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Le second degré


vincent

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le second degré

Le "second degré", jentends ça à longueur de journée, et ça magace. Ca magace parce que trop souvent ceux qui prétendent en faire usage nont pas compris de quoi il sagit. Et encore, je laisse de côté ceux pour qui ça nest quun alibi destiné à leur permettre tout et nimporte quoi.

Lerreur courante consiste à prendre pour second degré ce quon dit sans le penser. Par exemple, si on insulte un juif « pour rire », alors quon nest pas antisémite. On va encore me dire que je prends un exemple extrême.

Exactement, je prends un exemple "extrême", parce que ce qui vaut pour une catégorie vaut pour une autre, donc pour comprendre de quelle manière fonctionne le soi-disant "second degré" sexiste, il est utile de le comparer à dautres formes de pseudo-humour similaires.

Souvent lerreur est de bonne foi. Peu mimporte. Je ne suis pas dans la tête des gens, je ne sais pas ce quils pensent, mais je sais ce quils disent lorsquils le disent devant moi. Sur ce qui est dit devant moi, jai le droit de porter un jugement, de même quautrui peut juger ce que je dis.

Donc, comme point de départ je propose cette distinction entre action et intention. Ce quon dit ne préjuge pas de ce que lon pense.

Mais ce qui et dit est dit, selon ladage. Un énoncé est un acte, un acte de langage mais un acte tout de même, au même titre que publier un article ou mettre une main aux fesses.

Donc, dire quelque chose que lon ne pense pas nenlève rien à ce quon a dit. Ce décalage nest pas, en soi, une altération du message. Par conséquent, dire une chose que lon ne pense pas nest pas en soi du second degré, et ne saurait lêtre.

Le second degré doit donc être signalé, explicité. Il y a de nombreuses manières de sy prendre. Mais puisquil sagit dexpliciter, les formes les plus subtiles, comprises dun cercle de proches, ne sont pas perceptibles par un public dinconnus ou presque inconnus. Quand lauditeur prend au premier degré des propos qui se voulaient au second, la faute peut provenir des deux côtés, et notamment de celui qui a parlé sans se tenir compte de ce que les éléments qui révélaient le second degré nétaient pas entre compréhensibles de son auditoire.

Le second degré est délicat car il joue sur les références. Pour être efficace, en plus des ressorts habituels de lhumour (caricature, outrance, décalage, absurde...), il doit trouver le moyen de souligner que celui qui parle nen pense pas un mot. Le ton, surtout à loral, doublé de lexpression du visage, peut suffire si lon a quelque talent approprié. Alors on peut même se permettre lantiphrase, figure de style consistant à exprimer le contraire de ce quon pense, sans équivoque, le plus souvent sur un mode descriptif ("quelle chaleur", alors quil fait moins 5 degrés, ou "manger des limaces pleines de terre, mais bien sûr jaime ça, cest même mon plat favori").

A lécrit la chose devient plus délicate.

Cest pourquoi le second degré généralement le plus efficace consiste à se saisir dun stéréotype et de le modifier, le "détourner". On montre alors aisément en quoi le stéréotype en est précisément un, une image fausse et caricaturale de la réalité. Encore faut-il quil soit perceptible clairement que cest bien du stéréotype que lon se moque, au lieu quon se contente de le recycler, de lui donner une nouvelle jeunesse.

Le second degré qui est perçu au premier degré est un échec, quel quen soit le responsable, lauteur ou le public, léchec est le même. Il y a échec parce que le référent nest pas le même pour tout le monde. Plus le public est large et plus léchec est probable. Si une tentative de second degré échoue, est perçu au premier degré, alors, tout simplement, CEST du premier degré, ni plus ni moins.

Le second degré est un humour qui se moque de lui-même. Il contient donc une critique de ce qui en serait le premier degré. Il est bien clair que tout ce qui est admis au second degré nest pas admissible au premier degré. Pourquoi ?

Parce que lhumour est une forme de lexpression. Une forme parmi dautres. Humour ou pas, le message est transmis, lacte de dire existe, ce qui est dit est dit. Lhumour nenlève rien au contenu du message. Une blague antisémite reste antisémite, une blague anti-belges reste anti-belges, une blague homophobe reste homophobe, une blague sexiste reste sexiste, une blague raciste reste une blague raciste. Répliquer "tas pas dhumour" est souvent un faux diagnostic, qui a linconvénient desquiver toute réflexion sur le contenu de la blague incriminée.

Une blague sur les belges nest pas nécessairement une blague anti-belges, mais elle peut très bien lêtre. Une blague sur les juifs peut être antisémite, mais il y a aussi des "blagues juives", qui ne le

sont pas. Une blague sexiste nest pas la même chose quune blague féministe, même si les deux prennent pour objet un sexe ou lautre.

Lhumour nest pas un talisman, il nest pas une excuse, il nest pas un antidote, il est juste une manière drôle de dire quelque chose, mais de le dire tout de même, indéniablement. La différence entre une blague sexiste et une non-sexiste nest pas que lune serait drôle et pas lautre, les deux sont potentiellement aussi drôles, mais lune est acceptables et pas lautre. Si lon estime que le racisme est répréhensible, et donc les plaisanteries racistes, alors on doit appliquer le meme raisonnement pour ce quon estime condamnable. Cela inclue le sexisme.

Enfin, cessons de croire que tout peut être analysé en une seule dimension. Une plaisanterie peut être prise au premier ET au second degré, tout simplement parce que le langage est complexe, que les jeux de références le sont tout autant, et quon dit rarement une seule chose à la fois. Il en va de même pour la publicité.

Prenons lexemple dune publicité pour des vêtements pour hommes. Sous différentes variations, on voit des hommes, notamment un jeune, habillés avec cette marque, entourés de femmes en maillot, très dénudées, très maquillées, aux poitrines abondantes et particulièrement mises en évidence, et ces femmes nombreuses entourent lhomme dont visiblement elles se sont entichées. Décriée par les féministes, cette publicité a été soutenue par lagence de publicité qui se défendait en invoquant le second degré.

Certes. mais encore ?

Il y a dans ces affiches à la fois un premier degré et un second degré. Le second degré porte sur lattraction provoquée par les vêtements : mets ces fringues et les nanas vont tomber. Là, évidemment, cest tellement gros que personne ny croit, cest une fausse naïveté et on est dans le registre du second degré.

En revanche, à lévidence il y a une utilisation de la femme-objet au premier degré. La manière dont ces femmes, qui toutes se ressemblent, sont dévêtues et dont tout est fait pour montrer les seins est très exactement sexiste, et vise à susciter le désir du spectateur. Seule lassociation fringues/tombeur peut invoquer le second degré, mais limage du "tombeur", elle, est bel et bien utilisée au premier degré, et ces femmes sont montrées telles quelles sont vues par le photographe etles publicitaires, en objets sexuels. Dans ce cas, lobjectivation du corps féminin, au coeur de la culture sexiste depuis des siècles, est poussée à son comble. Les publicitaires ont sans doute cru y mettre du second degré en accentuant le côté glamour des modèles et par leur nombre élevé. Mais ce faisant ils nont fait que rendre plus visible le fantasme de la femme-objet, ils nont fait que rendre plus visibles leurs corps, leur poitrine. Faute davoir compris en quoi le principe dune telle publicité est critiquable, ils ont accentué ce caractère alors même peut-être (soyons généreux) quils croyaient le faire disparaître.

Cest bien pratique davoir une expression magique derrière laquelle se réfugier plutôt que de réfléchir à ce quon dit. Cest pratique, mais cest surtout une grosse arnaque.

:shock::lol2::lol::lol:

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  • 5 years later...

UP pour Brutos !...

Il arrive un moment (et pour moi il est arrivé depuis un long moment..) où sous couvert de 2nd degré, tu es d'une lourdeur extrême avec Chubee en commentant tous ces posts...C'était drôle la première journée depuis 3 mois s'en est devenu beaucoup moins.

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Bah écoute excuse moi. Après je reste persuadé que chez lui aussi c'est du second degré donc voilà, pour moi ça reste juste un amusement.

T'as aussi la possibilité de m'ignorer, même si je pense pas du tout être le plus lourd en matière de second degré.

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Bah écoute excuse moi. Après je reste persuadé que chez lui aussi c'est du second degré donc voilà, pour moi ça reste juste un amusement.

T'as aussi la possibilité de m'ignorer, même si je pense pas du tout être le plus lourd en matière de second degré.

Des noms? :unsure2:

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Après je reste persuadé que chez lui aussi c'est du second degré

Non il est normal. Je le lis depuis au moins 8 ans et demi.

Des noms? :unsure2:

Tu m'étonnes, en matière de second degré je vois pas qui serait plus lourd que lui anéfé même pas FP.

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Bah écoute excuse moi. Après je reste persuadé que chez lui aussi c'est du second degré donc voilà, pour moi ça reste juste un amusement.

T'as aussi la possibilité de m'ignorer, même si je pense pas du tout être le plus lourd en matière de second degré.

Au niveau lourdeur avec Chubee, tu es dans les premiers....et tu n'as pas le talent d'un Dondiego (quoique lui aussi chutant dans mon estime en insistant avec Chubee).

Tes excuses sont acceptées et bonjour Vix :) !

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Au niveau lourdeur avec Chubee, tu es dans les premiers....et tu n'as pas le talent d'un Dondiego (quoique lui aussi chutant dans mon estime en insistant avec Chubee).

Tes excuses sont acceptées et bonjour Vix :) !

tl;dr

Je me suis arrêté à Dondiego.

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joles.jpg

Marion Jolès (j'aurai pu faire avec Régis, mais avouez que c'est moins glamour :ninja:) souhaite poser une question aux protagonistes :

"Où est la discussion popcornigène qui vous a amené sur ce sujet ?"

Marion, topic LDC, mais tu vas être déçue car peu popcornigène...

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