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Le truc dont tout le monde se branle...


ClarkGaybeul

Messages recommandés

J'ai bien aimé l'appréciation dans le carnet d'évaluation de mon fils :

'L'écriture peut être améliorER" J'hésites à corriger avec un stylo rouge, du genre "votre grammaire aussi" :ninja:

Tu fais bien d'hésiter ! :blush:B)

Modifié par cd
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tu pensais à quoi? :ninja:

un papier que j'ecris sur l'exotisme.

ex.jpg

Un « R » dexotisme !

Ce que loccident veut bien entendre.

Lexotisme est une catégorie qui renvoie à des images multiples, variées. Il y a de façon centrale des images certaines, celle qui revienne spontanément à lesprit à lévocation du mot. Le cocotier sérige alors en prototype de lexotisme. Les îles, les jonques, les fruits, le soleil Autant davatars, autant de métaphores de lieu lointain. Lexotisme, en tant que catégorie, est donc un système sémantique complexe dans lequel se superposent des choses, des gens, des pratiques, des idées. Cest pourquoi, en allant au-delà des simples exemples offerts par un brainstorming, ce que Segalen nomme les oripeaux de lexotisme, il est intéressant de sinterroger sur le statut déléments plus périphériques, cognitivement parlant. En cela, le langage mest apparu comme un champ dinvestigation potentiellement fécond.

Il convient dêtre plus précis sur les termes. Plutôt que le langage, il est préférable de parler ici de sa pratique : la langue et la parole. Le langage est une faculté universelle que lhomme a développée il y a plusieurs millénaires. On pourrait comparer ainsi le langage au feu, dont la maitrise globalisé rend caduque lexoticité : cest une faculté commune à lhumain. Le langage réunit plus quil nétablit une dichotomie. Autrement dit, ce qui est potentiellement exotique nest pas dentendre lautre parler (le langage) mais bel et bien ce quil dit et la manière dont il le dit (la parole et la langue).

Ainsi les différentes syntaxes, les différents lexiques, voire même les écritures, par leur variété, sont susceptibles de nous intéresser en tant que composante (forte) de laltérité et de lailleurs. Une composante au demeurant si palpable, que la science et le mythe se rejoignent sur le caractère géographique de laltérité linguistique :

« Et l'Éternel dit: Voici, ils forment un seul peuple et ont tous une même langue, et c'est là ce qu'ils ont entrepris; maintenant rien ne les empêcherait de faire tout ce qu'ils auraient projeté.

Allons! Descendons, et là confondons leur langage, afin qu'ils n'entendent plus la langue, les uns des autres.

Et l'Éternel les dispersa loin de là sur la face de toute la terre; et ils cessèrent de bâtir la ville. »

Le sujet est cependant trop vaste pour être traité sans raccourci dans cet essai, aussi, la réduction à un champ particulier de la linguistique simpose. Le choix sera ici arbitraire. Il ny a pas plus de raison de se pencher sur le lexique ou la syntaxe que sur les accents. Les conversations de tous les jours sur les expressions, les tournures de phrase ou les accents nous prouvent avec efficacité de chacune de ces catégories linguistiques sont des marqueurs didentité/daltérité. Cest donc dans lembarras du choix que jai décidé de traiter uniquement de la question de laccent, ou, pour prendre des termes un peu plus savants, des questions phonologique et phonétique. Compte tenu également de labsence de hiérarchie entre les phonèmes, je nai retenu quun seul dentre eux, /r/ pour la démonstration qui suivra. A travers une grille de lecture spécifique, je tenterais de voir dans quelle mesure on peut considérer que laccent participe de lexotisme.

Une grille de lecture

Avant de tester en quelque sorte la pertinence de laccent comme objet exotique, il est nécessaire de définir ce qui sera ici entendu par exotisme. Car si la notion semble simple à première vue, les définitions que lon rencontre selon les auteurs sont parfois très contrastées. Ainsi, la lecture dessai sur lexotisme de Ségalen nous apprend que lauteur perçoit dans la notion comme « une esthétique du divers » : « voici un fait : je conçoit un autre et sitôt, le spectacle est savoureux. Tout exotisme est là ». Une telle conception de lexotisme se trouve être à mes yeux trop large. Les contours se floute avec la notion daltérité. Peut être est-ce dû au contexte particulier du début du XXe siècle durant laquelle la confrontation si forte avec une altérité lointaine pouvait faire oublier les différences qui sont près de nous. Toujours est-il que lexotisme tel quil sera entendu dans cet essai sera plus restreint et reprendra lanalyse proposée par JFS dont je propose de rappler les grands axes brièvement dans cette partie. Les lignes qui suivent catalogue quelques points essentiels développé amplement dans larticle « quest-ce que lexotisme ».

Lexotisme est exprimé depuis un point de vue. Il est une vue de lailleurs (lointain et totalement stéréotypé), depuis un ici occidental, qui transforme une différence graduelle en altérité dichotomique, en étrange. Egalement, « suppose une superposition des distances symbolique et matérielle. » La rencontre avec lexotisme nest pas rare lexotisme neffraie pas- ni fréquente lexotisme nest pas commun.

Le corpus

Il est résolument réduit. Il est constitué de seulement 3 ou 4 images. Il nest pas évident de trouver des images pour illustrer loralité. Un corpus de sons eut mieux fait laffaire, cependant les quelques illustrations réunies ici résument parfaitement le phénomène étudié. Ce dernier est indéniable à loral, nettement moindre à lécrit. Cependant, en remplaçant le « r » par un « ou », ou un « w », google offre des résultats pour la plupart des mots, certes en quantité réduite, mais loccurrence vaut attestation en linguistique. Jen ai testé 4 : Afrique, reggea, mais également haricot (pour lequel google offre un hawicot wouge, mais aussi un hawicot vewt assez surprenant puisquil faut à la lecture se rappeler que le w est un r pour comprendre le son à donner) et casserole.

Un accent africain, un accent asiatique.

Dans les deux extraits de bande dessinée présenté, laltérité est mis en avant par des traits stéréotypés (les yeux bridés, la couleur de peau) voire raciste (les lèvres de la vigie, ou ). Si lon regarde la vignette XX, la graphie de cette altérité sarrête là. Cependant, dès que le phonème /r/ intervient dans le discours (vignette X), lauteur a fait le choix de renforcer laltérité en marquant laccent du personnage. Tout cela nest pas vraiment choquant, bien quil ne soit évidemment du ressort de mon propos dapporter un quelconque jugement. Cependant il est curieux de voir à quel point cela relève dun choix. Dans Tintin, les personnages quHergé a voulu représenter comme autant « africains » que la vigie dUderzo (à en juger par leurs lèvres), semblent navoir aucune difficulté à prononcer les « r » comme son homologue blanc quest Tintin. Cette opération de retranscription relève donc dun choix totalement subjectif pour transmettre un sens (l « africanité », l « asiatitude » !) qui savère socialement construit et dont je propose une déconstruction en deux points dans ce paragraphe.

Le premier élément est dordre explicatif et a trait à la distance. Ce qui est loin est moins connu, les raisons sont logiques, à commencer par le simple fait que lon ny est pas présent. Dès lors, il nest pas surprenant que la représentation que lon se fait dun ailleurs lointain soit erronée. Inutile danalyser lexotisme pour sen convaincre, lexamen des langues qui nous entoure peut y suffire : étant toulousain, jai bien du mal à distinguer un accent lorrain dun accent alsacien, à moins peut-être de les écouter consécutivement. Lexactitude sefface pour retenir un trait sémiologique socialement partagé. Mais il serait eronné darreter lanalyse à une telle réflexion. Lignorance due à la distance nexplique pas à elle seule le phénomène que nous observons dans ces images. Tout au plus, le manque dexpérience dun ailleurs nous empêche de localiser précisément un accent. Mais il y a dans ces images quelque chose de plus. Doù vient la petite Chen de la bande dessiné Cédric ? Dans quel pays se trouve Tintin ? Cela, au final, importe peu. Il y a un accent asiatique, et un accent africain. En jouant avec lécriture, au aurait bien pu créer un moyen de signifier un accent Chinois, comme on arrive à signifier un accent allemand (image XX). Les politiques dunification linguistique menée avec lessor des nations, quoi quon en pense, peuvent expliquer quelque part la perception dun accent national. Mais ce nest pas le cas dans nos exemples, ce nest pas un accent national qui est recherché. Laccent imité ne renvoie à aucune communauté linguistique précise. Lattitude qui consiste à attribuer un accent unique à un espace gigantesque comme lasie du sud est, ou lafrique, est typiquement occidentale, et, tout comme lattribution daccent à certaines nations, ce phénomène peut également trouver ses sources dans des processus historiques, en particulier lhistoire coloniale.

Pouvoir

En effet, cette unidirectionalité du phénomène trahit des questions de pouvoir issues du monde colonial. Dans les jeux de pouvoirs, le langage ne peut être ignoré. Cest ce que Pierre Bourdieu nous rappelle dans ce que parler veut dire : « on doit se garder doublier que les rapports de communication par excellence que sont les échanges linguistiques sont aussi des rapport de pouvoir symbolique où sactualisent les rapports de force entre les locuteurs ou leurs groupes respectifs ». A continuer.

[]

Si vous nen êtes pas convaincu, faites le test, avant de lire ce paragraphe, de produire des « rrr » en commençant du plus profond de votre gorge, puis de plus en plus en produisant le son depuis votre bouche. La chose est également faisable en faisant varier aspiration et expiration. Eventuellement si vous nêtes pas entouré, car la chose est rarement élégante, faites participer votre nez. Ce test permet de mettre en évidence le fait quen vous demandant simplement un « r », vous avez produit une quantité de son très variée. De façon similaire, votre lecture du mot « oui » nest pas uniquement composé de 2 ou 3 sons, mais dune multitude, un véritable continuum sonore que nous segmentons en quelque sont bien distinct.

En effet, entre moi et ma sur, le son physique que nous produisons en lisant « r » est forcément différent. Sans une segmentation du continuum sonore permettant de catégoriser tout ce qui peut être « r », nous ne nous comprendrions pas.

Ce paradoxe entre les sons que nous produisons est une des bases de la linguistique moderne. Elle se matérialise par la division entre la phonétique (étude des son dans le continuum, des sons physiques) et la phonologie (étude des catégories sonores dotées de sens). Entre un « Cédric » et un « Cédlic », le phonéticien distinguera 2 sons différents, le phonologue, un seul, le phonème /r/ qui est chargé dun sens. Cependant, sur la bande dessinée, lauteur fait bien figurer deux sons en utilisant deux lettres différentes. Ici aussi, la grille de lecture proposée par JFS dans son article. Car si nous ecrivons le français en regroupant toutes les performance de « r » sous le même signe, lauteur choisit ici un autre signe : il y a un choix de se jouer des codes régissant la continuité sonore évoquée plus haut, en marquent une différence claire.

déçu hein? B)

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ravi que les sciences sociales devancent la médecine :)

Bon, là, j'ai pas lu ton texte parce qu'il est trop tard, mais ça me fait penser que j'ai suivi tes conseils, et j'ai lu "Honni soit qui mal y pense". Eh bien, merci beaucoup, il m'a beaucoup intéressé. :)

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Bon, là, j'ai pas lu ton texte parce qu'il est trop tard, mais ça me fait penser que j'ai suivi tes conseils, et j'ai lu "Honni soit qui mal y pense". Eh bien, merci beaucoup, il m'a beaucoup intéressé. :)

cool! du coup du meme auteur, j'avais aussi du te conseiller "le français dans tous les sens". (mais bon t'as peut etre d'autre intérêt que la linguistique aussi :) )

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déçu hein? :)

J'ai lu que le début, j'ai pas q'ça à foutre :)

Mais c'est très bien :)

Bien content d'avoir trouvé un moyen de lutter contre mes insomnies :)

Tu lis plus mes énigmes :(

:ninja:

C'est vraiment n'importe quoi les probabilités en seconde.

"Quel est la probabilité que je tire une dame de cur ?

Et une carte de cur et une dame?"

Tu veux pas échanger contre les covariances et les variables aléatoires ? :(B)

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cool! du coup du meme auteur, j'avais aussi du te conseiller "le français dans tous les sens". (mais bon t'as peut etre d'autre intérêt que la linguistique aussi :ninja: )

Je l'ai noté dans un coin, je le garde pour plus tard. :blush:

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