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è_é

Tortues ninaj
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Messages posté(e)s par è_é

  1. il y a 22 minutes, Forrest a dit :

    Du coup ça ne règle pas le cas Abad. On fait comment alors ? On commence à quel moment pour ne pas nommer les gens ?

    La simple rumeur ? La plainte ? autres ?

    #vraiequestion !

    tu m'as mise en ignorée ? :ninja: 

    il y a 31 minutes, Vistule a dit :

    Ndiaye est à fond sur une ligne "méritocratie" d'influence nord-américaine, qui n'a rien de gauche.

    je connais mal le bonhomme mais c'est pas le seul truc de droitard qu'il a ça ? :grin: 

    parce que pour le reste, il m'a tout l'air d'être un affreux woke indigéniste :ninja: 

  2. à l’instant, NicoPaviot a dit :

    Oui, ca me rend magnifiquement perplexe :grin:

    c'est pour que tu votes lrem aux législatives :ninaj: 

    nan sérieux, ça peut être que pour ça non ? et c'est vraiment vous prendre pour des cons :wacko: 

    on doit être dans un prank géant où le type teste jusqu'où il peut aller :ninja: 

  3. Il y a 11 heures, Forrest a dit :

    Abad n'a aucun casier ni aucune condamnation.

    malheureusement :ninja: 

    remarque je sais pas trop dans quel sens tu dis ça, difficile d'interpréter un post aussi court !

     

    n'empêche que c'est bien pour ça, qu'à mon sens, se baser uniquement sur des condamnations c'est vraiment du foutage de gueule -_- 

    si tout le monde sait et dit que le mec est un gros forceur (je sais même pas comment c'est possible d'imaginer une seule seconde que la macronie n'ait pas été au courant), pas besoin d'attendre que la justice passe pour capter qu'il y a un problème et éviter de lui filer des responsabilités (qui ne sont pas un dû) !

    surtout quand tu prétends faire des gonzesses la grande cause (again) de ton nouveau quinquennat, là vraiment ça ressemble à du troll (surtout en gardant darmanin) :wacko: 

    moi je penche pour ça d'ailleurs, macron c'est un troll, sinon il aurait pas viré blanquer pour y foutre son opposé idéologique, parce que ça n'a aucun foutu sens ça non plus !

    • Like 3
  4. il y a 9 minutes, Planino a dit :

    Ah oui bizarre, dans les textes que je trouve ils disent que toute condamnation est inscrite.
    Tu as trouvé l'info où que sa condamnation n'y était pas ? C'est fiable ?

    Sinon voilà un bon moyen de trancher: si c'est inscrit au casier, tu es inéligible le temps que ton casier redevienne vierge.
    Si par contre ça n'est pas inscrit c'est ok vu que ton casier reste vierge.
    Donc là pour ton pote c'est bon :ninaj:

     

    y'a un certain nombre de flics condamnés pour violences dont la condamnation n'est pas inscrite au casier pour qu'ils puissent garder leur travail :ninja: 

  5. il y a 1 minute, Planino a dit :

    Oui morale et politique, même plus morale que politique d'ailleurs.
    Perso j'ai pour principe de ne jamais voter pour les gens condamnés mais pas non plus pour les gens qui me semblent être des gros cons (oui c'est assez subjectif parfois :ninja:)

    Pour ta dernière phrase, ça montre une défiance de ta part envers la justice française.
    Pour ma part, bien qu'elle ne soit pas parfaite, j'ai du mal à croire qu'elle peut condamner des innocents volontairement pour des raisons politiques.
    Donc pour moi celui qui est condamné a fauté et ne devrait plus se présenter.
    C'est pas si compliqué de ne pas avoir de casier judiciaire, moi par exemple je n'en ai pas et 95% des gens que je connais n'en ont pas non plus.

    Le problème par contre, c'est que tout le monde irait chercher la petite bête et porterait plainte sans arrêt contre les politiciens qui dérangent...
     

    ah non c'est pas une question de défiance (même si pour être honnête j'ai autant confiance en la justice qu'en la police :ninja: ), mais par exemple prends mélenchon, qui a déjà été condamné pour outrage quand il a gueulé sur le flic pendant la perqui de lfi, est-ce que ça te semble une condamnation suffisante pour empêcher le mec de se présenter ? sachant que l'outrage c'est un truc assez facile à obtenir, surtout si tu fais dans le militantisme de gauche :grin: 

    quid d'un délit routier ?

    ce que je veux te dire c'est que toutes les condamnations ne se valent pas pour empêcher quelqu'un de faire de la politique et c'est ce que tu sembles dire dans ta dernière phrase -_-

    parce que moi dans l'absolu jsuis plutot d'accord hein, si on pouvait déjà dégager ceux qui font dans le détournement de pognon et ce genre de magouilles, je prends !

    • Top ! 2
  6. il y a 26 minutes, Planino a dit :

    Parce que les gens votent pour un parti / des idées et non pour une éthique politique.

    c'est à la fois une éthique morale et politique non ?

    dans le cas de darmanin ou abad, que ce soit ou non condamnable par la justice ça change pas grand chose au fait que les deux ont des comportements problématiques avec les femmes (ça a été largement documenté avec preuves à l'appui pour le coup), qu'ils soient au gouvernement ça pose quand même question, politiquement, moralement et stratégiquement :wacko: 

    il y a 26 minutes, Planino a dit :

    Tant qu'on ne mettra pas en place une loi interdisant les condamnés de faire de la politique, ça continuera.

    le problème avec ça c'est qu'il serait très facile d'empêcher n'importe qui de se présenter, ou alors t'as intérêt à sérieusement cadrer le truc !

    • Top ! 1
  7. Il y a 13 heures, Alexis a dit :

    Il n'aura pas fallu à elmo plus de 4 pages pour me donner raison. Bravo ! Et 2 pages avant c'était avec Forrest qui "derapait" aussi, et... Bref, tout va bien dans ta communication effectivement.

    Yep totalement, pour dezoomer de ce cas précis, perso je me fixe comme règle de ne pas donner de mon temps ou énergie dans une conversation avec quelqu'un qui se comporte manière agressive sans sourciller, que ce soit sur un forum ou dans la rue. Si la personne n'est pas capable de la moindre des choses que je demande à savoir du respect et pas d'insulte, y'a rarement du bon qui en sortira... A moins d'avoir une pédagogie, de la patience et du temps à revendre ! 

    pourrissage et diffamation, encore

    tu comptes continuer jusqu'à quand ? c'est quoi ton but ? mon suicide ? :ninja: 

  8. il y a 57 minutes, Asha31 a dit :

    Par contre quand é_é , sans même essayer d'obtenir une précision, m'accuse de promouvoir la "culture du viol" pour mettre le feu aux poudres, là il y a une violence assumée, une volonté de critiquer ou ridiculiser l'interlocuteur (avec en plus le mépris de ne pas le citer directement). 

    absolument pas 

    pour la partie entre parenthèses, j'ai utilisé le pluriel parce que ça ne concerne pas que toi, comme l'a dit flo, c'est le genre de remarque qui ressort souvent, c'est ça que je critique, pas ta personne

    il y a 59 minutes, Asha31 a dit :

    Et derrière quand elle prend le retour de flamme, elle se cache derrière la supposée moralité de son intervention.

    pas du tout, j'avais prévenu que ce serait déplaisant donc je m'attendais totalement à une réaction, surtout que c'était généralisant et un peu rentre dedans, désolée, on est tous triggered par certaines façons de dire les choses :) 

    il y a une heure, Asha31 a dit :

    C'est quand même dingue, je devrai faire attention voire m'excuser d'une violence inexistante mais que l'on me prête car sous-entendue dans mes propos, par contre la véritable violence de départ , écrite et assumée, dans les propos de é_é , là on la minimise, on la justifie, on m'explique que je n'ai pas à le prendre mal. C'est typiquement ces mécanismes et ces fonctionnements qui polarisent totalement tout débat et rendent une cause ou un combat inaudible.

    t'as complètement le droit d'être dramatique même après une journée à s'expliquer là dessus, je vais pas te jeter la pierre :ninja: 

    • Top ! 1
  9. Il y a 1 heure, Asha31 a dit :

    Non mais perso je m'indigne pas du traitement médiatique, :grin:

    J'ai juste vu le timing de sortie de l'article, par rapport aux faits, et je me suis immédiatement dit que Mediapart avait bien choisi la date de sortie de l'article, je me trompes peut être, mais le fait est que je n'ai exprimé aucune critique en soi , je le note avec amusement à la rigueur.

    Quand au procès de "hiérarchisation de l'indignation" qui m'est fait, comment dire... On en est à devoir absolument précisé qu'on trouve un viol dégueulasse avant d'avoir le droit de dire quoi que ce soit d'autre, sinon on nie la souffrance des victimes et on crée un environnement toxique? Vraiment , on en est là ?

    Alors :

    Oui ce qui est arrivé à ces femmes est dégueulasse.

    Qu'Abad dégage et soit jugé.

    Et donc en 3e, maintenant que j'ai pris le temps de préciser que je ne trouve pas le viol chouette ou risible, par ailleurs, et si je puis me permettre, le timing peut indiquer que Mediapart a choisi son moment.

    j'espère vraiment que tu comprendras les nuances dans mon propos quand tu seras redescendu de tes grands chevaux -_- 

  10. il y a une incompréhension là, parce que même après tes explications je n'ai pas changé d'avis et je continue de penser que ta remarque participe à une atmosphère sociale toxique (si tu veux que j'évite de parler de culture du viol) -_-

    comme te l'a dit flo, ta seule remarque porte sur le timing, reléguant au second plan les accusations en elles-mêmes et donc les victimes présumées, pour mettre en avant le coup politique de mediapart ou des républicains, et ça, pour moi et apparemment pour flo et sienko aussi, c'est assez révélateur du problème donc je te le dis, c'est tout !

    pour ce qui est de ton sentiment d'agression, j'avais prévenu que ça ferait pas plaisir donc j'imagine que c'est normal et j'espère que tu pourras réfléchir à mon point de vue plus tard, donc déso pas déso  :grin: 

     

  11. il y a 7 minutes, Asha31 a dit :

    Ok, là on discute , quand on ne m'accuse pas de promouvoir la culture du viol immédiatement, tout de suite le dialogue est plus simple ;)

     mais en aucun cas on peut m'accuser comme le fait é_é de remettre en question la parole des victimes alors que je ne le pense pas et ne le fait pas.

    À la rigueur je reconnais que mon post de départ est ambiguë sur le "timing", mais vu que je précise après mon propos, s'obstiner à dire que je remet en question la parole des victimes, c'est abusif et injuste, voilà tout.

    Alors désolé si mon propos de départ était ambiguë en première lecture, c'est effectivement de ma responsabilité -_-

    je ne t'accuse de rien, je comprends bien que j'ai blessé ton ego parce que ce que je t'ai dit est désagréable à entendre mais je ne t'accuse pas, je pointe juste que ce que tu as dit et la façon dont tu l'as dit n'est pas vraiment appropriée, imagine juste qu'il a possiblement des victimes de violences sexuelles qui peuvent te lire et être très mal à l'aise devant cette façon d'instrumentaliser leur parole -_- 

    donc soit t'es désolé, soit tu l'es pas, mais faut choisir et pas me rejeter la faute dessus s'il te plait ^^

  12. il y a 4 minutes, Asha31 a dit :

     

    Ah, donc d'un post de deux lignes qui ne parle littéralement que du timing de sortie de l'article, t'arrive à savoir mieux que moi ce que je pensais ou ce que j'ai voulu dire. Et m'accuser de promouvoir la culture du viol, sans savoir ce que je pense ou défend sur le sujet. A la rigueur reproche moi de la maladresse, mais le reste tu peux te le garder, et je reste poli . Ton attitude est puante, honnêtement.

    Et je viens de le lire l'article, effectivement ça n'a pas l'air de venir de LR. Cependant, il sort encore une fois juste après la nomination d'Abad, donc là encore je pense qu'il y a manoeuvre de Médiapart en terme de timing de sortie du témoignage ,oui. Et je ne parle toujours pas de remettre en cause la parole de ces personnes, je ne l'ai jamais dit ou pensé, je parle des choix des journalistes en eux-même de sortir l'article. Le contenu, à savoir ces témoignages et la vérité qu'ils portent, je n'en ai jamais parlé, ça c'est ton fantasme, et ton envie de jouer les justice warrior, tu as le droit, mais t'es à côté de la plaque,c'est tout.  ;)

    bah oui, "que ce soit ton intention ou pas", ça signifie bien que ça peut être involontaire hein

    mais ok, tu postes un truc que certains peuvent prendre comme une remise en cause de la parole des victimes (quelle idée ? c'est vrai que ça n'arrive JAMAIS) mais tu as la gentillesse de rester poli face à mon attitude puante de juste te faire remarquer que c'est quand même pas terrible, surtout quand on se renseigne sur l'affaire, du coup j'imagine que je dois t'en remercier :) 

  13. à l’instant, Asha31 a dit :

    Si tu parles de mon post précédent, je ne parle absolument pas du timing de la paroles des victimes, mais du traitement médiatique en lui même.

    Les victimes ont signalé les faits à LR et LREM aux alentours du 10 mai. Pourtant l'info sort juste après qu'Abad se casse des républicains et qu'il soit annoncé au gouvernement. Le timing de divulgation de l'information me fait donc penser à une vraie volonté de niquer le ministre de Macron plus que Damien Abad lui même, soit c'est un choix de Mediapart, soit un mec de LR qui a transmis les infos pour niquer Abad lui même, mais en tout les cas ce timing me fait penser à une instrumentalisation de ces plaintes de manière à faire un coup politique, c'est tout.

    Je n'ai écrit nul part que la parole des victimes devait être remise en cause.

    oui je parle de ton post précédent et bien sur que si ça remet en cause la parole des victimes, que ce soit ton intention ou pas d'ailleurs -_-

    maintenant je doute que tu aies eu le temps de lire ce que je viens de c/c (sauf si tu es abo mediapart et que tu l'as lu avant) sinon c'est pas ce que tu m'aurais répondu ;) 

  14. l'article de médiapart sur abad qui évitera peut-être à certains de participer allègrement à la culture du viol (oui je sais ça fait pas plaisir d'entendre ça) en remettant en cause les raisons pour lesquelles certaines victimes parlent à certains moments plutôt qu'à d'autres :ninja: 

    Révélation

    Violences sexuelles : Damien Abad nommé ministre malgré un signalement adressé à LREM

    21 mai 2022 | Par Marine Turchi L’ancien patron des députés LR, Damien Abad, a été nommé ministre des solidarités en dépit d'un signalement pour des faits présumés de viols adressé à LREM et LR par l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique. Deux femmes, dont Mediapart a recueilli les témoignages, l’accusent de viols, en 2010 et 2011. Il conteste les faits.

    Mise en garde

    Cet article fait état de faits de violences sexuelles, sa lecture peut être particulièrement difficile.

    « Par la présente, je souhaite témoigner de faits de viol concernant Damien Abad, député LR de l’Ain, pressenti pour rejoindre le gouvernement, et de facto investi par Renaissance dans l’Ain. » Dans la lettre qu’elle a adressée le 13 mai à l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique, Chloé*, 41 ans, ne cache pas sa démarche : alors que le nom de Damien Abad circule comme potentiel ministre, et qu’il est candidat aux législatives, elle souhaite alerter sur le comportement qu’il aurait eu avec elle.

    Une semaine plus tard, malgré cette alerte, Damien Abad, ex-président du groupe Les Républicains (LR) à l’Assemblée nationale et porte-parole du candidat François Fillon en 2017, a été nommé ministre des solidarités, de l’autonomie et des personnes handicapées.

    Dans son courrier, consulté par Mediapart, Chloé dénonçait un viol qu’elle aurait subi, mais elle évoquait aussi l’existence d'une plainte pour viol, classée sans suite, déposée par une autre femme. « Il est attendu des élu·e·s de la République de faire montre d’exemplarité en toutes circonstances, écrit-elle dans son courrier à l’Observatoire. La libération de la parole des femmes ne suffit pas à mettre un terme aux situations abusives. »

    Dans une réponse écrite à Mediapart (à lire en intégralité en annexe), l'élu de 42 ans conteste les accusations et « affirme avec force que les relations sexuelles qu’[il a] pu avoir ont toujours reposé sur le principe du consentement mutuel ».

    À la demande de Chloé, l’Observatoire – créé en février par des initiatrices du collectif #MeTooPolitique telles que Fiona Texeire, Mathilde Viot et Alice Coffin, pour accompagner les femmes qui le souhaitent dans leurs démarches – a adressé par mail son témoignage (anonymisé) aux directions de deux partis, le 16 mai : Les Républicains, que vient de quitter Damien Abad, et LREM, qu’il rejoint. En fin de semaine, il a aussi envoyé le courrier au procureur de la République.

    Dans son signalement, l’Observatoire souligne que « la gravité des faits qui sont mentionnés [dans le courrier] rend impératif qu’il soit porté à [la] connaissance » de ces partis. Cette alerte est, à ce stade, restée sans réponse des deux partis.

    Contacté par Mediapart, Christophe Castaner, président du groupe LREM à l’Assemblée nationale, assure n’avoir « rien reçu ». Il a, après nos questions, porté ces faits à la connaissance du procureur, et « conseille à la victime de porter immédiatement plainte ». De son côté, Stanislas Guérini, délégué général d’En Marche, qui vient lui aussi d’être nommé ministre, fait savoir qu’il n’avait pas relevé sa boîte mail et assure donc avoir découvert le mail de signalement samedi matin, suite à nos questions. Matignon n’a pour l’instant pas répondu à nos sollicitations.

    Aurélien Pradié, secrétaire général de LR, dit ne pas avoir consulté la boîte mail sur laquelle cette alerte lui a été adressée, mais indique que les « trois fois » où il a été saisi de témoignages de violences sexuelles concernant d’autres hommes du parti, il a lancé des procédures. Il affirme surtout avoir lui-même confronté Damien Abad en 2020 après avoir entendu parler « de comportements inappropriés qu’il aurait eus avec des collaboratrices ».

    Le cas Abad vient à nouveau poser une question qui concerne tous les partis politiques – on l’a vu récemment avec le cas de Taha Bouhafs à La France insoumise (LFI) : comment les partis, lorsqu’ils sont alertés de possibles violences sexuelles et sexistes, gèrent ces situations ?

    L’affaire met sur la table une autre question, transpartisane elle aussi : l’usage que ferait un élu de son pouvoir, face à des militant·es, des assistant·es, des administré·es. Ces dernières années, nombre d’hommes politiques – ministre, élus ou cadres de gauche comme de droite – ont été accusés d’avoir abusé de leur pouvoir, petit ou grand, pour obtenir des faveurs sexuelles, ou bien imposer des violences sexuelles.

    Dans une longue enquête débutée en janvier 2021, Mediapart a recueilli les témoignages des deux femmes qui accusent Damien Abad de viol. Elles ne se connaissent pas, mais les faits qu’elles dénoncent se seraient déroulés à quelques mois d’intervalle, fin 2010 et début 2011, après l’élection au Parlement européen du centriste. (Il fut eurodéputé de 2009 à 2012, avant d’être élu à l’Assemblée nationale.)

    Le récit de Chloé

    Chloé rencontre Damien Abad le 7 août 2010, au mariage d’amis communs, dans le nord de la France. Voisins de table, ils parlent politique, elle est admirative de « son parcours », « ses origines sociales », sa réussite « malgré son handicap ». Atteint d’une maladie congénitale – l’arthrogrypose, qui atteint la mobilité de ses quatre membres –, l’élu s’est toujours efforcé de faire de son handicap une force et a réussi à gravir les échelons en politique. Dans la discussion, il se montre « sympathique », mais « un peu insistant, galant-lourd, à faire un peu trop de compliments », se remémore-t-elle.

    Après le mariage, le député lui aurait ensuite fait signe à plusieurs reprises sur Facebook. De son côté, la jeune femme le sollicite aussi, notamment dans le cadre de son travail – qui l’amène à échanger avec des élu·es et responsables politiques. Si elle le trouve « lourd », elle le juge « intéressant professionnellement ». À l’occasion de ses allers-retours entre Paris et Lyon, Damien Abad lui propose régulièrement de prendre un verre dans la capitale en fin de journée, ce qu’elle refuse. Chloé explique qu’elle n'était « pas attirée par lui » et qu’elle lui a signifié qu’elle ne « voulai[t] pas sortir avec lui ».

    À l’époque, la jeune femme traverse une période « noire » : elle change de travail, se sépare de son mari et essaye « de sortir le plus possible » pour échapper à « l’atmosphère lourde » qui règne à l'appartement, où son conjoint habite encore.

    Alors, quand Damien Abad lui propose à nouveau de boire un verre, un soir de l’automne 2010, elle accepte. Ils se voient dans un restaurant puis un bar du IXe arrondissement de Paris. « Il propose du champagne, j’ai bu une coupe. Et là, black-out, jusqu’au lendemain matin. Ça ne m’était jamais arrivé, surtout pas après un seul verre », raconte-t-elle à Mediapart.

    Dans son signalement, elle dit s’être réveillée avec Damien Abad « dans une chambre d’hôtel proche du bar », « en sous-vêtements », « en état de choc et de dégoût profond », et fait part de son sentiment d’avoir pu être « droguée ». « Je me sentais cotonneuse, mon corps était groggy, courbaturé et douloureux, je savais qu’il s’était passé quelque chose de pas normal », nous explique-t-elle.

    Elle relate à Mediapart avoir quitté la chambre à la hâte et ne pas l’avoir « confronté » : « Je n’avais qu’une envie, c’était de partir. » Elle assure que si elle avait été en pleine possession de ses moyens, elle ne serait « jamais allée dans l’hôtel ».

    Lorsqu’elle rentre chez elle, au petit matin, elle « pleure pendant des heures », se « douche beaucoup », puis va se coucher. Ce que confirme son ex-mari à Mediapart. Il dit s’être « inquiété » de ne pas la voir rentrer, « ce n’était pas du tout son genre ». « Elle était mal. Après sa douche, elle a pleuré toute la matinée dans la chambre. J’ai pensé que c’était à cause de notre situation difficile, j’étais embêté. »

    Chloé revoit Damien Abad le 26 février 2011, à Lyon. « Il m’a proposé de me faire visiter sa ville, il m’a montré deux trois trucs, le soir il a encore servi du champagne, il ne s'est rien passé, et le lendemain je suis partie rapidement », se souvient-elle, parlant d’un moment « glauque », « plein de non-dits et de gêne ». Avec le recul, elle analyse ce déplacement comme « un moyen de se convaincre, fort naïvement, que l’épisode de l'hôtel n’avait pas existé, et une manière de le “tester”, pour savoir ce qu’il ferait, et peut-être avoir une clé sur ce qui avait pu se passer ».

    Elle affirme avoir ensuite cessé de le fréquenter. Elle ne le reverra qu’à l’occasion d’un rendez-vous professionnel à l’Assemblée nationale le 19 septembre 2012, en compagnie de collaborateurs. Le député la relance ensuite régulièrement pour prendre un verre, comme en attestent des mails et messages Facebook consultés par Mediapart. Elle décline plusieurs fois poliment, prétextant d’autres engagements, puis elle arrête définitivement de lui répondre. « Tu boudes toujours ? », lui écrit Damien Abad le 20 mai 2014, sans obtenir de réponse.

    Dans son signalement, Chloé dit avoir été « tellement choquée » qu’elle a « mis plusieurs mois à réaliser et admettre que ce qui s’était passé était un viol ». Longtemps, elle a mis cette affaire sous le tapis, explique-t-elle à Mediapart. « J’ai voulu faire comme si rien ne s’était passé, c’était trop difficile. Mais avec le temps, j’ai vraiment réalisé qu’il s'était passé quelque chose de grave et qu’il avait une responsabilité. J’ai voulu ne plus entendre parler de lui du tout, l’effacer de ma vie. Je l’ai retiré de mes amis Facebook. »

    Durant ces années, elle dit n’avoir pourtant jamais cessé de s’interroger : comment est-elle arrivée dans cette chambre d’hôtel ? Pourquoi était-elle « en sous-vêtements » dans une chambre où il avait lui aussi passé la nuit ? Et si elle était dans un état d’inconscience, pourquoi Damien Abad n’a-t-il pas appelé leurs amis communs, parisiens ?

    Entre 2012 et 2020, elle se confie à cinq hommes de son entourage, amis ou conjoints – dont deux au cours de discussions sur le monde politique et les questions de violences sexuelles, et l’un par mail. Tous l’ont confirmé à Mediapart. À chacun, elle a fait part, d’après leurs récits, de son « angoisse » de s’être réveillée dans cette chambre d’hôtel sans savoir « comment elle s’était retrouvée là », de son état « nauséeux », et de son sentiment « d’avoir été droguée ». « J’ai réagi avec de l’étonnement et de la surprise : là il n’était pas question de “simples” gestes ou de harcèlement, comme on peut en entendre parler à l’Assemblée. Qu’un député ose faire ça, ce serait très risqué », raconte à Mediapart un assistant parlementaire LREM à qui elle s’est confiée en 2020.

    « Tu ne vois pas le scandale que ce serait qu’un violeur devienne ministre ? » Chloé, dans un message adressé à Damien Abad le 27 avril 2022.

    Dans son signalement, Chloé affirme qu’elle « demeure profondément affectée par cette expérience ». Ce qu’attestent aussi ses proches. « Elle a vécu avec cela pendant longtemps, mais là, en voyant qu’il pouvait devenir ministre, ça lui était insupportable. Ça l’a secouée, j’ai perçu une forte anxiété », témoigne Étienne, un ami.

    À Mediapart, la quadragénaire explique que les affaires révélées ces dernières années dans le sillage du mouvement #MeToo, et notamment « le témoignage d’Adèle Haenel », lui ont permis d’avancer dans sa prise de conscience et de se débarrasser de sa « culpabilité » d’avoir revu Damien Abad après les faits. En avril 2020, elle a fait un premier pas avec un tweet concernant l'élu, assorti du hashtag #MeToo. Tout récemment, le 27 avril, elle a adressé au député un message dans lequel elle l’accuse explicitement d'avoir violé des femmes et en partie « détruit » leur vie, puis ajoute : « Tu ne vois pas le scandale que ce serait qu’un violeur devienne ministre ? » L’élu a répondu par deux points d’interrogation.

    Si elle parle aujourd’hui, dit-elle, c’est parce qu’elle est « hantée par l’idée qu’il pourrait y avoir eu d’autres personnes ayant vécu la même chose ». « Parler n’est ni courageux ni héroïque, c’est une responsabilité. Aujourd’hui, il faut que ce type de comportements s’arrêtent, que la culture qui permet cela s’arrête », dénonce-t-elle.

    Questionné par Mediapart sur ce récit, Damien Abad se contente d'affirmer qu’il n'a « évidemment jamais drogué qui que ce soit » et, qu’en outre, il est « dans l’incapacité de porter une personne, de la transporter et de la déshabiller », en raison de son handicap. Il ajoute n’avoir « jamais accompagné de femme sans son consentement, que ce soit dans une chambre d’hôtel, chez [lui] ou partout ailleurs »

    La plainte pour viol classée de Margaux

    Ce récit fait écho à l’autre témoignage que Mediapart a recueilli. Celui de Margaux, une ancienne militante centriste de 35 ans. Selon nos informations, elle a déposé plainte pour « viol » en 2017 contre le député, et l’enquête a été classée sans suite après des investigations peu approfondies.

    En 2009, âgée de 22 ans et vice-présidente des jeunes démocrates à Paris, elle rencontre Damien Abad, 29 ans, député européen et président des jeunes du Nouveau Centre, lors d’une réunion politique. Quelques mois plus tard, en avril 2010, il aurait « commencé à [la] draguer par SMS », a relaté Margaux aux policiers, messages à l’appui. Elle l’apprécie, lui demande « des conseils sur le Nouveau Centre », le trouve « intéressant ». « J’avais envie qu’il me remarque. » Un « flirt » s’engage par SMS.

    Leurs échanges, transmis par Margaux aux enquêteurs, montrent un jeune homme « très insistant », selon ses mots. L’élu propose à plusieurs reprises de l’accueillir chez lui à Lyon et insiste dans 15 messages. « Si tu veux que j’te seduise, il faut que tu viennes a lyon un samedi soir », la relance-t-il le 28 décembre 2010. Elle le freine (« On se connaît si peu »), et propose plutôt d’abord un café ou un dîner à Paris. Il insiste plusieurs fois et négocie qu’elle ne vienne passer qu’une nuit, début janvier. Elle finit par réserver un billet – qu’elle annulera plus tard avec un prétexte. Elle est « impatiente mais inquiète également », lui écrit-elle. « T inkietes pas j’vais pas te manger », la rassure-t-il, en promettant de mettre au frais une bouteille de champagne. Elle lui précise qu’elle « boi[t] rarement et très peu d’alcool ».

    Margaux lui fait aussi part d’une réputation de dragueur qui lui serait prêtée au sein du parti. « J’ai dû, en tout et pour tout, sortir avec 5 ou 6 militantes dont 3 seulement du NC [Nouveau Centre – ndlr] », s’étonne-t-il, ajoutant cependant : « quand j’etais president des JC [Jeunes Centristes – ndlr], j’faisais gaffe. Ms depuis que j’n’ai plus cette responsabilite j’me suis un peu plus lache. »

    « Allez j’attends ta foto. Ton visage et ta poitrine réunis. » SMS de Damien Abad à Margaux, fin décembre 2010.

    La militante centriste a affirmé aux enquêteurs que, déjà à ce stade, « des choses [ne lui] plaisaient pas » dans ses échanges avec l'élu, et qu’elle lui en avait fait part. Comme lorsqu’il lui propose de venir avec « une copine » pour « un truc a 3 » après qu’elle a confié qu’elle aimait aussi les femmes. Elle refuse et lui confie sa déception : « En fait n’importe quelle fille ferait l’affaire. »

    Ou encore lorsqu’il insiste pour qu’elle lui envoie une photo de son décolleté. Elle décline. « T’abuses », lui écrit-il. Elle envoie une photo sans son visage, il demande « la même avec ta poitrine et ta tête ». Il insiste explicitement dans sept SMS. « Ca prend 30sec. Allez j’attends ta foto. Ton visage et ta poitrine réunis », réclame-t-il. Malgré ses refus, le lendemain, il revient à la charge dans plusieurs messages. « J’ai dû refuser, cinq fois. Je ne l’ai jamais envoyée », a expliqué Margaux aux policiers.

    Autre exemple : en amont de la rencontre prévue à Lyon, l'eurodéputé demande plusieurs fois qu’elle porte la robe « la plus sexy et décolletée » et ajoute : « Et oubli pa porte jaretelles talons aiguilles et dessous en dentelle ». Margaux s’étonne, puis met fin à l’échange.

    La jeune femme dit aussi avoir été échaudée par d’autres SMS reçus deux jours plus tard, dans lesquels le député lui demande de venir chez elle vers minuit et demi. Là encore, elle refuse, il insiste, et elle le renvoie dans ses cordes en disant qu’elle n’est « pas le genre de filles qu’on contacte dans la nuit pour venir les sauter une demi-heure plus tard ». Elle n’a pas répondu aux « six textos » suivants.

    À chaque fois, l’élu, voyant sa réaction, rétropédale en plaidant l’humour, puis la relance. Il propose de la voir lors de son passage à Paris, le 12 janvier 2011. Elle accepte, en pensant dîner avec lui, mais il débarque après le repas, en raison des vœux du chef de l’État, Nicolas Sarkozy : « Prend des fraises j’apporte le champagne », avait-il demandé sur le chemin, réclamant encore par SMS la « belle robe », « avec un décolleté ».

    « Je ressentais un risque », a indiqué Margaux aux policiers, parlant d’« appréhensions ». En témoigne le fait qu’elle avait demandé à Pascal*, un ami proche, de l’appeler « à des heures régulières pour savoir si tout allait bien », avec « un code » en cas de problème. Ce que ce dernier a confirmé aux enquêteurs. « [Lors de l'appel], elle m'a dit que ça allait, mais le ton de sa voix m’a fait penser qu’il y avait un problème, explique Pascal à Mediapart. J’étais déjà inquiet avant, parce que le climat qui s’était installé était de mon point de vue de l’ordre de l’emprise et je trouvais ses SMS toxiques. »

    Ce soir-là, elle assure lui avoir dit « plusieurs fois » qu’elle buvait peu, mais il aurait « insisté » et ils auraient fini toute sa bouteille de champagne. Elle décrit ensuite une relation sexuelle empreinte « d’irrespect, d’injonction et d’insistance », à laquelle elle aurait plusieurs fois essayé de mettre fin, par des « sous-entendus » et stratégies d’évitement. « Dès le début je me disais : “Il faut que cela finisse et qu’il s’en aille.” »

    Elle prétend qu’après un début de relation consentie, l’élu lui aurait imposé une pénétration anale, alors qu’elle avait dit non de manière « affirmée », « à plusieurs reprises » et qu’elle avait arrêté de bouger. « Il a continué [...], J’étais hébétée qu’il ne puisse pas tenir compte de mon refus », soutient-elle. « Je lui ai dit qu’il se voyait dans un film porno. Il m’a dit d’être gentille et il continuait », a-t-elle déclaré aux policiers.

    Selon son récit, Damien Abad aurait ensuite réclamé une fellation, avec « l’injonction » de ne « pas [le] laisser comme ça », puis une éjaculation sur son corps, qu’elle aurait refusée, avant finalement d’accepter face à son insistance et son mécontentement. Margaux accepte aujourd’hui de divulguer ces détails « intimes » et « difficiles » pour répondre aux dénégations de l’élu. « Revenir sur ces faits est toujours douloureux, d’autant plus publiquement », dit-elle à Mediapart.

    Un rapport de pouvoir asymétrique

    Lors de son audition au 1er district de police judiciaire (DPJ), Margaux a insisté sur l’asymétrie de pouvoir entre eux. Le député l’« impressionnait » de par son parcours de jeune premier et de son lien avec le chef de l’État, « intimidant ». Ce soir-là, elle recevait en Damien Abad quelqu'un qu’elle « aimai[t] bien », « mais aussi un supérieur hiérarchique politique », « une des pistes les plus sérieuses » pour obtenir le poste d’assistante parlementaire qu’elle cherchait à l’époque. D'après elle, il « connaissait [sa] situation ».

    C’est d’ailleurs par peur des conséquences sur sa « carrière » qu’elle dit ne pas avoir voulu le repousser trop violemment : elle ne « voulai[t] pas d’histoire dans [sa] vie politique ». La jeune femme a détaillé aux policiers la « contrainte psychologique » qu’aurait exercée Damien Abad sur elle : « On n’est pas obligé d’avoir un couteau sous la gorge pour être contrainte de faire quelque chose », a-t-elle précisé.

    Après cette soirée, les contacts se sont interrompus brutalement. Jusqu’à un SMS qu’elle lui a envoyé, cinq mois plus tard, le 17 juin 2011 : « Il va falloir qu’on parle. À propos de la dernière fois où l’on s’est vus ». « Ton irrespect, tes pratiques, ton insistance, ton silence après m’ont choquée. Ça fait 5 mois que j’en reste traumatisée. Je ne sais pas quoi faire », détaille-t-elle. En face, le député manifeste de l’incompréhension, puis ajoute : « Je suis vraiment desole si tu l’as mal pris. » Il évoque de son côté « une bonne soirée », un rapport consenti et « respectueux », et lui propose de la revoir « autour d’un café cette fois ». « J’ai trouvé que ce texto était une manière de se couvrir », a indiqué Margaux aux policiers.

    Sur Facebook, elle le conserve jusqu’en 2015 dans ses contacts pour se tenir au courant de ses déplacements « et éviter de le croiser », dit-elle.

    « Je me disais : “Moi, j’ai été violée. Mais est-ce que lui, il m’a violée ?” Est-ce que lui-même était conscient ? » Margaux, la plaignante

    Margaux se confie d’abord à ses amis les plus proches, puis à son psychiatre en 2015, à ses parents, mais aussi, « régulièrement », à des femmes du milieu politique, comme en attestent des messages consultés par Mediapart. Trois de ses amis de l’époque – Pascal, Gaëtan Achenza et Quentin – nous confirment qu’elle leur avait parlé de cette soirée avec l’élu, sans poser immédiatement le mot « viol », mais en laissant transparaître son malaise.

    « Je me souviens avoir ressenti que les choses s'étaient mal passées pour elle. Je la sentais traumatisée », a expliqué aux policiers Pascal, qui a déjeuné avec elle le lendemain des faits, et est reparti avec l’idée « qu’il y avait un très lourd secret dont elle n’arrivait pas à [lui] parler ». « Elle était dans une phase de décompensation », a indiqué Gaëtan Achenza, ancien militant centriste, également présent au déjeuner. Le troisième, Quentin, qui fut son petit ami à l’adolescence, se souvient que « quelques semaines » après lui avoir parlé de sa relation sexuelle avec Damien Abad, elle lui a confié qu'elle « se sent[ait] mal à propos de ça », qu’elle avait eu « l’impression d’être forcée de faire certaines choses » et qu’il aurait « usé de son handicap pour exercer une pression psychologique sur elle ».

    Dès 2011, Margaux songe à porter plainte. Puis en 2012, elle appelle la ligne d’urgence « SOS viol ». « Deux ou trois fois », elle pousse la porte du commissariat du XVIe arrondissement de Paris. Ce n'est que le 20 février 2012, à 23 h 20, qu’elle parvient enfin à livrer son témoignage à une policière. Mais au moment fatidique de déposer plainte, elle demande « un temps de réflexion ». À plusieurs reprises les jours suivants, un policier la recontacte. Un mois plus tard, faute de réponse, l’enquête est classée sans suite.

    Si la jeune femme hésite, c’est qu’elle ne veut « pas faire de mal » à Damien Abad et qu’elle a peur des conséquences. « Mais à un moment, le mal que je me faisais à moi est devenu plus grand que le besoin de le protéger. » À l’époque, elle se questionne aussi : « Je me disais : “Moi, j'ai été violée. Mais est-ce que lui, il m’a violée ? Est-ce que lui-même était conscient ?” »

    Cinq ans plus tard, la campagne présidentielle est à nouveau l’occasion d’une forte médiatisation du député, qui est propulsé porte-parole du candidat François Fillon. Margaux aperçoit Damien Abad dans une grande émission. C’est ce qui la pousse cette fois à déposer plainte, le 7 mars 2017 : « C’était une résolution. »

    Une enquête est ouverte par le parquet de Paris et Damien Abad est entendu. Il conteste toute pénétration anale – « Je peux vous affirmer que je n’ai jamais eu cette pratique avec quiconque et donc pas avec [Margaux] » – et assure qu’il n’aurait pu exécuter cet acte sans son aide en raison de son handicap.

    Il décrit une relation sexuelle « consentie », dont la plaignante aurait été à l’initiative, le déshabillant et le rhabillant – ce qu’il ne pouvait faire seul en raison de son handicap. Il affirme qu’il n’y a eu, durant cette soirée, « ni violence, ni agressivité, ni une quelconque contrainte morale », ni « d’insistance, d’irrespect ou de pratiques non consenties ». « Du premier baiser jusqu’à la fin de notre rapport sexuel, rien ne s’est fait et ne pouvait se faire sans sa volonté », assure-t-il. S’il concède qu’il savait que la jeune militante était « à la recherche d’un positionnement dans le monde politique », il conteste aussi tout « lien hiérarchique ».

    À dix reprises, face aux questions du policier sur le déroulé de la soirée et sur le SMS dans lequel la plaignante fait part d’un problème, le député a répondu ne pas se souvenir. Interrogé sur les « injonctions » sexuelles évoquées par Margaux, il a reconnu qu’« il y a peut-être eu des demandes de [sa] part », mais « à aucun moment de contrainte physique ou morale ». Enfin, il a pointé le calendrier de la plainte, en pleine campagne présidentielle.

    L’enquête, résumée en trois pages dans le PV de synthèse, n’a pas été approfondie. Ni l’entourage de Damien Abad, ni ses assistant·es, ni les cadres ou militant·es de son parti n’ont été auditionnés. La justice n'a pas non plus mandaté d'expert médical pour établir objectivement ses facultés physiques. Si le député évoque un « taux d’invalidité de 80 % », la plaignante, elle, cite ses déclarations dans la presse (ici, là, ou là) qui tendraient à montrer qu’il est « capable de faire à peu près tout ».

    Questionné par Mediapart, il maintient qu’il lui était « impossible physiquement de commettre les actes décrits », « sans une aide extérieure », en raison de son handicap. Il affirme qu’il est « apparu au cours de [son] audition que les accusations formulées contre [lui] étaient infondées ».

    Après une confrontation devant les policiers, la procédure a été classée sans suite, en décembre 2017, au motif d’une infraction insuffisamment caractérisée, « l’enquête n’ayant pas permis de rassembler des preuves suffisantes ». « C’était dur, c’était injuste, se remémore Margaux. J’avais l’impression qu’il y avait tellement de choses qui n’avaient pas été faites dans l’enquête. » Parce qu’elle se fait peu d'illusions sur le débouché d'une nouvelle plainte, qu’elle manque de moyens pour payer un avocat et surtout qu’elle n'a « plus la force », elle décide de ne pas se constituer partie civile, ce qui aurait automatiquement relancé la procédure. Mais elle continue « à en parler, à des gens en politique, sur des réseaux militants, à dire le plus souvent possible son nom », dans l'espoir de faire émerger d’autres éventuels témoignages.

    Un « retentissement psychologique avéré »

    Aujourd'hui, l’ancienne militant centriste estime que cette affaire a eu de nombreux « retentissements » dans sa vie. Elle n’a « plus de relation sexuelle avec un homme » ; elle fait en sorte « de ne pas être seule avec un homme hétérosexuel dans une pièce ». Lorsqu’un plombier a dû intervenir chez elle un jour, elle a demandé à un proche de venir, parce qu’elle avait « peur ». Le policier chargé de l’enquête l’a lui-même constaté : sur son PV, il a indiqué que Margaux était « très mal à l’aise à rester seule avec un homme dans une pièce » lors de l’audition et qu’elle était sortie « brusquement » puis avait « éclaté en sanglots ». Au fil des années, la jeune militante a aussi mis fin à son engagement politique : « Réduire les risques de le recroiser, c’était très important », explique-t-elle à Mediapart.

    Ces conséquences sont documentées dans l'enquête judiciaire. Le rapport des unités médico-judiciaires (UMJ) fait état d’un « retentissement psychologique avéré » : « troubles du sommeil survenant six mois après lesdits faits » ; « cauchemars persistants » ; « évitement des relations hétérosexuelles, restriction des sorties seules, des activités et des horaires » ; « sentiment de peur et d’insécurité persistants en présence d’hommes » ; « irritabilité, sentiment de culpabilité, d’injustice », « rumination anxieuse », « idées noires », « prise de poids de 18 kilos » depuis les faits.

    L’expertise psychiatrique réalisée quelques mois plus tard ne met pas en avant de « stress post-traumatique », mais évoque un « sentiment d’incompréhension », « de dégoût » et « d’humiliation », ainsi que la « sensation d’avoir été un objet au moment des faits ».

    Trois amis de Margaux ont raconté – aux policiers comme à Mediapart – le « long et douloureux parcours » de la jeune femme après les faits : « angoisses », « colère », « consultations chez le psy », prise importante d’« anxiolytiques », perte « d’une partie de sa joie de vivre », « peur panique de se retrouver seule avec un homme » et la coupure progressive avec le monde politique alors que, « brillante » et « intelligente », elle y avait « un avenir et aurait pu être députée », a souligné Gaëtan Achenza. Ils décrivent aussi une jeune femme « pétrifiée », « traumatisée » à « la seule évocation du nom de Damien Abad » ou à son apparition à la télévision.

    Plusieurs alertes au sein des Républicains

    Que savait-on chez Les Républicains des accusations visant l’élu, avant le signalement adressé le 16 mai ? Plusieurs membres de LR ont indiqué à Mediapart que l’affaire de Margaux avait fait le tour de leur parti et bien au-delà. « Tous les gens connaissent l’histoire, qui faisait d’ailleurs l’objet de blagues graveleuses en interne... », confie une figure du mouvement.

    Contacté, le secrétaire général de LR, Aurélien Pradié, affirme n’avoir jamais été saisi formellement par des « courriers, mails, ou écrits » concernant Damien Abad. Mais il dit avoir « toujours trouvé qu’il avait avec les femmes un comportement étrange ». Il cite notamment une soirée du groupe LR à la questure de l’Assemblée nationale, où le député aurait eu un comportement inapproprié avec des femmes, ce qui s’exprimait selon lui « par des réflexions sur la tenue vestimentaire, des regards ».

    Aurélien Pradié relate aussi avoir, ces dernières années, eu vent de deux choses, comme d’autres députés LR, dit-il : la plainte de Margaux classée sans suite, dont il a vu circuler des extraits de procès-verbaux ; et « des gestes déplacés et des propos intolérables » qu’aurait eus Damien Abad à l'égard d’une « collaboratrice du groupe, lors d’un dîner ». Il prétend n’avoir, malgré ses efforts, « jamais réussi à avoir le nom de cette collaboratrice ». « C'est compliqué, la parole n’est pas si libre que ça », constate-t-il.

    « Je l’ai coincé un jour, en lui disant que j’entendais parler de comportements inappropriés qu’il aurait eus avec des collaboratrices. » Aurélien Pradié, secrétaire général de LR.

    Le secrétaire général des Républicains assure cependant avoir « coincé » Damien Abad, en novembre 2020, dans les couloirs de l’Assemblée nationale, en lui disant qu’il « entendait parler de comportements inappropriés qu’il aurait eus avec des collaboratrices » : « Il n’était pas du tout surpris, il s’est agacé en me disant qu’il en avait marre d’entendre parler de cela, donc je n’étais pas le premier à le faire. Il m’a dit que ce n’était pas vrai, et qu’il s’était excusé. Je lui ai dit : “Est-ce que ce n’est pas vrai ou est-ce que tu t’es excusé, parce que c’est pas la même chose ?” Et la discussion s’est arrêtée là. »

    Aurélien Pradié, qui ne cache pas les « relations très conflictuelles » qu’il entretenait avec l’élu, explique n'avoir pas pu aller plus loin : « Je ne suis pas procureur et le patron des collaborateurs du groupe LR, c’est le président du groupe, donc c'était lui... ».

    Selon nos informations, des questions de journalistes sont arrivées ces dernières années au syndicat des collaborateurs de l’Assemblée nationale marqué à droite, sans que celui-ci ait reçu de signalement. Le comportement du député avec les femmes, et les « messages tardifs » qu’il a pu envoyer, ont en tout cas été le sujet de discussions internes informelles, au sein du parti, du groupe LR à l’Assemblée, ou au Parlement européen, selon plusieurs témoins interviewés par Mediapart.

    Dès mars 2017, l’équipe de campagne présidentielle de François Fillon, dont Damien Abad était alors le porte-parole, a été alertée de la plainte de Margaux, selon nos informations. Deux semaines après le dépôt de la plainte, l’affaire a fuité à l’insu de la jeune femme, dans le magazine people Closer, sans le nom de Damien Abad, mais avec son prénom à elle et des éléments permettant de l’identifier. La plainte était présentée comme « une nouvelle tuile » pour « le clan Fillon » « après le “Penelope Gate” et le mystère des costumes ». Pour déminer tout malentendu, Margaux avait appelé le soir-même Anne Méaux, la communicante de François Fillon : sa plainte ne vise pas à nuire au candidat, avait-elle insisté, mais simplement à obtenir justice par rapport aux agissements de son porte-parole qu’elle dénonce.

    « Abad, ça paraissait difficile à croire. [...] C’est un monsieur plutôt timide, je n’arrivais pas à l’imaginer dans une position de force, de coercition. » Anne Méaux, communicante de François Fillon.

    L’échange, dont Mediapart a eu connaissance, reflète les stéréotypes qui entourent encore ces affaires. La communicante s’interroge d’abord sur le timing : « Pourquoi vous portez plainte il y a deux semaines pour quelque chose qui a lieu il y a six ans ? » « Parce que c’est difficile et que le moment où on a un déclic, on le choisit pas », rétorque Margaux. « C’est votre choix, madame, moi je trouve ça triste. [...] Vous avez pris vos risques. [...] Porter plainte à ce moment-là, ce n’est pas neutre », dit Anne Méaux, en soulignant que cette affaire « ne concerne en rien François Fillon ».

    Si elle précise qu’elle n’a « aucun élément pour juger » des faits, elle émet plusieurs fois des doutes et lui « souhaite » de n’avoir pas « été instrumentalisée ». Elle lui fait aussi comprendre qu’elle peut très bien « stopper l’affaire » en la gardant « privée » : « Je pense qu’il est toujours temps de ne pas continuer. [...] Ça ne dépend que de vous. » Elle lui conseille de « ne pas répondre » aux journalistes.

    Contactée par Mediapart, Anne Méaux évoque une jeune femme « chaotique » et reconnaît avoir été « surprise » des accusations : « Abad, ça paraissait difficile à croire. C’est vrai que sur le coup, j’ai pu lui dire, c’est étonnant parce que c’est un monsieur plutôt timide, je n’arrivais pas à l’imaginer dans une position de force, de coercition. J’avais peut-être tort. » Elle explique avoir ensuite fait part de ce coup de fil à Damien Abad, qui a « complètement nié » toute contrainte, et en avoir « parlé au staff de campagne » : « L'équipe a fait le choix de faire confiance à Abad. » Aucune enquête interne n’a été diligentée, « parce qu’on a cru Damien ».

    « Je conteste formellement tout abus de ma position hiérarchique. » Damien Abad à Mediapart

    Mediapart a questionné Damien Abad sur l’ensemble de ces éléments. Sans démentir l’épisode rapporté par Aurélien Pradié, il dénonce « une tentative évidente de déstabilisation à un moment clé de [son] parcours politique ». Concernant les accusations de comportement inapproprié avec les femmes, il se dit « révolté par les accusations fausses et calomnieuses rapportées », sans dire lesquelles. Il « conteste formellement tout abus de [sa] position hiérarchique » et assure que s’il a « pu avoir des aventures », « elles ont toujours été consenties ». Mais il reconnaît qu’il a pu lui arriver « d’envoyer des messages, parfois intimes, parfois tardifs ». « J’apprends par vous que, dans certains cas, ils ont pu troubler ou gêner. Je ne peux que le regretter. [...] Le fait d’avoir pu, par des messages, heurter sans le vouloir certaines personnes m’affecte », écrit-il.

    Dans les deux affaires, celle de Chloé et celle de Margaux, la question du handicap de l’élu est omniprésente. En 2017, lorsque la plainte pour viol a été médiatisée, beaucoup ont balayé : « Il est handicapé des bras, il n’a pas pu la violer. » Plusieurs personnes questionnées durant cette enquête ont estimé que la parole ne se libérait pas en raison de ce « tabou ». « Je pense que la question du handicap joue, l’idée que “non il ne peut pas faire ça”, qu’il n’est pas en pleine possession physique de ses moyens, qu’il a un assistant fonctionnel à ses côtés pour l’aider », raconte le collaborateur d’un élu LR.

    Dans leurs témoignages, Margaux et Chloé, mais aussi leurs confidents, ont fréquemment évoqué cet aspect. « J’aurais viré n’importe qui mais Damien avait un handicap », a déclaré Margaux, assurant ne pas l’avoir repoussé plus « violemment » pour cette raison. Elle n’avait pas envie « de le blesser » et elle était « bloquée par le fait qu’[elle] devai[t] le rhabiller après ». Chloé, elle, relate qu’elle a sans doute « eu quelques égards » parce que l’élu était handicapé : « Je ne l’ai jamais trop remballé, rembarré ou brusqué, y compris le lendemain des faits, parce qu’on ne fait pas ça avec une personne avec un handicap. »

    Mais les deux femmes estiment que son handicap n’empêche pas un tel comportement, ni ne « l’excuse », souligne Chloé. « Je suis maintenant persuadée qu’il utilise son handicap pour inspirer de la pitié, qu’il était parfaitement conscient de ne pas respecter mon consentement », a déclaré Margaux aux policiers. De son côté, Damien Abad a toujours expliqué avoir tenté de mener une vie « classique » et surmonté son handicap, refusant « la condescendance et l’enfermement ».

     

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  15. il y a une heure, Alexis a dit :

    Tu t'emmerdes pas quand même. Tu as passé des années à incendier la moindre tête ou avis qui te revenait pas ici, à insulter ou même harceler (perso j'ai jamais vu des comportements aussi haineux que ceux de votre part sur des forums, belle prouesse) comme bon te semble sans trembler du genou (à quoi bon être respectueuse quand on a de fait raison, et qu'on peut se soulager en passant me diras tu), et tu oses te poser en victime ? J'ai pas suivi le pourquoi de ton départ et celui de marco (je me suis barré bien avant, preuve de mon grand rôle dans votre chute^^ ce forum m'était devenu toxique pour cette raison) mais m'est d'avis qu'à force vous avez fini par vous prendre des remarques sur votre comportement de gens qui d'habitude ne disaient rien, ce qui vous "a blessé". La bonne blague 😄

    Je continuerai pas dessus tant c'est HS et ça ne donnera rien d'intéressant, j'ai déjà donné. 

    voilà, c'est exactement ça : pourrir et diffamer

    tu n'as "pas suivi" mais t'imagines quand même qu'on est forcément coupables, comme tu n'avais pas suivi l'histoire avec celui que tu nous accuses d'avoir harcelé (et tenté de le pousser au suicide si je me souviens bien) alors que c'était lui le harceleur 🤷‍♀️

    alors effectivement je te le dis : à quoi bon être respectueux quand on a de fait raison et qu'on peut se soulager en passant ;) 

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  16. Il y a 13 heures, Forrest a dit :

    C'est donc ce que je craignais : le décalage entre les faits reprochés mais surtout reconnus et le jugement sont inadmissibles.

    Au delà de son investiture, qui est un non sens, et dont j'espère que les électeurs le sanctionneront avec beaucoup de mépris, une telle affaire mérite d'etre reprise avec beaucoup plus de force par les médias, pour mettre en avant le problème de la partialité de la justice, en fonction du justiciable...

     

     

     

    merci d'avoir clarifié ta position qui, pardon d'insister, était franchement ambigüe en l'état  :thumb: 

     

    quant à moi, j'avais parlé plus tôt de ne pas respecter la mesure d'éloignement et ça c'est pas lui, c'est un autre :ninja: 

    https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/01/21/benoit-simian-un-depute-ses-demons-et-son-immunite_6067026_823448.html

    (avec en bonus ses ptits copains de l'assemblée qui ne voulaient pas lever son immunité :blush: )

     

     

    edit : ah au fait bluejark, quand on a le cul crado comme le tien, on évite de venir en rajouter une couche sur ceux que t'as bien contribué à pourrir et à diffamer ;) 

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  17. @Forrest

    https://www.mediapart.fr/journal/france/140522/violences-conjugales-le-jugement-qui-condamne-le-candidat-lrem-jerome-peyrat

     

    Investi par la majorité présidentielle malgré sa condamnation pour violences conjugales, l’ancien conseiller d’Emmanuel Macron continue de minimiser les faits. Mais le jugement rendu en septembre 2020 par le tribunal correctionnel d’Angoulême note que Jérôme Peyrat a « adapté sa version » aux stigmates, physiques et psychologiques, constatés sur son ex-compagne, ayant occasionné 14 jours d’ITT.

    Ellen Salvi

    14 mai 2022 à 21h33

    C’est une condamnation qu’Emmanuel Macron et la majorité présidentielle n’ont pas jugée assez grave pour empêcher Jérôme Peyrat, ancien conseiller à l’Élysée, d’être candidat aux élections législatives. Le maire de La Roque-Gageac, condamné le 18 septembre 2020 pour des faits de violences conjugales, a été investi dans la 4e circonscription de Dordogne, où il avait été battu en 2017 par la députée La République en marche (LREM) Jacqueline Dubois.

    Cette candidature a suscité de vives réactions, y compris parmi les soutiens du chef de l’État, qui avait promis, pendant sa campagne, de faire de « l’égalité femmes-hommes la grande cause de [son] nouveau quinquennat » et envisagé de créer « un nouveau fichier administratif pour les auteurs de violences conjugales ». « L’essentiel, c’est que vous ne restiez pas seules », avait-il dit en novembre 2020 en s’adressant aux femmes victimes, avant d’ajouter : « Nous ne lâcherons rien, je vous le promets. »

    Quelques semaines plus tard, Jérôme Peyrat était nommé conseiller politique à la délégation générale de LREM, puis propulsé tête de liste pour les élections régionales de juin 2021 en Dordogne. Depuis l’officialisation de sa candidature aux législatives, l’ancien élu Les Républicains (LR), qui a longtemps travaillé aux côtés de Nicolas Sarkozy, s’est plusieurs fois défendu dans la presse, en évoquant « un amalgame qui est fait essentiellement par l’extrême gauche ».

    « Ce n’est pas dans Le Figaro, ce n’est pas dans Le Parisien, ce n’est pas dans Libé [finalement si – ndlr], a-t-il relativisé dans Sud Ouest. Cela n’a été qu’une affaire de tweets, un coup de presse et une affaire de gens qui veulent tenter d’en faire une utilisation politique. » Le candidat a aussi livré sa version des faits, évoquant une « dispute » et insistant sur le sursis dont il a bénéficié. Cette affaire « ne peut en aucun cas être amalgamée aux drames familiaux que l’on voit dans les médias », a-t-il indiqué.

    « Je conduisais, elle a arraché mes lunettes, j’ai essayé de la maîtriser, elle a reçu un coup au menton, je n’ai pas cherché à la frapper », résume-t-il. Mais le jugement rendu par le tribunal correctionnel d’Angoulême, que Mediapart a pu consulter, minimise beaucoup moins la violence des faits survenus le 30 décembre 2019, à La Roque-Gageac. Il évoque notamment « les photos de Madame X* prises par les gendarmes le jour du dépôt de sa plainte faisant montre de ses hématomes ».

    La version « adaptée » de Jérôme Peyrat

    Le document souligne surtout que « la description des faits de Monsieur Peyrat […] relève de l’ajustement de cause ». Lors de son audition devant les gendarmes, l’élu avait « dans un premier temps évoqué un geste de la main et avoir saisi le poignet de sa compagne ». Ce n’est que dans un second temps, « une fois que les photos de la victime prises par les enquêteurs lui avaient été présentées », qu’il a « adapté sa version aux autres hématomes et lésions relevés », poursuit le juge.

    Les stigmates, tant physiques que psychologiques de la victime, ont été détaillés dans le certificat médical des urgences le 30 décembre 2019, relevant une incapacité totale de travail (ITT) de 14 jours : une douleur au niveau de la mâchoire « avec limitation de l’ouverture de bouche », « un hématome de la face vestibulaire de la lèvre inférieure droite », ainsi qu’« un syndrome de stress et d’anxiété post-traumatique à surveiller pendant une période minimale de trois mois ».

    Le jugement du tribunal correctionnel d’Angoulême évoque également un second examen médical du 31 décembre 2019, qui « confirme l’état de stress post-traumatique et relève que les faits décrits sont tout à fait concordants avec les lésions constatées, à savoir un hématome au niveau de la face interne de la lèvre ainsi qu’un hématome au niveau des deux pommettes, ce qui peut correspondre à une claque pouvant avoir été donnée sur le visage comme décrit par la plaignante ».

    L’ecchymose et les hématomes constatés sur le bras, l’épaule et le poignet de la victime sont « compatibles » avec la scène qu’elle a décrite.

    « De même, le médecin considère que la pression sur la partie antérieure du cou que Madame X aurait subie alors qu’elle portait une écharpe peut tout à fait correspondre à l’ecchymose retrouvée au niveau de la partie antérieure de la base du cou. » Idem pour l’ecchymose et les hématomes constatés sur le bras, l’épaule et le poignet de la compagne de Jérôme Peyrat. Ils sont, toujours selon ce deuxième examen médical, « compatibles » avec la scène décrite par la plaignante.

    Le document rappelle que l’accusé n’a pas contesté les lésions et les hématomes constatés. Il « a maintenu ne pas avoir frappé Madame X mais seulement avoir dû répliquer, pour des raisons de sécurité, à des actes incongrus de sa compagne, écrit le juge, évoquant notamment « le fait d’avoir tenté de l’empêcher de jeter ses affaires par la fenêtre du véhicule qu’il était en train de conduire » ou de « s’opposer à ce qu’elle lui retire les clés du contact alors que sa voiture était toujours en mouvement ».

    Mais pour la justice, « cette explication de circonstance n’apporte aucun éclairage sur l’ecchymose au niveau du bras gauche constaté par les certificats médicaux, pas plus que sur le syndrome post-traumatique de la victime qu’une simple dispute conjugale – quand bien même serait-elle véhémente – ne saurait causer et ce nonobstant les fragilités intrinsèques de Madame X ». Et de conclure : « Par conséquent, au vu de ces éléments, il conviendra de déclarer Monsieur Peyrat coupable des faits qui lui sont reprochés. »

    3 000 euros versés « en réparation du préjudice moral »

    Interrogé par Mediapart sur le décalage entre ses déclarations dans la presse et les termes du jugement (voir notre Boîte noire), Jérôme Peyrat souligne que « ces faits ont été jugés il y a bientôt deux ans » et que « l’audience avait naturellement été suivie par des journalistes qui ne manqueraient pas de l’écrire s[’il] déformai[t] aujourd’hui [ses] propos d’alors ». « Comme je l’ai dit à l’audience, je n’ai jamais cherché à adapter mon discours et je ne cherche évidemment pas à le faire lorsque vos confrères m’interrogent », ajoute-t-il, insistant sur le fait d’avoir été condamné à une amende avec sursis.

    En dépit de « la gravité des faits », le jugement relève en effet « les circonstances particulières dans lesquelles ces violences ont été commises, à savoir en pleine dispute conjugale survoltée instiguée par Madame X ». Il évoque notamment « les témoignages unanimes décrivant Monsieur Peyrat comme étant de nature calme et pondérée » et parle d’un « incident s’inscrivant manifestement plus dans un contexte de couple pathogène au bord de la rupture […] que dans la personnalité propre de Monsieur Peyrat, inconnu jusqu’à ce jour de l’autorité judiciaire ».

    « Dès lors, au vu de ces éléments, s’il n’est pas question d’absoudre Monsieur Peyrat pour ce qu’il a fait et dont il demeure responsable tant sur le plan pénal que civil », le tribunal correctionnel d’Angoulême a suivi les réquisitions du parquet en condamnant l’élu à 3 000 euros d’amende, mais en assortissant cette peine d’un sursis. Sur l’action civile, il a été condamné à verser la même somme (sans sursis) à son ex-compagne « en réparation du préjudice moral ». Cette décision n’a pas fait l’objet d’un appel.

    Dans sa réponse à Mediapart, Jérôme Peyrat rappelle en outre que son ex-compagne a « été condamnée à une amende ferme notamment pour des appels et des SMS malveillants envers [sa] famille assortie d’une interdiction d’entrer en contact avec [ses] enfants, [ses] parents et [lui-même] » et révèle qu’« elle a été fin 2021 mise en examen pour des malveillances graves, sur les réseaux sociaux cette fois, vis-à-vis de moi et mes enfants ».

    Quelques semaines après la condamnation de l’élu, la plaignante avait en effet été sanctionnée à son tour pour des « appels téléphoniques malveillants réitérés », par le biais d’une composition pénale. Cette procédure permet au procureur de la République de proposer une ou plusieurs sanctions à une personne qui a commis certaines infractions de faible gravité et qui reconnaît sa culpabilité. Ce qu’a fait l’ex-compagne de Jérôme Peyrat qui a ainsi dû verser 800 euros à ce dernier.

    L’ancien conseiller élyséen a plusieurs fois rappelé cette procédure pour renvoyer les deux affaires dos à dos et tenter ainsi d’atténuer les faits pour lesquels il a été définitivement condamné. « J’ai considéré que cette peine ne m’interdisait pas d’être un homme public, de continuer à faire de la politique », a-t-il indiqué dans Libération. « Je pense que vous constatez que le sujet ne peut être traité avec manichéisme, dit-il à Mediapart. Je le fais toujours, pour ce qui me concerne et en toute transparence vis-à-vis de mes concitoyens qui m’ont renouvelé leur confiance lors des élections municipales de 2020 et régionales de 2021. »

    Comme l’ensemble des candidat·es de la majorité, il doit désormais signer une charte comprenant douze engagements pour valider son investiture. Cette charte se base notamment sur « l’éthique et la poursuite de la moralisation de la vie publique ». Des valeurs que la députée LREM sortante de la 4e circonscription de Dordogne, Jacqueline Dubois, évincée au profit de l’homme qu’elle avait pourtant battu en 2017, aurait souhaité de nouveau porter. « Moralisation de la vie publique, place et respect des femmes… En apprenant la nouvelle [de son éviction – ndlr], vous comprendrez que ma déception a été à la hauteur de mon engagement », écrit-elle dans un communiqué.

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    • Top ! 1
  18. Il y a 3 heures, Forrest a dit :

    Gifle qu'elle aurait bien méritée , après tout ! :lolol:

    Putain, rien que de penser que l'on puisse me voir comme ça, me file la gerbe. Vraiment.

    relis toi ptet 🤷‍♀️

    parce que je sais pas si t'as manqué de pédagogie ou si je suis trop stupide pour comprendre ta pensée complexe mais je n'ai fait que me baser sur tes propres mots hein !

  19. Il y a 23 heures, Forrest a dit :

    Complétement a côté de la plaque et deformant la totalité de mes propos. Change rien.

    merci pour ces arguments aussi percutants qu'une gifle ☺️

    toi non plus change rien 😙

  20. Il y a 12 heures, Forrest a dit :

    Sérieusement il y a un décalage incompréhensible entre les faits reprochés  et la condamnation qui est un quasi acquittement.

     

    Pour rappel, en cas de violence conjugale : la peine maximale est alors de : 5 ans de prison et 75 000 €d'amende, en cas d'ITT inférieure ou égale à 8 jours, 10 ans de prison et 150 000 d'amende en cas d'ITT supérieure à 8 jours).

    Donc oui je voudrais bien prendre connaissance du jugement pour comprendre.

    donc tu te bases sur un jugement dont tu n'auras pas pris soin de prendre connaissance pour décider que vu la faible punition, ça vaaaaaaa c'est pas si terrible d'être condamné pour violences conjugales et d'être investi à une élection nationale ?

    investi par le parti au pouvoir qui avait soi disant fait de ce sujet une cause majeure du quinquennat (quelqu'un a des news de schiappa ?), mais bon ça vaaaaaaa les électeurs ils feront le tri eux mêmes ?

    il aurait fallu quoi pour que ce soit scandaleux pour toi ?

    parce que là bon, une gifle, ça vaaaaaaaa, à partir de combien de gifles ça va plus ?

    combien de mesures d'éloignement non respectées ?

    combien de sms d'insultes ?

    enfin c'est bien, le respect des gonzesses, c'est vraiment une valeur bien bien partagée par tout le monde dans ce pays, tout va bien :thumb: 

    • Jeff 1
  21. Il y a 12 heures, Forrest a dit :

    On parle quand même d'une condamnation à une "amende avec sursis"... 

    Bref j'aimerai bien connaître l'histoire mais on est quand même très loin de l'affaire d'état... Et puis de toute façon les électeurs du coin sanctionneront si cela est inacceptable.

    sérieusement ?

  22. Il y a 2 heures, Sandwich2Ross a dit :

    D'accord sur le reste de ton message, mais je reste dans le doute sur cette phrase. Le problème n'est pas tant sa présence que les gens qui votent pour elle. Son absence ne résoudra pas la bêtise, qui s'exprimera d'autres façons. Mais je comprends l'idée que "au moins si elle est pas là, elle est pas élue" puisse faire office de "c'est toujours ça de pris".

    je me sens un peu obligée de préciser vu la suite des posts donc je vais répondre globalement, mais j'espère m'arrêter là :grin: 

    - on sait pas si elle ou gargamel ou janluk auraient eu ou non leurs parrainages avant la deadline mais au moment où bayrou lance le truc ça les concerne tous les trois même si bayrou a choisi de la parrainer elle

    - on peut discuter de l'intérêt des règles actuelles pour être candidat et y'a vraiment beaucoup à redire mais c'est pas pendant la partie que tu peux les changer, c'est un peu le jeu quoi mais effectivement si certains n'avaient pas passé le cap c'était toujours ça de pris :grin: 

    - moi ce qui me dérange vraiment c'est pas que ces candidatures soient validées, avec l'aide bayrou ou sans, c'est l'hypocrisie qu'il y a à faire ça d'un coté pour ensuite sortir le grand cirque médiatique sur l'abomination qu'est le pen et l'absolue obligation de castoriser et en plus là où c'est drôle (et un peu triste), c'est que ça aurait été pareil avec zobito ou janluk en face !

    - évidemment d'accord avec toi sur le fait que le vrai problème c'est avant tout les électeurs fafs -_- 

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