Gollum

Ils ne jouent pas dans la même équipe non plus... Delort, chez nous, était mauvais. Tu crois que Charbonnier est meilleur que Delort ? On a connu une époque, au TFC, où on avait une équipe solide et pas d'attaquant. La formidable époque des Santander, Tafer et autres Rivière. Là, oui, on avait des mauvais, devant. Et à l'époque -où on râlait déjà...- on se maintenait assez tranquille. On a inversé la séquence ensuite. De bons attaquants (Braithwaite-WBY), une défense moyenne, un milieu à chier. Et on a échappé à la relégation par miracle. Là, on cumule défense à chier, milieu à chier et attaque à chier. Mais si cette dernière est coupable sur le match d'hier (Koulouris plus que Sanogo), ce n'est pas à cause d'elle qu'on descendra en L2.

Le vrai challenge, pour moi, c'est la dizaine sur un match. On peut égaler le record d'Arles Avignon (trois victoires dans la saison) mais "égaler", ce n'est pas une apothéose. J'imagine qu'on doit être en course pour la pire défense de l'histoire de la L1 et ce serait bien sûr nettement mieux. Mais un 10, 11, 12 à 0 contre le PSG, Monaco, Lyon, Marseille ou Rennes -voire un club plus ordinaire- ça, ça signerait une oeuvre .

On peut même aller jusqu'à 40. Il a été nul durant les 5-10 premières minutes, exactement la période durant laquelle Sangaré a été correct. Puis Sangaré a disparu et Vainqueur a colmaté tous les trous du milieu, avec brio. Il y avait même longtemps que je n'avais vu, au TFC, un vrai milieu défensif ! Ensuite, tout ça se délite... Ceci dit, quant au fond, bien sûr que Vainqueur est insuffisant. Mais encore faut-il lui trouver mieux, dans cet effectif...

J'aurais plutôt dit une voiture électrique eu égard au problème d'autonomie... Mais c'est vrai qu'une Tesla, ça pulse. La métaphore n'est donc pas parfaitement adaptée. En fait, Vainqueur, c'est une sorte d'hybride. Il a la fois un problème d'accélérateur et de batterie. Mais bon, quand tu as Sangaré en dépanneuse, le moindre souci mécanique prend tout de suite des proportions dramatiques...

Ainsi qu'un 8 et deux latéraux. Bon, j'ai aucun doute quant au fait qu'un latéral gauche va arriver mais ce ne sera pas suffisant. Et il faudra que ce soient de bons joueurs de L1 bien que recrutés dans les championnats de Papouasie, du Vanuatu ou du Swaziland, c'est-à dire là où on ne verra sans doute pas d'inconvénient majeur à évoluer en L2 la saison prochaine. Non, vraiment, c'est pas gagné .

D'autant qu'envoyer des boucs dans une équipe de chèvres, ça peut rapidement devenir indécent .

Pas étonnant qu'on se fasse mettre par une N2 dès lors qu'y jouent nos meilleurs joueurs... Ceci dit, je parlais tantôt de Didot qui a mal vieilli, que dire de Chantôme ? Marrant car c'est l'un des très rares joueurs qui aura été meilleur chez nous qu'ailleurs (du moins après sa saison téféciste)...

Décidément, le passage de Kombouaré aura fait des dégâts...

Il a surtout dit que ni l'un ni l'autre ne pouvaient être considérés comme des erreurs de recrutement, du moins a priori. Il a raison, sur ce point, même si le prix de Saïd interpelle méchamment. Mais ce que dit Spidav est juste, à propos de Saïd : on peut défendre le choix de recrutement du joueur (son pedigree supposé) sans justifier son comportement. J'imagine qu'il n'a pas voulu charger la barque. C'est l'une des difficultés de cette conférence : Sadran est sommé de dire des choses mais il ne peut pas encore faire un bilan puisqu'il reste 19 matches à jouer et un espoir mathématique à entretenir. Et donc, il louvoie, il dit sans dire, il ne dit pas tout en disant. Et vice-versa .

Je pense aussi qu'une majorité de supporters veut d'abord des mecs capables de gagner un match de temps à autre. Ce qui suppose de respecter les fondamentaux (qu'il a opportunément rappelés) L'interview de Sadran est plutôt pas mal mais comporte évidemment des zones d'ombre et d'ambiguïté. Le "tournant du jeu à la demande du public" en fait partie. D'abord parce que ça ne veut rien dire (si "bien jouer" supposait de perdre les duels, plus personne ne s'y risquerait... Et d'ailleurs, le TFC ne sait jouer ni avec le ballon, ni sans...). Ensuite parce que le public a bon dos. Il n'est pas clair sur cette histoire...

Sur la reprise, c'est possible. L'idée d'une vente totale ne correspond pas tout à fait ce que j'ai entendu hier mais bon... Sa lassitude est cependant palpable et on l'entend dans l'argument "le foot a changé". Sur le management, on peut parfaitement laisser carte blanche à ses affidés, même sans être OK avec leurs décisions. Là où je te rejoins, en revanche, c'est qu'alors, l'échec ne peut pas ne pas être sanctionné. Et on connaît tous son souci avec ça. Je ne crois absolument pas que l'impasse dans laquelle est le club le laisse indifférent. Et du coup, je ne crois pas non plus à sa tirade "Soucasse et Arribagé ne sont pas mes amis". S'ils n'étaient pas ses amis, ils auraient subi le sort de Dupraz, Casa ou Kombouaré. Je pense que Sadran a une conception affective du foot. Son idéal de fonctionnement, c'est un quasi club amateur, fait par des potes, pour des potes, avec des joueurs attachés au maillot. Il est clairement en train d'admettre que ça ne fonctionne pas mais ça le gonfle. Du coup, je pense qu'il va assumer ses responsabilités (en termes de management et d'actionnariat) puis se retirer en douceur...

Deux bémols là dessus : 1. Je ne pense pas que le club "ne l'intéresse pas". Si l'on s'en tient à l'interview, il a fait le choix de déléguer et s'y tient. C'est possible dans la mesure où le truc qui m'a surpris ces dernières années, c'est le gap entre tout ce qu'il a toujours déclaré à propos de la L1 et l'orientation prise par ses managers. Il a semblé pour le moins perplexe à l'endroit de l'option "jeu" actée il y a cinq ans. Il a dit avoir été en désaccord avec le recrutement de joueurs has been (Imbula, Mbia et implicitement, Vainqueur). Difficile de savoir si c'est vraiment vrai mais il semble avoir "joué le jeu", ce qui est aussi une manière d'accabler le trio Casa-Arribagé-Soucasse. Par contre, vu ses derniers investissements et les responsabilités qu'il accepte, c'est compliqué de parler de désintérêt. Lassitude, évidemment mais c'est autre chose. En fait, sur Sadran, on lit ici que c'est un dictateur et ailleurs, un type qui s'en branle. C'est peut-être tout simplement un légitimiste à savoir un gars qui se tient à l'organigramme qu'il a défini... 2. Sur le repreneur, il a une phrase ambiguë, hier : il cherche un repreneur susceptible de partager "la stratégie" du club. Alors si c'est "définir la stratégie en tant que partenaire", soit. Si ça veut dire "accepter MA stratégie et filer des ronds", c'est un peu autre chose... Mais ça revient à ce que je dis plus haut, à savoir que pour ce qui concerne son propre rôle, il n'est pas toujours très clair...

Mieux vaut tard que jamais .

Non mais pas plus que moyen. Je note qu'il est un peu fantasmé, ici, ce qui se comprend mais bon... Mais OK pour changer ma parenthèse : (à part peut-être Trejo et Cahuzac)

J'ai trouvé que cette conférence était une sorte de puzzle. Les réponses aux questions que tu suggères, Sadran les a données à d'autres moments que ceux auxquels on se serait attendus. Quand Sadran dit "on est nuls à la récup" (donc sur les fondamentaux du foot), c'est une manière pour lui d'expliquer les échecs de Saïd et Koulouris. Mais il est emmerdé parce que c'est compliqué de charger le milieu et la défense même si inévitablement, le souci "défense centrale" a été évoqué. Ce qu'il n'a pas évoqué clairement, c'est pourquoi on n'a plus vu un milieu de terrain ne serait-ce que moyen, dans ce club, depuis des lustres (à part peut-être Cahuzac). En tout cas, on a le droit de le penser. Il a quand même eu des sous-entendus un tantinet menaçants... Voire d'ailleurs des entendus tout courts .

Intéressant. Disons que Sadran m'évoque un peu Kombouaré : bon analyste, piètre décideur même si, à demi-mot, il évoque des changements pour la suite. De cette conférence évidemment prévisible quant au fond (et comportant quelques éléments de langage insignifiants tels que "la confiance"), je retiens une petite hypocrisie et un sujet d'étonnement : 1. La petite hypocrisie consiste à dire "c'est la pire période de l'histoire du club depuis que je l'ai repris". J'y vois une manière de dire "nuls à ce point là, c'est surprenant donc c'était difficile à anticiper". Or, on sait tous que non et d'ailleurs, au début de sa conf, Sadran reconnaît que les difficultés datent de 4-5 ans. Même la gravité alléguée de la situation est discutable : à l'orée de la remontada, le club est autrement dans la merde (moins de matches à jouer, une dizaine de points à remonter). Mais bon, par ailleurs, les constats sont bien posés et indiscutables. 2. Le sujet d'étonnement décide dans le tournant "jeu" qui aurait été pris il y a précisément 4 ou 5 ans... à la demande du "public". Mais c'est qui le public ? Il l'a reçu dans son bureau ? J'ai jamais entendu parler d'un truc pareil d'autant qu'à la fin de la conf, il précise que le public toulousain, justement, préfère des types qui s'envoient que des types qui tricotent (j'espère qu'il a raison mais je sais toujours pas bien d'où il tire l'info). Alors, c'est sûr que le club a pris un tournant stratégique parfaitement inadapté à sa situation mais j'ai plus eu l'impression d'un fantasme casanovesque que d'une "demande du public"... Pour le reste, il semble pugnace.

Pour moi, y'a forcément une explication d'ordre physique quelque part, oui. Le psy suit... Et les exploits des N2 en coupe de france, c'est toujours un one shot qui ne peut pas s'appliquer à un championnat au long cours. D'ailleurs, à Brest ou contre Dijon, le TFC est un peu dans l'état d'esprit que tu dis : on se fait secouer sévère mais on revient (et contre Dijon, gagne) au forceps, en jetant toutes les forces dans la bataille. Ce qu'on sait maintenant c'est qu'en début de saison, cette équipe téféciste était en sur-régime, notamment sur le plan mental. Déjà morte mais sans encore le savoir et s'accrochant avec l'énergie du désespoir. Au bout d'un moment, quand tu vois que même en gagnant contre Amiens chez toi, tu te fais dominer toute la première période, quand tu vois que même en marquant des buts la moindre attaque adverse te plante (Rennes, Lyon), tu lâches. C'est humain.

Je pensais plutôt à ses coéquipiers...

Non, j'ai rien oublié. Mais cette saison, tu ne peux pas le faire. Tu ne peux absolument rien faire. C'est peut-être un souci de préparation physique ; toujours est-il que cette "équipe" n'e saurait être comparée à ses devancières parce qu'elle est bien pire. Avant, on jouait le maintien. Là, on ne joue absolument plus rien. Même Sangaré ou Amian ne sont plus les joueurs (déjà insuffisants) qu'ils ont été. Idem pour Gradel. Dès le premier match à Brest, je me suis ici fait tailler pour avoir relevé un match absolument calamiteux... J'espérais encore, à l'époque, que contrairement aux saisons précédentes, la préparation était pensée pour démarrer tranquille et monter en puissance. C'était une erreur : à l'époque, l'équipe parvenait encore à réagir durant trente minutes face à un promu. Aujourd'hui, c'est simplement trop dur de réagir, de faire semblant parce que ces joueurs n'ont rien dans le sac. Ils n'ont pas la moindre des compétences requises par notre championnat. Rien à voir avec le nombre de défensifs ou d'offensifs que tu alignes. Tu peux perdre un match de temps à autre parce que tu t'es trompé de tactique ou de choix de joueur. Mais quand une équipe perd tout par deux ou trois buts d'écart, quels que soient ses joueurs, on a largement passé le seuil du détail tactique. On peut discuter à l'envi des causes de ce ratage. Évidemment, la conception de l'effectif et le niveau des joueurs recrutés sont en première ligne. Mais dire que l'on pouvait faire autrement avec ces peintres là, c'est purement et simplement fantasmagorique.

Tu enfonces des portes ouvertes (on est forcément d'accord sur tout, en fait...) sinon que tu te leurres sur le point suivant : je suis le premier à toujours recommander des équipes plutôt défensives, en L1. Mais cet effectif ne compte pas UN type sachant défendre. Pas un. En conséquence, si tu fais une équipe à 8 défensifs nuls, t'as toujours une équipe nulle, sûre d'encaisser plein de buts. Et comme t'as plus que deux offensifs, à moins que l'arbitre ne te siffle un péno pour une faute dans le rond central, t'as 0 chance de planter. Je suis sidéré que quelqu'un puisse encore penser qu'avec ces joueurs là, il existe une porte de sortie tactique ou autre au marasme (d'autant que tout a été essayé par nos deux coaches...).

La barrière du football risque d'être plus compliquée à surmonter...

Avec ces joueurs là ???? Si tu as raison, il faut vraiment le rappeler tout de suite . J'ai d'ailleurs cru comprendre que c'était dans les tuyaux . Pour ce qui est du débat, je n'ai rien déplacé du tout. Dupraz a surestimé la qualité de son milieu et à cause de ça, l'équipe défendait mal.

Ses offensifs auraient été autrement plus performants (le cas Delort est emblématique...) si son milieu avait été simplement moyen. Or, comme les autres coaches, il s'est planté sur le milieu, c'est-à dire la clé de voûte de toute équipe de foot. Car je vais t'apprendre un truc : l'attaque ne dépend pas que des attaquants, pas plus que la défense ne dépend seulement de tes défenseurs. Tout est lié au milieu de terrain : regarde, à Monaco, ce que sont devenus Jemerson et Glick depuis que Fabinho est parti . Regarde, à Montpellier, ce qu'est devenu Delort depuis qu'il joue dans une équipe conquérante au milieu. Or, chez nous, ça fait cinq ans que le milieu pète tous les records de nullité, sur les plans offensif et défensif. On a eu de bons attaquants qui faisaient beaucoup avec rien (WBY, Braithwaite, Gradel). Et des défenseurs centraux simplement moyens, ce qui est déjà énorme. Le TFC de Dupraz 2017 défendait et attaquait mal parce que son milieu était nul (sans parler de ses latéraux) mais devant et derrière, c'était médiocre voire moyen, ce qui est suffisant pour prétendre au maintien dans un championnat aussi faible que le nôtre. La différence entre cette année et les saisons précédentes vient de ce que cette saison, attaque et surtout défense se sont mis au diapason d'un milieu de terrain opiniâtrement minable. Du coup, plus rien ne compense cette faiblesse récurrente de l'équipe. (pour ce qui concerne l'économie, il y a heureusement plein de manières d'en faire, de la penser, de la concevoir. Et l'économétrie n'est vraiment pas ce qu'on a fait de mieux mais bon...)

En effet . Belle bête. On verra ce que vaut son jeu au pied .

Tu devrais te désintoxiquer des stats. Les chiffres peuvent aider à étayer un argumentaire. Ils ne peuvent pas constituer l'argumentaire... Un petit rappel, donc : quel est le style de jeu que Dupraz voulait impulser ? Pas des remontées du ballon partant du gardien et censées être dangereuses au bout de 94 passes latérales et 23 "circuits de transmission" ou autre crétinerie pseudo intello de ce genre made in Casanova... Non. Dupraz voulait jouer haut, presser, récupérer, aller vite devant. Une excellente philosophie, mise en oeuvre par les clubs qui, dans nos eaux budgétaires, se sauvent facilement et peuvent même viser plus haut. Il fallait donc à Dupraz des défenseurs et des milieux agressifs au bon sens du terme, capables de gagner la bataille défensive pour "transitionner" efficacement. Il a pensé qu'il avait ces joueurs là, à l'été 2017. Il s'est trompé. Comme les autres, il a surestimé la valeur de son effectif et ça a fini par le flinguer. Cette surestimation est d"abord défensive : offensivement, il avait à peu près la percussion requise et d'ailleurs, sous son règne, on obtenait plein de pénos. C'est dans la récup et le duel que son projet de jeu a péché...