De plusieurs choses l'une. C'est avant tout le choc de cultures, si je puis me permettre : d'une part, l'urbain de banlieue, aka le jardinier du dimanche, prétendant fièrement avec une pauvre imitation d'accent italien à ses convives médusés, pouvoir ciseler SON basilic sur SES tomates fraîchement récoltées sur SON petit balcon, tout en apportant une appétissante entrée à base desdites tomates et de mozzarella, croyant transporter l'assistance, flouée, au beau milieu de la Toscane ; et d'autre part, l'ingénieur agronome à la botte de Pioneer, nourrit à grand renfort d'OGM et de buckets KFC, qui ne peut concevoir la vie autrement que par l'openfield ou les calendriers John Deere, qui n'imagine la campagne que par satellite et connais les prévisions météo à sept jours d'Amiens, Poitiers ou Châteauroux.
Mais qui pourrait lui en vouloir ? Qui sommes-nous pour le juger ? N'avons-nous jamais succombé à cette drogue des céréales du petit déjeuner ? N'avons-nous jamais croqué dans du pop corn caramélisé ? Je crois surtout que ce jeune homme a perdu son âme d'enfant. Et c'est peut-être extrêmement régressif, mais loin de tout ce pataquès, les haies permettent d'abord de se balader à l'ombre et de profiter des mûres en cette saison, ou bien de créer une sympathique distraction lors des footings dès potron-minet, lorsque perdrix, lapins et autres belettes s'écartent ventre à terre et filent s'y cacher, devant nos pas conquérants. Et là, je pleure.