Alfred Sirven, 77 ans, l'un des principaux protagonistes de l'affaire Elf, est décédé samedi à son domicile de Deauville (Calvados) à la suite d'un malaise cardiaque, ont annoncé dimanche ses avocats Mes Eric Turcon et Pierre Haïk.
M. Sirven, terrassé par un malaise chez lui, a perdu connaissance avant d'être transporté au CHU de Caen par les pompiers, où son décès a été constaté vers 18H00.
Ce personnage de roman, tour à tour résistant à 17 ans, soldat en Corée, condamné pour braquage de banque au Japon, était l'un des deux hommes clé de l'affaire Elf avec son ex-mentor, Loïk Le Floch-Prigent ex-PDG d'Elf.
De son parcours civil, on connaît son année dans l'enseignement, ses études de droit et sa brillante carrière dans les ressources humaines : Mobil Oil, Moulinex, Rhône-Poulenc - déjà avec Loïk Le Floch-Prigent - puis Elf, où il est propulsé à la tête des "affaires générales" du groupe.
Pendant sa longue fuite aux Philippines, depuis le courant de l'année 1997 jusqu'à février 2001, beaucoup de ses co-prévenus craignent son retour.
Mais Alfred Sirven épargne finalement tout le monde. "Je réponds de ce que j'ai fait. Je ne répondrai pas de ce qu'ont pu faire d'autres", déclare-t-il, et lors du premier procès Elf, de mars à juillet 2003, Alfred Sirven ne mouille pas grand monde, excepté son ex-patron.
Lorsqu'il était chez Elf, Alfred Sirven était à la tête d'une véritable fortune : 168 millions d'euros détournés des caisses du groupe afin de financer des intermédiaires, des décisionnaires étrangers, et peut-être aussi des circuits politiques, même si l'instruction ne l'a jamais démontré.
D'apparence débonnaire, parlant avec un accent rocailleux, ce Toulousain avait été libéré en mai dernier après trois ans et trois mois de détention, avant de se marier quelques semaines plus tard avec son ancienne gouvernante et compagne de cavale aux Philippines, Vilma Médina, 44 ans.