Lequipe:
Elie Baup, sa vie au ranch
Consultant pour beIN Sports, Élie Baup nous a ouvert les portes de son ranch, où il vit au milieu de ses chevaux. Une passion qui l'a toujours aidé à supporter la pression du foot.
Élie Baup habite là, au coeur des coteaux du Comminges, dans un village posé entre Toulouse et Pau. Il y a du vert, beaucoup de vert, quelques fermes isolées, les montagnes en fond. Paris est loin, très loin. L'ancien coach de Bordeaux (champion de France 1999, Coupe de la Ligue 2002), Saint-Étienne, Toulouse, Nantes et Marseille (vice-champion de France 2013) nous guide au téléphone jusque chez lui, un ranch planté au milieu de cette nature préservée.
Il est 20 h 30, les bêtes sont encore dehors. Élie Baup descend de la colline. Bas de survêtement bleu, gilet noir sur sweat jaune fluo, baskets rouges et l'éternelle casquette, évidemment. L'ancien mentor des Girondins (1997-2003) est au milieu de ses chevaux. Il leur parle, les rassure, les caresse, leur donne à manger. Un rituel intime quotidien.
« Ce rapport à la nature m'a permis de ne pas tomber en dépression, de ne pas vivre dans un stress permanent »
Baup, 64 ans, a toujours vécu dans ce domaine de 30 hectares, appelé le Ranch Morère. Il a joliment retapé la maison familiale, où il vit avec sa femme Alexandra et ses deux filles, Clara et Éliette. La grande maison respire le cheval, qui s'affiche sur de nombreux éléments de déco. Ces dernières années, le consultant de beIN Sports (depuis 2013) a refait les étables, les box et racheté un petit corps de ferme à l'entrée de la propriété. Tout est là : une roulotte, une Jeep, un tracteur, ainsi qu'une chienne, deux chats, des chèvres, des poules, des pintades et des ânes. Surtout, ici, règnent les chevaux, l'autre grande passion de Baup. Il en a une vingtaine : des Paint horse, Quarter horse et Cob normand.
Le goût des chevaux lui est venu quand il avait 4 ans. De son grand-père, agriculteur, qui l'emmenait à l'école maternelle. « On avait une carriole, mais moi, j'étais sur le dos du cheval, raconte-t-il. Mon grand-père était à pied et le tenait. Quand le cheval se baissait pour boire, j'étais tellement petit que je croyais que j'allais basculer par-dessus l'encolure. » De là est né l'amour d'une vie. Une vie à cheval entre le foot et son cocon des Pyrénées. Son petit Far West lui a permis de tenir dans le féroce milieu du foot. « Quand tu es entraîneur, tu es toujours entre le marteau et l'enclume. Tu te retrouves sous la pression des supporters, des médias, des joueurs... Tu as donc tout intérêt à avoir une vie saine et équilibrée. Ce rapport à la nature m'a permis de ne pas tomber en dépression, de ne pas vivre dans un stress permanent qui t'empêche d'être lucide. Tu gardes ainsi les pieds sur terre. »
Dans les moments difficiles, Baup est toujours parvenu à relativiser et à résister. « La nature est rude. Elle t'amène aussi à t'interroger : c'est quoi le foot ? En fait, c'est que dalle. Si tu n'as que le foot, c'est forcément trop compliqué. Tu sais que ce métier ne pourra pas t'apporter que du positif, ce n'est pas possible. Entraîneur, c'est conflictuel en permanence. Avoir une autre accroche, ça donne du sens à ton existence. »
Le lendemain matin, à 7 h 30, l'air est déjà chaud. On n'entend que les coqs. Après avoir nourri ses volailles, le coach va chercher Easy et Banjo pour la balade. Les deux chevaux sont près de l'étable, plus bas, avec leurs comparses, à côté de l'étang, spot privilégié des canards sauvages. L'élégant Banjo est son cheval attitré depuis que son étalon l'a quitté début juin. Rangers, qui avait 16 ans, a succombé à une crise cardiaque juste après une saillie. « La plus belle des morts », est convaincu Baup.
Pour notre venue, il a accepté de sortir ses habits de cow-boy. Dans la sellerie, il enfile une chemise à carreaux, un Stetson, des chaps, un boléro, des gants et se saisit de son lasso. « J'ai toujours été attiré par la découverte de l'Ouest, la culture des Indiens et des cow-boys. Je n'ai pas eu l'occasion de découvrir les grands espaces américains mais j'en ai très envie. Je reste pour l'instant dans le rêve. »
Ainsi vêtu, coach Élie se métamorphose en John Wayne. « Quand j'étais plus jeune, j'ai un peu tout fait à cheval, même du rodéo, chez moi comme dans les fermes alentour. Le plaisir et le challenge d'être sur un cheval qui n'a jamais été monté... Ce sont des jeux de la campagne. » Avant le départ en balade, les montures sont soigneusement pansées. « Faut qu'ils soient jolis pour la photo », s'amuse-t-il. Après quelques mots doux, il place les mors, tout en nous faisant remarquer fièrement combien ses chevaux sont bien éduqués.
« Le cheval, c'est une manière de vivre. Ce qui me plaît vraiment, c'est le cheval de travail, l'école des ranches »
« Tu vois, le cheval baisse bien la tête, le mors est donc facile à mettre. Le cheval, pour qu'il t'accepte, il faut le respecter. » Après quelques pas de chauffe dans une carrière - histoire de s'assurer de notre maîtrise de base -, la balade prend rapidement une autre dimension. Arrivés au galop en haut d'un champ, le décor se révèle subjuguant avec une vue imprenable sur la chaîne des Pyrénées et le pic du Midi.
Entre son job de consultant pour beIN Sports, où il officie sur le Multi Ligue 1 du samedi soir, et sa vie bien remplie au ranch, Baup ne peut partir en balade autant qu'il le souhaiterait. Mais ce qu'il aime avant tout, c'est la relation de confiance qu'il réussit à créer avec ses chevaux. « Plus qu'une passion, le cheval, c'est pour moi une manière de vivre. Ce qui me plaît vraiment, c'est le cheval de travail, l'école des ranches. » Le débourrage est la première étape et l'éducation est souvent longue. « Elle dure généralement trois ans, c'est un gros travail, explique-t-il. Il faut leur parler, être patient, les préparer pour qu'ils soient prêts. » Baup reste d'abord un formateur. De ses jeunes footballeurs comme de ses chevaux.
