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Topic Poesie


Skanker

Messages recommandés

Les mains du paysage

dans tes mains de petite fille

c'est le plus joli mariage

fille feuille feuille fille

c'est le plus joli ménage

mon coeur n'est plus à l'orage

le ciel tend ses coquillages

sur les tuiles du village

-----

De ton coeur en fleur

j'aimerai cueillir

la rosée qui bout

exquise chaleur

d'une rose rouge

c'est du feu la rose

brasier sans pitié

l'adorable chose

je t'aime et je êux

mourir si tu veux

---

Viens au bal

viens au bal

il y a des oiseaux

dans le cou des filles

des oiseaux brûlants

des oiseaux fous

des oiseaux précieux

comme des bijous

à courir l'oiseau

on y perd les jambes

et la rose

et la route

mais il y a des yeux de satin

prends garde lézard

au petit matin

Le cheval étoilé (1956) extraits

Marcel Saint-Martin (1922-2009)

Je sais le poids du fruit

dit l'arbre

je sais

le poids de l'arbre

dit la terre

je sais

le poids de la terre

dit le Ciel

je sais

le poids du Ciel

dit Dieu

je sais le poids de Dieu

dit l'Homme

Absent pour la journée (1982) extrait

Marcel Saint-Martin (1922-2009)

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encore quelques extraits

L'ombre a toujours

la lumière sur le dos.

je comprends

son désespoir

-----

Comme si

ce n'était pas

assez

de dire

il faut encore

écrire

ajouter

au silence

une plaie

----

De l'homme à Dieu il n'y a qu'un pas

De Dieu à l'homme il y a une distance infinie.

-----

Vrille muette

d'un regard.

L'oeil

un instant

se désaltère

----

Homme.

Porte-manteau

de l'éphémère.

-----

Fais le vide.

Emplis-toi

d'espace.

----

Le temps d'un regard

redevenue l'autre

inlassablement

la vague

réinvente la vague.

Morte

pour un baiser de sable.

----

Ce soir

j'ai eu besoin de revoir

le village de ma mère

et l'eau que tu aimais

l'eau des trois étangs.

Le soleil était doux

comme nous savions l'être.

Tout n'était que larmes

à l'intérieur de moi

je rougissais

de toutes mes lézardes.

j'ai croisés

l'écureuil minuscule

et la jeune perdrix.

La nature exultait

et je semblais mourir

de cette mort des sens

qu'on appelle la vie.

----

La nuit

tombe.

Le jour

n'est qu'un chien

qui se traîne

à ses pieds.

----

Comment peser le jour ?

Dans quelle balance ?

Sur quel étang du temps

écrire sa mémoire ?

Tout geste est dérisoire.

----

L'éclair du temps (1987) (il venait de perdre sa femme)

Marcel Saint-Martin (1922-2009)

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  • 1 an plus tard...

Liberté

Sur mes cahiers d'écolier

Sur mon pupitre et les arbres

Sur le sable de neige

J'écris ton nom

Sur toutes les pages lues

Sur toutes les pages blanches

Pierre sang papier ou cendre

J'écris ton nom

Sur les images dorées

Sur les armes des guerriers

Sur la couronne des rois

J'écris ton nom

Sur la jungle et le désert

Sur les nids sur les genêts

Sur l'écho de mon enfance

J'écris ton nom

Sur les merveilles des nuits

Sur le pain blanc des journées

Sur les saisons fiancées

J'écris ton nom

Sur tous mes chiffons d'azur

Sur l'étang soleil moisi

Sur le lac lune vivante

J'écris ton nom

Sur les champs sur l'horizon

Sur les ailes des oiseaux

Et sur le moulin des ombres

J'écris ton nom

Sur chaque bouffées d'aurore

Sur la mer sur les bateaux

Sur la montagne démente

J'écris ton nom

Sur la mousse des nuages

Sur les sueurs de l'orage

Sur la pluie épaisse et fade

J'écris ton nom

Sur les formes scintillantes

Sur les cloches des couleurs

Sur la vérité physique

J'écris ton nom

Sur les sentiers éveillés

Sur les routes déployées

Sur les places qui débordent

J'écris ton nom

Sur la lampe qui s'allume

Sur la lampe qui s'éteint

Sur mes raisons réunies

J'écris ton nom

Sur le fruit coupé en deux

Du miroir et de ma chambre

Sur mon lit coquille vide

J'écris ton nom

Sur mon chien gourmand et tendre

Sur ses oreilles dressées

Sur sa patte maladroite

J'écris ton nom

Sur le tremplin de ma porte

Sur les objets familiers

Sur le flot du feu béni

J'écris ton nom

Sur toute chair accordée

Sur le front de mes amis

Sur chaque main qui se tend

J'écris ton nom

Sur la vitre des surprises

Sur les lèvres attendries

Bien au-dessus du silence

J'écris ton nom

Sur mes refuges détruits

Sur mes phares écroulés

Sur les murs de mon ennui

J'écris ton nom

Sur l'absence sans désir

Sur la solitude nue

Sur les marches de la mort

J'écris ton nom

Sur la santé revenue

Sur le risque disparu

Sur l'espoir sans souvenir

J'écris ton nom

Et par le pouvoir d'un mot

Je recommence ma vie

Je suis né pour te connaître

Pour te nommer

Liberté

Paul Eluard

in Poésies et vérités, 1942

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  • 1 an plus tard...
  • 3 mois plus tard...

Up, je me sens une âme de poête :

Ma vie était sévère, je kiffais Pythagore

Mais par une nuit d'hiver, j'ai vu un banc dehors

Cette nuit là, j'ai ouvert la boite de Pandore

Mon cœur me disait vers, mon corps me disait dort

Versifie tes affaires, donne leur un autre sort

Dors tu as mieux à faire, Aère-toi l'esprit, sort

Et puis j'ai découvert, ce que veut dire encore

Encore un dernier vers, il coule comme de l'or

Précieux comme le vair : le prince charmant adore

Les pieds nus comme un ver, mais le vair plus encore

Précieux comme un revers : de bâbord à tribord,

Les idées à l'envers, ça rend beaucoup plus fort

Mais l'or est lourd c'est clair, lourd comme boucle d'or

qui vient d'casser des verres et l'lit où elle s'endort

Alors faut que j' m'aère, sinon le journal sort

Rubrique des faits divers, un jeune poète est mort.

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  • 1 mois plus tard...

Baudelaire :

http://www.youtube.com/watch?v=qcDn7nkMuk8

Que j'aime voir, chère indolente,

De ton corps si beau,

Comme une étoffe vacillante,

Miroiter la peau!

Sur ta chevelure profonde

Aux âcres parfums,

Mer odorante et vagabonde

Aux flots bleus et bruns,

Comme un navire qui s'éveille

Au vent du matin,

Mon âme rêveuse appareille

Pour un ciel lointain.

Tes yeux où rien ne se révèle

De doux ni d'amer,

Sont deux bijoux froids où se mêlent

L’or avec le fer.

A te voir marcher en cadence,

Belle d'abandon,

On dirait un serpent qui danse

Au bout d'un bâton.

Sous le fardeau de ta paresse

Ta tête d'enfant

Se balance avec la mollesse

D’un jeune éléphant,

Et ton corps se penche et s'allonge

Comme un fin vaisseau

Qui roule bord sur bord et plonge

Ses vergues dans l'eau.

Comme un flot grossi par la fonte

Des glaciers grondants,

Quand l'eau de ta bouche remonte

Au bord de tes dents,

Je crois boire un vin de bohême,

Amer et vainqueur,

Un ciel liquide qui parsème

D’étoiles mon coeur!

Je découvre ce texte extraordinaire :)

Suis-je le seul à y voir un éloge de la masturbation?

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  • 6 mois plus tard...

Les derniers mots du très beau film québécois "Léolo" :

<< A vous la dame, vous l'audacieuse mélancolie

Qui d'un cri fendait ma chair que vous offriez à l'ennui.

Vous qui hantez mes nuits

Quand je ne sais plus quel chemin prendre dans ma vie.

Je vous ai payée cent fois mon du.

Avec les braises du songe

Ne me restent que les cendres du monde du mensonge

que vous même m'aviez dit entendre.

La blanche plénitude

qui n'était pas comme la vieille interlude

Brune et léthale, la cheville fine et maligne,

qui m'a piqué à peine d'un sein pointu,

en qui j'ai cru et qui ne m'a laissé que le remords d'avoir vu

le jour naître sur ma solitude.

Et j'irai me reposer, la tête entre deux mots dans l'avalée des avalés. >>

leolo2.jpg

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  • 1 an plus tard...

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