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Métaphysique


elkjaer

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  • 4 semaines plus tard...
  • 1 mois plus tard...

Il existe une infinité de terres, une infinité de soleils et un éther infini - ou, comme le disent Démocrite et Épicure, un plein infini et un vide infini, l'un placé dans l'autre

Giordano Bruno, 1584

 

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D'autres pensent que ce qui donne à Dieu le caractère de cause libre, c'est qu'il peut faire, à les en croire, que les choses qui découlent de sa nature, c'est-à-dire qui sont en son pouvoir, n'arrivent pas ou bien ne soient pas produites par lui ; mais cela revient à dire que Dieu peut faire que de la nature du triangle il ne résulte pas que ses trois angles égalent deux droits, ou que d'une cause donnée il ne s'ensuive aucun effet, ce qui est absurde. Bien plus, je ferai voir tout à l'heure, et sans le secours de la Proposition qui vient d'être démontrée, que ni l'intelligence ni la volonté n'appartiennent à la nature de Dieu.

Je sais que plusieurs philosophes croient pouvoir démontrer que l'intelligence suprême et la libre volonté appartiennent à la nature de Dieu ; car, disent-ils, nous ne connaissons rien de plus parfait qu'on puisse attribuer à Dieu que cela même qui est en nous la plus haute perfection : or ces mêmes philosophes, quoiqu'ils conçoivent la souveraine intelligence de Dieu comme existant en acte, ne croient pourtant pas que Dieu puisse faire exister tout ce qui est contenu en acte dans son intelligence. Autrement ils croiraient avoir détruit la puissance de Dieu. Si Dieu avait créé, disent-ils, tout ce qui est en son intelligence, il ne lui serait plus rien resté à créer, conséquence qui leur paraît contraire à l'omnipotence divine ; et c'est pourquoi ils ont mieux aimé faire Dieu indifférent à toutes choses et ne créant rien de plus que ce qu'il a résolu de créer par je ne sais quelle volonté absolue. Pour moi, je crois avoir assez clairement montré que de la souveraine puissance de Dieu, ou de sa nature infinie, une infinité de choses infiniment modifiées, c'est-à-dire toutes choses ont découlé nécessairement ou découlent sans cesse avec une égale nécessité, de la même façon que de la nature du triangle il résulte de toute éternité que ses trois angles égalent deux droits.

 

Baruch Spinoza, 1677

 

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Une autre interprétation de la mécanique quantique a les faveurs de nombreux physiciens et philosophes des sciences. Il s'agit de l'interprétation proposée par Everett en 1957 et qui est aussi

appelée  l'interprétation des  mondes  multiples.

De la mécanique quantique orthodoxe, l'interprétation everettienne supprime le postulat de projection de la fonction d'onde lors d'une mesure, et ne garde que l'équation de Schrödinger. Cette dernière est la seule et vraie équation du mouvement, à laquelle obéit tout état quantique. Il n'y a plus  d'ambiguïté dans  l'application   des  lois quantiques,  ni   dans  la définition  de  ce  qu'est  une « mesure ». 

L'interprétation d'Everett considère qu'il  existe une seule entité fondamentale, l'état ou la fonction  d'onde  (de   tout  l'univers).   Cet  objet  mathématique   est  interprété  comme  une  entité physique putative. C'est l'univers lui-même, en tant qu'il est une fonction d'onde, qui évolue selon l'équation de Schrödinger.

Une nouveauté radicale est introduite par l'interprétation d'Everett : certains états quantiques s'interprètent à l'aide de plusieurs mondes, au sein de cet univers. Considérons un atome décrit par l'état | ici > + | là >, dont on mesure la position. L'interprétation orthodoxe dit que les deux résultats possibles que l'on peut obtenir sont « ici » ou « là », et que l'on en obtient un seul. L'interprétation des mondes multiples, de son côté, affirme que les deux résultats sont obtenus, chacun dans un monde. Comme ce résultat dépend du monde auquel on se restreint, cela conduit à définir les états ou   les  faits  relativement  à  un   observateur    d'où   le  nom  de  « formulation   de  l'état  relatif » initialement donné par Everett. Si on parle parfois du résultat d'une mesure, c'est en fait par abus de langage, en omettant de préciser que cela se comprend relativement à un monde particulier. Pour l'univers dans son ensemble, il n'existe pas de fait à propos du résultat de mesure de la position de l'atome ; pour l'univers entier, l'atome n'a pas été mesuré « ici » ou « là ».

Les interactions quantiques ayant lieu entre les moindres électrons ou atomes suscitent un processus d'embranchement qui multiplie à chaque instant  le   nombre   de mondes, de sorte qu'il existe un nombre extraordinairement grand de mondes. Ce qui existe pour un everettien, c'est donc une myriade de mondes. Dans chacun de ces mondes, les grandeurs ont toujours des valeurs ; ces mondes sont donc d'apparence classique, et ils se composent d'objets (macroscopiques) qui  sont dans des  états  définis. Les différents  mondes  évoluent indépendamment  les uns des autres.   En particulier, les   autres mondes  sont  inobservables depuis  un  monde  particulier, ce   qui  explique pourquoi nous avons toujours l'impression qu'il n'existe qu'un seul monde.

L'univers   everettien  est  déterministe.   En  effet,   la  fonction  d'onde  de  l'univers  obéit   à l'équation de  Schrödinger, dont on a dit qu'elle est une équation déterministe. L'avenir n'est pas incertain, puisque tous les résultats de mesures possibles se produiront toujours. En revanche, les individus dans les différents mondes ont des expériences psychologiques différentes. Le cours du monde leur apparaît indéterministe, dans la  mesure où ils n'ont accès qu'à un seul monde. 

 

La Thèse de Hugh Everett est publiée en 1956

 

 

*****

 

 

Y a-t-il d’autres mondes qui sont d’autres manières ? Je prétends qu’il y en a. Je défends la thèse de la pluralité des mondes, ou réalisme modal, au regard de laquelle notre monde n’est qu’un monde parmi beaucoup d’autres. Il y a d’innombrables autres mondes, d’innombrables autres choses très inclusives. Notre monde est constitué de nous et de tout ce qui nous entoure, quel qu’en soit l’éloignement dans le temps et dans l’espace ; de la même façon qu’il est une vaste chose constituée de parties plus petites, les autres mondes sont également constitués de parties alter-mondaines plus petites. Les mondes sont semblables aux planètes lointaines, à ceci près que la plupart d’entre eux sont bien plus grands que de simples planètes, et qu’ils ne sont ni lointains, ni proches. Aucune distance spatiale ne les sépare d’ici, et ils ne sont ni éloignés, ni proches dans le passé ou le futur. Aucune distance temporelle ne les sépare du temps présent. Ils sont isolés : il n’y a absolument aucune relation spatio-temporelle entre les choses qui appartiennent à différents mondes. Ce qui arrive dans un monde n’est pas plus la cause de ce qui arrive dans un autre.

Les mondes sont nombreux et variés. Il en existe suffisamment pour fournir des mondes où (approximativement parlant) je finis [ce livre] à temps, où je n’existe pas, où absolument personne n’existe, où les constantes physiques n’autorisent aucune vie, où des lois entièrement différentes gouvernent les actions de particules étrangères possédant des propriétés étrangères. Il y a tant d’autres mondes, en fait, qu’absolument chaque manière possible dont un monde pourrait être est une manière dont quelque monde est.

 

David Lewis, 1986

 

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Toulouse FC 5 

FC Nantes 1

Finale de la Coupe de France, 29 avril 2033

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Le 26/06/2023 à 22:00, 3noze3 a dit :

A 10 ans près 👌

Parfaitement surtout que le deuxième point de ma métaphysique est que le temps n’existe pas de manière fondamentale mais seulement comme un phénomène émergent à notre échelle.

Bref que la vraie question métaphysique n’est pas “pourquoi quelque chose plutôt que rien” mais plutôt “pourquoi rien plutôt que tout et tout dès le premier instant” 💪

Il y a 23 heures, Ekelund a dit :

dans un monde paralèlle on l'a déjà gagnée 8 fois -_- 

Je pense que là tu sors du champ des possibles. 5 ou 6 à la rigueur mais pas plus. Par contre peut-être qu’il y en a un où on a gagné grâce à une panenka de Zebina.

Il y a 2 heures, Casimir a dit :

Et tout y est perpendiculaire.  

Bien évidemment tu n’as rien compris; c’est une idée bien trop simple pour un juriste :ninja:

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  • 2 semaines plus tard...

Le Temps est l'image mobile de l'éternité immobile.

Platon, -428 - 347

 ***

 Qu'est-ce donc que le temps? Si personne ne m'interroge, je le sais; si je veux répondre à cette demande, je 1 'ignore. Et pourtant j'affirme hardiment, que si  rien ne passait, il n'y aurait point de temps passé; que si rien n'advenait, il n'y aurait point de temps à venir, et que si rien n'était, il n'y aurait point de temps présent. Or, ces deux temps, le passé et l'avenir, comment sont-ils, puisque le passé n'est plus, et que l'avenir n'est pas encore? Pour le présent, s'il était toujours présent sans voler au passé, il ne serait plus temps; il serait 1 'éternité.

Si donc le présent, pour être temps, doit s'en aller en passé, comment pouvons-nous dire qu'une chose soit, qui ne peut être qu'à la condition de n'être plus? Et peut-on dire, en vérité, que le temps soit, sinon parce qu'il tend à n'être pas ?

Saint Augustin, 397

 ***

 [Si le temps s’écoule], on pourrait poser la question intelligible: «A quelle vitesse cela avance-t-il?» Nous devrions avoir besoin de postuler un hyper-temps par rapport auquel notre avance dans le temps pourrait être mesurée (seconde par hyper-seconde), mais il ne semble pas y avoir de raison de postuler une telle entité comme un hyper-temps. [...] De plus, quiconque pensait que l’écoulement du temps était nécessaire pour le temps voudrait vraisemblablement dire que l’écoulement de l’hyper-temps était nécessaire pour l’hyper-temps, et ainsi de suite à l’infini.

Smart 1963

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 Comment les choses seraient si le temps ne s’écoulait pas? Si nous supposons pour le moment qu’il y a un écoulement objectif du temps, nous semblons être capables d’imaginer un monde qui serait exactement comme le nôtre, sauf que ce serait un univers-bloc à quatre dimensions plutôt qu’à trois dimensions. Il est facile de voir comment cartographier des événements à des temps dans un univers dynamique sur des événements à endroits temporels précis dans l’univers-bloc. Entre autres choses, nos états mentaux individuels sont cartographiés, instant après instant. Mais alors nos copies dans l’univers-bloc auraient sûrement les mêmes expériences que nous.... Les choses seraient ainsi, même si nous étions nous-mêmes des éléments d’un univers-bloc.

Price, 1997

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 La non-fondamentalité du temps telle qu’on la rencontre dans la gravité quantique à boucles et dans la théorie des cordes, qu’elle soit interprétée de manière éliminativiste ou à travers le prisme d’un certain réalisme, implique l’éternalisme. Par conséquent, la dispute entre le présentisme, le non-futurisme et l’éternalisme pourrait bien être tranchée empiriquement en faveur de l’éternalisme standard, avec l’approche des champs bidimensionnels de la théorie des cordes, ou de l’éternalisme atemporel, avec la gravité quantique à boucles.

Baptiste Le Bihan, 2020

 

 

 

Bienvenue donc dans le multivers bloc. Vous avez dix minutes pour sauver la notion d'éthique dans une telle vision du monde :ninaj:

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