Pas specialement beau mais tellement evocateur ...

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Jules Laforgue

L'hiver qui vient

Blocus sentimental! Messageries du Levant!...

Oh, tombée de la pluie! Oh! tombée de la nuit,

Oh! le vent!...

La Toussaint, la Noël et la Nouvelle Année,

Oh, dans les bruines, toutes mes cheminées!...

D'usines...

On ne peut plus s'asseoir, tous les bancs sont mouillés;

Crois-moi, c'est bien fini jusqu'à l'année prochaine,

Tant les bancs sont mouillés, tant les bois sont rouillés,

Et tant les cors ont fait ton ton, ont fait ton taine!...

Ah, nuées accourues des côtes de la Manche,

Vous nous avez gâté notre dernier dimanche.

Il bruine;

Dans la forêt mouillée, les toiles d'araignées

Ploient sous les gouttes d'eau, et c'est leur ruine.

Soleils plénipotentiaires des travaux en blonds Pactoles

Des spectacles agricoles,

Où êtes-vous ensevelis?

Ce soir un soleil fichu gît au haut du coteau

Git sur le flanc, dans les genêts, sur son manteau,

Un soleil blanc comme un crachat d'estaminet

Sur une litière de jaunes genêts

De jaunes genêts d'automne.

Et les cors lui sonnent!

Qu'il revienne...

Qu'il revienne à lui!

Taïaut! Taîaut! et hallali!

Ô triste antienne, as-tu fini!...

Et font les fous!...

Et il gît là, comme une glande arrachée dans un cou,

Et il frissonne, sans personne!...

Allons, allons, et hallali!

C'est l'Hiver bien connu qui s'amène;

Oh! les tournants des grandes routes,

Et sans petit Chaperon Rouge qui chemine!...

Oh! leurs ornières des chars de l'autre mois,

Montant en don quichottesques rails

Vers les patrouilles des nuées en déroute

Que le vent malmène vers les transatlantiques bercails!...

Accélérons, accélérons, c'est la saison bien connue, cette fois.

Et le vent, cette nuit, il en a fait de belles!

Ô dégâts, ô nids, ô modestes jardinets!

Mon coeur et mon sommeil: ô échos des cognées!...

Tous ces rameaux avaient encor leurs feuilles vertes,

Les sous-bois ne sont plus qu'un fumier de feuilles mortes;

Feuilles, folioles, qu'un bon vent vous emporte

Vers les étangs par ribambelles,

Ou pour le feu du garde-chasse,

Ou les sommiers des ambulances

Pour les soldats loin de la France.

C'est la saison, c'est la saison, la rouille envahit les masses,

La rouille ronge en leurs spleens kilométriques

Les fils télégraphiques des grandes routes où nul ne passe.

Les cors, les cors, les cors mélancoliques!...

Mélancoliques!...

S'en vont, changeant de ton,

Changeant de ton et de musique,

Ton ton, ton taine, ton ton!...

Les cors, les cors, les cors!...

S'en sont allés au vent du Nord.

Je ne puis quitter ce ton: que d'échos!...

C'est la saison, c'est la saison, adieu vendanges!...

Voici venir les pluies d'une patience d'ange,

Adieu vendanges, et adieu tous les paniers,

Tous les paniers Watteau des bourrées sous les marronniers,

C'est la toux dans les dortoirs du lycée qui rentre,

C'est la tisane sans le foyer,

La phtisie pulmonaire attristant le quartier,

Et toute la misère des grands centres.

Mais, lainages, caoutchoucs, pharmacie, rêve,

Rideaux écartés du haut des balcons des grèves

Devant l'océan de toitures des faubourgs,

Lampes, estampes, thé, petits-fours,

Serez-vous pas mes seules amours!...

(Oh! et puis, est-ce que tu connais, outre les pianos,

Le sobre et vespéral mystère hebdomadaire

Des statistiques sanitaires

Dans les journaux?)

Non, non! C'est la saison et la planète falote!

Que l'autan, que l'autan

Effiloche les savates que le Temps se tricote!

C'est la saison, oh déchirements! c'est la saison!

Tous les ans tous les ans,

J'essaierai en chœur d'en donner la note.

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Je vous parle d'un temps

Que les moins de vingt ans

Ne peuvent pas connaître

Montmartre en ce temps-là

Accrochait ses lilas

Jusque sous nos fenêtres

Et si l'humble garni

Qui nous servait de nid

Ne payait pas de mine

C'est là qu'on s'est connu

Moi qui criait famine

Et toi qui posais nue

La bohème, la bohème

Ça voulait dire on est heureux

La bohème, la bohème

Nous ne mangions qu'un jour sur deux

Dans les cafés voisins

Nous étions quelques-uns

Qui attendions la gloire

Et bien que miséreux

Avec le ventre creux

Nous ne cessions d'y croire

Et quand quelque bistro

Contre un bon repas chaud

Nous prenait une toile

Nous récitions des vers

Groupés autour du poêle

En oubliant l'hiver

La bohème, la bohème

Ça voulait dire tu es jolie

La bohème, la bohème

Et nous avions tous du génie

Souvent il m'arrivait

Devant mon chevalet

De passer des nuits blanches

Retouchant le dessin

De la ligne d'un sein

Du galbe d'une hanche

Et ce n'est qu'au matin

Qu'on s'asseyait enfin

Devant un café-crème

Epuisés mais ravis

Fallait-il que l'on s'aime

Et qu'on aime la vie

La bohème, la bohème

Ça voulait dire on a vingt ans

La bohème, la bohème

Et nous vivions de l'air du temps

Quand au hasard des jours

Je m'en vais faire un tour

A mon ancienne adresse

Je ne reconnais plus

Ni les murs, ni les rues

Qui ont vu ma jeunesse

En haut d'un escalier

Je cherche l'atelier

Dont plus rien ne subsiste

Dans son nouveau décor

Montmartre semble triste

Et les lilas sont morts

La bohème, la bohème

On était jeunes, on était fous

La bohème, la bohème

Ça ne veut plus rien dire du tout

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Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie

Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,

Ou, perdre d'un seul coup le gain de cent parties

Sans un geste et sans un soupir ;

Si tu peux être amant sans être fou d'amour,

Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre

Et, te sentant haï sans haïr à ton tour,

Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d'entendre tes paroles

Travesties par des gueux pour exciter des sots,

Et d'entendre mentir sur toi leur bouche folle,

Sans mentir toi-même d'un seul mot ;

Si tu peux rester digne en étant populaire,

Si tu peux rester peuple en conseillant les rois

Et si tu peux aimer tous tes amis en frère

Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaître

Sans jamais devenir sceptique ou destructeur ;

Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,

Penser sans n'être qu'un penseur ;

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,

Si tu peux être brave et jamais imprudent,

Si tu sais être bon, si tu sais être sage

Sans être moral ni pédant ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite

Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,

Si tu peux conserver ton courage et ta tête

Quand tous les autres les perdront,

Alors, les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire

Seront à tout jamais tes esclaves soumis

Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire,

Tu seras un Homme, mon fils.

Rudyard Kipling

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Non, ce n'était pas le radeau

De la Méduse, ce bateau

Qu'on se le dise au fond des ports

Dise au fond des ports

Il naviguait en pèr' peinard

Sur la grand-mare des canards

Et s'app'lait les Copains d'abord

Les Copains d'abord

Ses fluctuat nec mergitur

C'était pas d'la litterature

N'en déplaise aux jeteurs de sort

Aux jeteurs de sort

Son capitaine et ses mat'lots

N'étaient pas des enfants d'salauds

Mais des amis franco de port

Des copains d'abord

C'étaient pas des amis de luxe

Des petits Castor et Pollux

Des gens de Sodome et Gomorrhe

Sodome et Gomorrhe

C'étaient pas des amis choisis

Par Montaigne et La Boetie

Sur le ventre ils se tapaient fort

Les copains d'abord

C'étaient pas des anges non plus

L'Évangile, ils l'avaient pas lu

Mais ils s'aimaient tout's voil's dehors

Tout's voil's dehors

Jean, Pierre, Paul et compagnie

C'était leur seule litanie

Leur Credo, leur Confiteor

Aux copains d'abord

Au moindre coup de Trafalgar

C'est l'amitié qui prenait l'quart

C'est elle qui leur montrait le nord

Leur montrait le nord

Et quand ils étaient en détresse

Qu'leurs bras lancaient des S.O.S.

On aurait dit les sémaphores

Les copains d'abord

Au rendez-vous des bons copains

Y avait pas souvent de lapins

Quand l'un d'entre eux manquait a bord

C'est qu'il était mort

Oui, mais jamais, au grand jamais

Son trou dans l'eau n'se refermait

Cent ans après, coquin de sort

Il manquait encore

Des bateaux j'en ai pris beaucoup

Mais le seul qu'ait tenu le coup

Qui n'ai jamais viré de bord

Mais viré de bord

Naviguait en père peinard

Sur la grand-mare des canards

Et s'app'lait les Copains d'abord

Les Copains d'abord

G. BRASSENS Les copains d'abord

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Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage

Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage,

Et la mer est amère, et l'amour est amer,

L'on s'abîme en l'amour aussi bien qu'en la mer,

Car la mer et l'amour ne sont point sans orage.

Celui qui craint les eaux qu'il demeure au rivage,

Celui qui craint les maux qu'on souffre pour aimer,

Qu'il ne se laisse pas à l'amour enflammer,

Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.

La mère de l'amour eut la mer pour berceau,

Le feu sort de l'amour, sa mère sort de l'eau,

Mais l'eau contre ce feu ne peut fournir des armes.

Si l'eau pouvait éteindre un brasier amoureux,

Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,

Que j'eusse éteint son feu de la mer de mes larmes.

Pierre de Marbeuf

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Un beau jour, ou peut-être une nuit,

Près d'un lac je m'étais endormie,

Quand soudain, semblant crever le ciel,

Et venant de nulle part,

Surgit un aigle noir,

Lentement, les ailes déployées,

Lentement, je le vis tournoyer,

Près de moi, dans un bruissement d'ailes,

Comme tombé du ciel,

L'oiseau vint se poser,

Il avait les yeux couleur rubis,

Et des plumes couleur de la nuit,

A son front brillant de mille feux,

L'oiseau roi couronné,

Portait un diamant bleu,

De son bec il a touché ma joue,

Dans ma main il a glissé son cou,

C'est alors que je l'ai reconnu,

Surgissant du passé,

Il m'était revenu,

Dis l'oiseau, ô dis, emmène-moi,

Retournons au pays d'autrefois,

Comme avant, dans mes rêves d'enfant,

Pour cueillir en tremblant,

Des étoiles, des étoiles,

Comme avant, dans mes rêves d'enfant,

Comme avant, sur un nuage blanc,

Comme avant, allumer le soleil,

Etre faiseur de pluie,

Et faire des merveilles,

L'aigle noir dans un bruissement d'ailes,

Prit son vol pour regagner le ciel,

Quatre plumes couleur de la nuit

Une larme ou peut-être un rubis

J'avais froid, il ne me restait rien

L'oiseau m'avait laissée

Seule avec mon chagrin

Un beau jour, ou peut-être une nuit,

Près d'un lac, je m'étais endormie,

Quand soudain, semblant crever le ciel,

Et venant de nulle part,

Surgit un aigle noir,

Un beau jour, une nuit,

Près d'un lac, endormie,

Quand soudain,

Il venait de nulle part,

Il surgit, l'aigle noir...

Barbara

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Bien sûr, ce n'est pas la Seine,

Ce n'est pas le bois de Vincennes,

Mais c'est bien joli tout de même,

A Göttingen, à Göttingen.

Pas de quais et pas de rengaines

Qui se lamentent et qui se traînent,

Mais l'amour y fleurit quand même,

A Göttingen, à Göttingen.

Ils savent mieux que nous, je pense,

L'histoire de nos rois de France,

Herman, Peter, Helga et Hans,

A Göttingen.

Et que personne ne s'offense,

Mais les contes de notre enfance,

"Il était une fois" commence

A Göttingen.

Bien sûr nous, nous avons la Seine

Et puis notre bois de Vincennes,

Mais Dieu que les roses sont belles

A Göttingen, à Göttingen.

Nous, nous avons nos matins blêmes

Et l'âme grise de Verlaine,

Eux c'est la mélancolie même,

A Göttingen, à Göttingen.

Quand ils ne savent rien nous dire,

Ils restent là à nous sourire

Mais nous les comprenons quand même,

Les enfants blonds de Göttingen.

Et tant pis pour ceux qui s'étonnent

Et que les autres me pardonnent,

Mais les enfants ce sont les mêmes,

A Paris ou à Göttingen.

O faites que jamais ne revienne

Le temps du sang et de la haine

Car il y a des gens que j'aime,

A Göttingen, à Göttingen.

Et lorsque sonnerait l'alarme,

S'il fallait reprendre les armes,

Mon cur verserait une larme

Pour Göttingen, pour Göttingen.

Mais c'est bien joli tout de même,

A Göttingen, à Göttingen.

Et lorsque sonnerait l'alarme,

S'il fallait reprendre les armes,

Mon cur verserait une larme

Pour Göttingen, pour Göttingen.

Barbara

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Bobby Lapointe

Ceci est une guitare...

Je ne joue pas de la guitare classique. Je ne joue

pas du Flamenco.

Je joue de la guitare sommaire.

Je suis professeur de guitare sommaire.

Je ne suis pas ici pour vous distraire, mais pour

instruire.

Maintenant, s'il y en a que ça amuse de rire, je

peux aussi distraire...

Je peux instruire en 'distraisant.".. treize ans et

demi maximum...

Après je prends ma retraite.

Petit cours de guitare sommaire :

Une guitare...est un instrument... en forme de

guitare...qui comporte six cordes. Si l'on partage la

guitare en deux par le milieu (ce qui n'est pas à

conseiller...)

On obtient deux moitiés de guitare... et ...3 cordes

d'un côté... 3 cordes de l'autre.

Ces 3 cordes du haut s'appellent par conséquent

les basses.. en guitare "classique" !

En guitare "sommaire" on ne les appelle pas : on

les ignore !

La grosse difficulté de la guitare sommaire est

d'éviter de toucher à ces cordes du haut qu'on

appelle "les basses."

Pour ce : ne tripotons pas la guitare avec tous les

doigts...

Servons nous uniquement du pouce...

Comme son nom l'indique "Pouce" ça ne compte

pas.

Pouce, c'est pour rire : Ah ! Ah ! Ah ! Ah !... Assez

ri : 1re leçon :

Les deux accords : en guitare sommaire, nous

avons deux accords. C'est beaucoup...

Ce n'est pas trop.

Pour effectuer ces deux accords, nous avons une

main gauche avec un pouce (qui ne compte pas...

ah ! ah !) et un index.

Avec l'index, nous viendrons appuyer sur les

cordes à proximité (c'est-à-dire pas trop loin).

Soit sur cette corde-ci (que nous appellerons la

corde "si"), soit sur cette corde-là que nous

appellerons donc la corde "mi") et, nous

obtiendrons les deux accords suivants : bling et

blang !...

C"est très facile : bling... (c'est facile mais il ne faut

pas toucher la corde à côté...)

Bling !... et blang !... (comme j'ai montré tout à

l'heure).

Exercice pour la prochaine fois.

Sur un cahier propre :

Dix lignes de "bling"

Dix lignes de "blang."

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Non, ce n'était pas le radeau

De la Méduse, ce bateau

Qu'on se le dise au fond des ports

Dise au fond des ports

Il naviguait en pèr' peinard

Sur la grand-mare des canards

Et s'app'lait les Copains d'abord

Les Copains d'abord

etc ...

<{POST_SNAPBACK}>

Je l'ai chantée à tous mes enfants quand ils étaient petits pour les endormir et actuellement je le fais encore pour le petit dernier. :lol: avec d'autres de Brassens.

Autant dire que je la connais bien par coeur ! :(

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De Boris Vian.... chanté par Joan Baez et aussi par Catherine Sauvage

A tous les enfants qui sont partis le sac à dos

Par un brumeux matin d'avril

Je voudrais faire un monument

A tous les enfants qui ont pleuré le sac au dos

Les yeux baissés sur leurs chagrins

Je voudrais faire un document

Pas de pierre, pas de béton, ni

de bronze qui devient vert sous la morsure

aiguë du temps

Un monument de leur souffrance

Un monument de leur terreur

Aussi de leur étonnement

Voilà le monde parfumé, plein de

rires, plein d'oiseaux bleus, soudain

griffé d'un coup de feu

Un monde neuf où

sur un corps qui va tomber grandit une tache

de sang

Mais à tous ceux qui sont restés les pieds

au chaud, sous leur bureau en calculant

le rendement de la guerre qu'ils ont voulue

A tous les gras, tous les cocus qui

ventripotent dans la vie et

comptent et comptent leurs écus

A tous ceux-là je dresserai le monument

qui leur convient avec la schlague avec

le fouet, avec mes pieds, avec mes poings

Avec des mots qui colleront sur leurs

faux-plis, sur leurs bajoues, des marques

de honte et de boue.

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la complainte du progrès

Interprété par Boris Vian

Autrefois pour faire sa cour

On parlait d'amour

Pour mieux prouver son ardeur

On offrait son cœur

Maintenant c'est plus pareil

Ça change, ça change

Pour séduire le cher ange

On lui glisse à l'oreille

- Ah, Gudule!

Viens m'embrasser

Et je te donnerai

Un frigidai-reu

Un joli scootai-reu

Un atomixai-reu

Et du Dunlopillo

Une cuisiniè-reu

Avec un four en ver-reu

Des tas de couvai-reu

Et des pellagâteaux

Une tourniquette

Pour faire la vinaigrette

Un bel aérateur

Pour bouffer les odeurs

Des draps qui chauffent

Un pistolet à gaufres

Un avion pour deux

Et nous serons heureux

Autrefois, s'il arrivait

Que l'on se querelle

L'air lugubre on s'en allait

En laissant la vaisselle

Maintenant, que voulez-vous

La vie est si chère

On dit rentre chez ta mère

Et l'on se garde tout

- Ah, Gudule!

Excuse-toi

Ou je reprends tout ça

Mon frigidaire

Mon armoire à cuillères

Mon evier en fer-reu

Et mon poêle à mazout

Mon cire-godasses

Mon repasse-limaces

Mon tabouret à glace

Et mon chasse-filous

La tourniquette

A faire la vinaigrette

Le ratatine-ordures

Et le coupe-friture

Et si la belle

Se montre encor cruelle

On la fiche dehors

Pour confier son sort

Au frigidai-reu

A l'efface-poussiè-reu

A la cuisiniè-reu

Au lit qu'est toujours fait

Au chauffe-savates

Au canon à patates

A l'eventre-tomates

A l'écorche-poulet

Mais très très vite

On reçoit la visite

D'une tendre petite

Qui vous offre son cœur

Alors on cède

Car il faut qu'on s'entraide

Et l'on vit comme ça

Jusqu'à la prochaine fois

Et l'on vit comme ça

Jusqu'à la prochaine fois

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Voici le printemps,

La douceur du temps

Nous fait des avances

Partez mes enfants

Vous avez vingt ans

Partez en vacances

Vous verrez agiles

Sur londe tranquille

Les barques dociles

Au bras des amants

De fraîches guinguettes

Des filles bien faîtes

Les frites sont prêtes

Et ya du vin blanc

Ah! le petit vin blanc

Quon boit sous les tonnelles

Quand les filles sont belles

Du côté de Nogent.

Et puis de temps en temps

Un air de vieille romance

Semble donner la cadence

Pour fauter, pour fauter,

Dans les bois, dans les prés

Du côté, du côté de Nogent

Suivons le conseil,

Monsieur le Soleil

Connaît son affaire

Cueillons en chemin

Ce minois mutin

Cette robe claire

Venez belle fille

Soyez bien gentille

Là sous le charmille

LAmour nous attend

Les tables sont prêtes

Laubergiste hônnète

Ya des chansonnettes

Et ya du vin blanc

A ces yeux charmants

La taille souvent

Prend de lavantage.

Ca cest pas méchant

Ca finit tout le temps

Par un mariage

Le gros de laffaire

Cest lorsque la mère

Demande sévère

A la jeune enfant :

Ma fille raconte

Comment triste honte

As-tu fais ton compte ?

Réponds, je tattend ...

Car cest toujours pareil

Tant quil y aura du soleil

On verra les amants au printemps

Sen aller pour fauter,

Dans les bois , dans les prés

Du côté, du côté de Nogent

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Charles Trenet

1 - Dans ma rue, y a deux boutiques

Dans l'une on vend de l'eau dans l'autre on vend du lait

La première n'est pas sympathique

Mais la seconde en revanche où l'on vend du lait l'est

Et c'est pour ça que tous les passants

La montrent du doigt en disant

Ah qu'il est beau le débit de lait

Ah qu'il est laid le débit de l'eau

Débit de lait si beau débit de l'eau si laid

S'il est un débit beau c'est bien le beau débit de lait

Au débit d'eau y a le beau Boby

Au débit de lait y a la belle Babée

Ils sont vraiment gentils chacun dans leur débit

Mais le Boby et la Babée sont ennemis

Car les badauds sont emballés

Par les bidons de lait de Babée

Mais l'on maudit le lent débit

Le lent débit des longs bidons du débit d'eau de Boby

Aussi Babée ses bidons vidés

Elle les envoie sur le dos de Boby

Et Boby lui répond

En vidant les bidons

Les bidons d'eau de son débit et allez donc

Les bidons d'eau de son débit et allez donc.

2 - Dans ma rue y a un mariage

Celui du beau Boby et de la belle Babée

Les voilà tous deux en ménage

Le débit d'eau épouse le grand beau débit de lait

Ils ont repeint leur boutique en blanc

Et chacun dit en y allant

Ah qu'il est beau le débit de lait

Ah quel palais le débit de l'eau

Débit de lait si beau, débit de lait palais

S'il est un débit beau c'est bien le beau débit de lait

Boby a mis du lait dans son eau

Et la Babée de l'eau dans son lait

Ils ont enfin compris que leurs débits unis

Font le plus grand le plus joli des beaux débits

Et les badauds sont emballés

Par les bidons de lait de Babée

Oui mais Boby garde pour lui

Les deux plus beaux bidons de lait de la Babée jolie

Et maintenant si vous y alliez

Vous entendriez de joyeux babils

De deux beaux bébés blonds

Qui font tomber d'un bond

Tous les bidons d'eau et de lait de la maison

Tous les bidons d'eau et de lait de la maison.

Ils se battent à coups de beaux bidons

Chez Boby et chez Babée et allez donc.

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Sur le collier du chien que tu laisses au mois d'août

Sur la vulgarité de tes concours de pets

Sur l'étendard nazi et sur le drapeau rouge

Sur la rosette au coin du vieillard officiel

Sur les blousons kaki, sur les képis dorés

Sur le cul blanc des féministes

Sur le mandrin des misogynes

Sur le béret obtus des chauvins aveuglés

Sur la croix des cathos, le croâ des athées

Sur tous les bulletins et sur toutes les urnes

Où les crétins votants vont se faire entuber

Sur l'espoir en la gauche

Sur la gourmette en or de mon coiffeur de droite

Sur la couenne des connes aplaties sur les plages

Sur l'asphalte encombré de cercueils à roulettes

Sur les flancs blancs d'acier des bombes à neutron

Que tu t'offres à prix d'or sur tes impôts forcés

Sur la sébile humiliante et dérisoire

Qu'il faut tendre pourtant à tous les carrefours

Pour aider à freiner l'ardeur des métastases

Sur le mur de la honte et sur les barbelés

Sur les fronts dégarnis des commémorateurs

Pleurant au cimetière qu'ils ont eux-mêmes empli

Sur le petit écran qui bave encore plus blanc

Sur l'encéphalogramme éternellement plat

Des musclés, des Miss France et des publicitaires

Sur l'étendard vainqueur de la médiocrité

Qui flotte sur les ondes hélas abandonnées

Aux moins méritants des handicapés mentaux

Sur la Bible et sur Mein Kampf

Sur le Coran frénétique

Sur le missel des marxistes

Sur les choux-fleurs en trop balancés aux ordures

Quand les enfants d'Afrique écartelés de faim

Savent que tu t'empiffres à mourir éclaté

Sur le nuage

Sur la lune

Sur le soleil atomique

Sur le cahier d'écolier de mes enfants irradiés

J'écris ton nom

HOMME.

Pierre Desproges

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Ronsard, ah Ronsard...

Quand vous serez bien vieille, au soir à la chandelle,

Assise auprès du feu, dévidant et filant,

Direz chantant mes vers, en vous émerveillant :

« Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle. »

Lors vous n'aurez servante oyant telle nouvelle,

Déjà sous le labeur à demi sommeillant,

Qui au bruit de mon nom ne s'aille réveillant,

Bénissant votre nom, de louange immortelle.

Je serai sous la terre et, fantôme sans os,

Par les ombres myrteux je prendrai mon repos ;

Vous serez au foyer une vieille accroupie,

Regrettant mon amour et votre fier dédain.

Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain :

Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie.

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et puis Du Bellay, bien sur :

Ceux qui sont amoureux, leurs amours chanteront,

Ceux qui aiment l'honneur, chanteront de la gloire,

Ceux qui sont près du roi, publieront sa victoire,

Ceux qui sont courtisans, leurs faveurs vanteront,

Ceux qui aiment les arts, les sciences diront,

Ceux qui sont vertueux, pour tels se feront croire,

Ceux qui aiment le vin, deviseront de boire,

Ceux qui sont de loisir, de fables écriront,

Ceux qui sont médisants, se plairont à médire,

Ceux qui sont moins fâcheux, diront des mots pour rire,

Ceux qui sont plus vaillants, vanteront leur valeur,

Ceux qui se plaisent trop, chanteront leur louange,

Ceux qui veulent flatter, feront d'un diable un ange :

Moi, qui suis malheureux, je plaindrai mon malheur.

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Stances de Corneille à Marquise :

Marquise, si mon visage

A quelques traits un peu vieux

Souvenez-vous qu'à mon âge

Vous ne vaudrez guère mieux.

Le temps aux plus belles choses

se plaît à faire un affront,

Et saura faner vos roses

Comme il a ridé mon front.

Le même cours des planètes

règle nos jours et nos nuits :

On m'a vu ce que vous êtes

Vous serez ce que je suis.

Chute créee par Tristan Bernard :

Peut-être que je serai vieille

Répond Marquise cependant

J'ai vingt six ans mon vieux Corneille

Et je t'emmerde en attendant.

Le tout a été chanté par Georges.

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et un peu de Clément Marot

Adieu la cour, adieu les dames,

Adieu les filles et les femmes,

Adieu vous dis pour quelques temps,

Adieu vos plaisants passetemps ;

Adieu le bal, adieu la danse,

Adieu mesure, adieu cadence,

Tambourin, haubois et violons,

Puisqu'à la guerre nous allons.

Adieu les regards gracieux,

Messagers des coeurs soucieux ;

Adieu les profondes pensées,

Satisfaites ou offensées ;

Adieu les harmonieux sons

De rondeaux, dizains et chansons ;

Adieu piteux département,

Adieu regrets, adieu tourment,

Adieu la lettre, adieu le page,

Adieu la cour et l'équipage,

Adieu l'amitié si loyale,

Qu'on la pourrait dire royale,

Etant gardée en ferme foi

Par ferme coeur digne de roi.

Adieu ma mie la dernière,

En vertus et beauté première ;

Je vous prie me rendre à présent

Le coeur dont je vous fis présent,

Pour, en la guerre où il faut être,

En faire service à mon maître.

Or quand de vous se souviendra,

L'aiguillon d'honneur l'époindra

Aux armes et vertueux faits :

Et s'il en sortait quelque effet

Digne d'une louange entière,

Vous en seriez seule héritière.

De votre coeur donc se souvienne,

Car si dieu veut que je revienne,

Je le rendrai en ce beau lieu.

Or je fais fin à mon adieu.

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