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Joel Thiehi


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Paroles d'ex - Joël Tiéhi : Diego Maradona m'a « pris sous son aile »

Alors qu'il effectuait un essai à Naples, Joël Tiéhi, ancien attaquant international ivoirien du Havre, de Lens, Martigues et Toulouse, a pu côtoyer de très près Diego Maradona.

Jean-Philippe Cointot11 juillet 2020 à 17h30
 
 

« Quel est le joueur le plus fort avec lequel vous avez joué ?

 

En Côte d'Ivoire, Abdoulaye Traoré, un vrai phénomène, et en France, Thierry Moreau, du Havre (1987-1994). C'est le premier que j'ai remarqué quand je suis arrivé ici. Il avait tout mais, surtout, tactiquement je n'avais encore jamais vu ça. Il comprenait tout plus vite que les autres.

Le plus fort contre lequel vous avez joué ?

Jean-Pierre Papin. Au-dessus du lot. Largement. J'étais comme lui, un attaquant, un buteur, mais sa présence devant le but, son placement, ses reprises de volée... Impressionnant. Je me demandais comment il faisait. Cela m'a longtemps interpellé.

 

Jean-Pierre Papin. (A. de Martignac/L'Équipe)

 
Jean-Pierre Papin. (A. de Martignac/L'Équipe)

Le joueur le plus méchant ?

Je ne vais pas dire le plus méchant mais certainement le plus agressif. C'est Franck Silvestre (croisé lorsqu'il évoluait à Auxerre puis Sochaux). Il avait tous les coups dans sa panoplie défensive. Il excellait dans le tirage du maillot et dans le coup de genou dans le bas du dos (rires). C'était un gars très agressif, difficile à passer. Lui, il ne chambrait pas, il te martyrisait.

Le joueur le plus drôle ?

Roger Boli ! Je l'ai vu un jour se préparer pour un match. Il était très concentré. On sort du vestiaire et je remarque aussitôt qu'il avait oublié de mettre ses chaussettes. Je lui dis : "Roger, tu n'as rien oublié ?" Il me regarde surpris et me répond : "Non, pourquoi ?" Tout le monde a explosé de rire. Roger, c'est la bonne humeur permanente. Toujours en train de rire et de faire rire. Mais bon ! Je ne me moque pas de lui. Moi, un jour à Deschaseaux (l'ancien stade du Havre), j'étais en train de m'échauffer, en deuxième période, quand on m'a appelé pour entrer. J'en avais tellement envie que je me suis présenté au bord du terrain... sans mon short. C'est le médecin du club qui m'a prévenu au dernier moment.

 

Roger Boli protège son ballon devant son frère Basile. (A. Lecoq/L'Équipe)

 
Roger Boli protège son ballon devant son frère Basile. (A. Lecoq/L'Équipe)

Le joueur perdu de vue que vous aimeriez revoir ?

Diego Maradona ! Au début des années 90, je devais signer à Naples. Je m'y étais rendu avec mon agent, Marc Roger. Tout était en place, les documents prêts à être signés. J'avais passé une semaine là-bas à m'entraîner avec lui avant la fin du Championnat italien et le soir, il m'invitait à sortir avec lui et avec d'autres joueurs. C'est fou, mais je dois dire qu'il m'avait en quelque sorte pris sous son aile. Il m'a tout de suite accepté. On a vite sympathisé. Pourquoi ? Je ne sais pas ! Quand je suis revenu après les vacances, pour signer le contrat, tout avait changé. Le président, l'entraîneur n'étaient plus là et mon transfert est tombé à l'eau. Diego, lui aussi, était parti.

 

Diego Maradona, sous le maillot de Naples. (J.-C. Pichon/L'Équipe)

 
Diego Maradona, sous le maillot de Naples. (J.-C. Pichon/L'Équipe)

Le moment où vous vous êtes senti le plus seul ?

Lors de la CAN (Coupe d'Afrique des nations) 96, en Afrique du Sud. Nous n'avions même pas réussi à passer le 1er tour. Notre entraîneur était Pierre Pleimelding, paix à son âme, et je me souviens que personne ne lui parlait. À la mi-temps du match contre la Tunisie, tout le monde donnait son avis, sauf lui. Cela m'a énervé et j'ai dit à mes partenaires, qui n'ont pas compris ma réaction : "C'est d'abord l'entraîneur qui doit parler" et je me suis fâché avec tout le monde. Personne ne le respectait et cela m'a énervé. Lors des réunions techniques avant les matches, il n'était même pas convoqué.

Votre plus gros fou rire ?

En boîte de nuit à Paris avec Roger Boli, George Weah et Youssouf Fofana (ancien attaquant de Monaco et Bordeaux). Au bout de quelques minutes, j'ai froid aux pieds et je me rends compte que je n'ai pas mis mes chaussettes. Tu sais, les chaussettes et les Africains (rires)... Bien sûr, Roger s'en rend compte rapidement et le dit aux gars. Ils me font même me lever et retrousser mon pantalon pour que tout le monde le voie et c'est parti pendant des heures. Heureusement, Roger est allé chercher les fameuses chaussettes dans sa voiture. Je ne sais pas pourquoi, mais il en avait dans son coffre et me les a données.

56 ans (CIV)
Ex-attaquant international (40 sélections, 25 buts).

Joueur professionnel : Le Havre (1987 - janvier 1994), Lens (janvier 1994 - novembre 1995), Martigues (novembre 1995 - 1996), Saint-Denis-Saint-Leu (N, 1996-1997), Toulouse (1997-1998), Al-Jazira (EAU, 1998-2001), Al-Aïn (EAU, 2001-2002).

L'anecdote que vous n'avez jamais osé raconter ?

Je jouais à Toulouse. Alain Giresse en était l'entraîneur et il avait emmené tout le monde faire un stage d'avant-saison en montagne. Un jour, il avait décidé qu'on irait faire du vélo. Moi, je ne disais rien mais j'étais inquiet car je ne sais pas en faire. Mon père a eu 32 enfants et il n'allait pas en acheter un à tout le monde (rires). J'ai essayé mais, à un moment donné, on est passé par un petit chemin très étroit au bord d'un précipice et, là, je n'ai pas pu. Je me suis arrêté net. Tétanisé par le vide. On ne m'avait jamais dit que pour faire du football en France, il fallait faire du vélo (rires). Alors je l'ai mis sur mon épaule et je suis descendu à pied. Tous les joueurs se sont moqués de moi.

Quelle est la chose ou l'attitude qui vous a le plus surpris en Ligue 1 ?

J'étais au Havre, au début de ma carrière, et on allait jouer à Auxerre. Avant le match, je vois Basile Boli, un Ivoirien, comme moi (il a la double nationalité). Je m'approche de lui pour le saluer. Il me regarde dans les yeux et ne me dit pas un mot. Il refuse même de me serrer la main. Cela m'a surpris. On perd la rencontre et qui je vois arriver dans notre vestiaire ? "Base" ! Il m'embrasse et me dit : "Je ne pouvais pas te parler avant. J'étais concentré, j'étais dans mon match." Ce jour-là, j'ai compris davantage ce qu'était le haut niveau. »

Lequipe

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