150 ans de prison pour Bernard Madoff
Ses excuses n'y auront rien fait. Tête baissée, le plus grand escroc de Wall Street Bernard Madoff écoute la sentence. Il est condamné à 150 ans de prison par la justice américaine. Le ministère public avait réclamé cette peine contre le financier âgé de 71 ans. L'avocat de Bernard Madoff, lui, avait demandé l'indulgence : une peine de 12 ans de prison seulement, un peu moins des "13 ans qui lui restent à vivre", selon les statistiques américaines d'espérance de vie. L'ancienne coqueluche des milieux financiers, qui a jonglé pendant trente ans avec les milliards de dollars confiés par des banques ou des organisations caritatives, avait plaidé coupable le 12 mars des 11 chefs d'inculpation, dont fraude, parjure, blanchiment d'argent et vol.
L'affaire avait éclaté le 11 décembre dernier. En fin d'après-midi, un communiqué laconique des autorités annonçait l'arrestation d'un courtier célèbre, pdg de l'entreprise Bernard Madoff Investment Securities (BMIS). L'homme, un millionnaire vénéré au sein de la haute société, avait réuni ses deux fils la veille, et leur avait déclaré qu'il "n'avait plus rien et avait perdu environ 50 milliards de dollars", selon le document du tribunal. Assigné à résidence, l'ancien roi de Wall Street a pu suivre la découverte de l'ampleur du désastre : ses clients étaient partout, de la banque Santander en Espagne à la Fondation Elie Wiesel aux États-Unis, des vedettes de Hollywood aux retraités qui lui avaient confié leurs économies. Au total, selon les enquêteurs, 13 milliards de dollars lui ont été confiés. Les chiffres de 50 à 65 milliards se réfèrent aux gains qu'auraient engendrés ces sommes si les intérêts avaient été réels. Mais le financier a avoué n'avoir jamais investi un centime des sommes qu'il avait en portefeuille. Il avait monté un "schéma de Ponzi" - nom d'un de ses prédécesseurs des années 1920 -, une cavalerie financière qui consistait à rémunérer les investisseurs avec l'argent déposé par de nouveaux clients. Le système a fonctionné jusqu'au jour où les demandes de retrait ont explosé avec la crise de l'automne 2008, et où il n'a plus été capable de faire face.
Après le volet pénal, d'autres instances, civiles, attendent Bernard Madoff. Et l'audience ne permettra pas de connaître les montants à restituer : la justice se dit incapable de les chiffrer, et les procureurs ont demandé un délai de trois mois, au terme duquel "la Cour ordonnera la restitution (de l'argent) ou décidera que la restitution est impossible". Dans un "ordre de confiscation préalable", le juge Denny Chin a écrit que Bernard Madoff "est passible d'une amende personnelle de 170 milliards de dollars, somme représentant le produit qu'il a obtenu par les délits" qui lui sont reprochés.
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