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Football thaïlandais...comment? Oui je sais.


elkjaer

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Aujourd’hui c’est la veille de Songkran, le nouvel an thaïlandais. Bangkok s’est vidé de bon nombre de ses habitants repartis à la campagne faire la fête en famille et avec les amis.

Et Songkran c’est ça pendant trois jours :

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Malheureusement c’est aussi ça pendant une semaine :

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La Thaïlande est numéro deux mondial des tués sur la route juste derrière…la Libye.

Bref Songkran c'est une alternance de fête et de gueule de bois, de jeux d’eau sans limite et de douche écossaise.

Personnellement je vais aussi fuir Bangkok et l’agitation pour aller sur mon île préférée : bungalow rudimentaire au bord d’une grande plage, aucune voiture autorisée sur l’île, et fêtes de Songkran dans une ambiance bon enfant par un mélange de locaux et touristes sous l’œil des calaos et des aigles de mer :love: Peu de wifi et 4G également donc il faudra attendre 8 jours au minimum pour le prochain épisode.

Mais bon avant tout ça, le Port FC recevait samedi dernier le PT Prachuap. Et les lions ont dévoré tout cru d’inoffensives abeilles qui ont pourtant la réputation d’être tueuse :

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Un tel tableau d’affichage ça fait rêver le supporteur toulousain qui sommeille hiberne en vous depuis plusieurs saisons non ?

La victoire mit quand même un peu de temps à se dessiner. A la 40ème minute, toujours 0-0. Mais l’équipe de la très riche Mme Pang c’est ce que le money time veut dire. Au retour au vestiaire : 3-0

C’est le Ben Yedder local, Bordin Phala qui ouvre le score et qui a globalement illuminé ce match de toute sa classe. Star du futsal au sein du Port FC il a été amené sur le grand pré petit à petit sa technique fait maintenant des ravages. Sur son flanc gauche il a complètement fait éclater la défense de Prachuap. Kevin Deeromram et le coréen Seul-qui Go ont marqué leur deuxième but de la saison pour creuser l’écart avant la mi-temps.

Tempo plus doux en deuxième période mais le maître es-coup franc du Port FC, Pakorn Prempak, marque son troisième but de la saison suivi plus tard par le super-sub Arthid Bootjinda qui a lui aussi inscrit son troisième but de la saison et commence à menacer la place de titulaire de Boskovic qui pour le moment n’arriverait pas à placer une balle de golf dans le trou noir de Messier 87.

 

 

La triste sortie de Sukothai est déjà oubliée et après avoir marqué 9 buts en 4 jours, le Port FC a retrouvé sa place de leader profitant du report du match du désormais ex-leader Buriram United face au PTT Rayong. Prachuap redescend à la troisième place. Et oui il ne fat pas oublier que l’équipe laminée au PAT Stadium faisait jusqu’ici la course en tête dans la League.

Sinon ça se complique déjà pour Marco Simone. Le Ratchaburi FC a été battu 2-0 à la maison par une équipe de Chiang Rai renaissante. Une victoire pour commencer suivie de deux défaites, une douzième place, le siège de l’italien est déjà chancelant.

Le Bangkok United a repris du poil de la bête en battant Suphanburi 4-0 avec deux buts de Bonilla…pas d’excitation il ne s’agit pas de Victor mais de Nelson, international salvadorien, déjà auteur de 5 buts cette saison. L’autre club de la capitale, le Muangthong United, continue sa descente aux enfers après une défaite 3-1 face aux Swat Cat de Nakhornratchasima dont le deuxième but a été marqué par Chitchanok Xaysensourinthone. La bonne nouvelle c’est que le prochain adversaire du Port FC après la trêve de Songkran est non pas Nakhornratchasima mais bien le Muangthong United pour le premier derby de la saison. Ca vous laissera un peu plus de temps pour apprendre à prononcer correctement le nom du joueur Lao-Thai-Suisse des Swat Cats.

On se retrouve après les fêtes. Sawasdi Pi Mai à tous.

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  • 4 semaines plus tard...

Episode 31

Il s’en est passé des choses depuis la dernière fois. Dans le désordre, une couronne et une reine pour Sa Majesté, les festivités du Nouvel An Thaïlandais, le sacrifice de deux serpents par un conducteur de mercedes sur l’une des grandes artères de la capitale, la fermeture en vue de destruction du flyover de Klongtoey qui me permettait de gagner 20 minutes de temps de trajet bordel de merde sans compter que c’était l’occasion chaque jour d’avoir une jolie vue sur le PAT Stadium, admirez la transition, et donc deux matchs du Port FC.

Ce qui nous donne en images

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https://youtu.be/8rllTIKZbVQ 

:ninja:

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:angry:

 

Et pour les 8ème et 9ème journée de la League 1 on va en parler maintenant mais sans traîner car la dixième arrive très vite.

Le 20 avril dernier le Port FC jouait son premier derby de la saison chez les anciennement redoutables Kirins de Muang Thong United. Reoutables ? Pourquoi anciennement ? C’est quoi un Kirin.

Et voilà je voulais passer vite mais ça va pas être possible. Donc redoutable car ce club du nord de la capitale se partage depuis dix saisons les titres avec l’autre United, celui de Buriram : 4 pour les premiers et six pour les seconds. Anciennement parce que depuis le début de la saison c’est le grand plongeon, déjà un coach viré, 6 défaites et 14 buts encaissés, et une lanterne rouge. Bon et les kirins alors ? Ben le kirin ou Qilin c’est une chimère chinoise moitié cerf, moitié cheval, moitié lion, moitié licorne, moitié des dragons et encore des tas d’autres moitiés de zanimaux  suivant les représentations. Selon la tradition c’est un Qilin qui est venu baptiser Confucius qui n’était lui pas la moitié d’un sot. Cet animal mythologique est depuis associé à la sagesse mais il était déjà des siècles avant symbole de paix et prospérité.

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La prospérité je veux bien parce que Muang Thong est le club le plus riche du pays avec le patronage de Siam Cement Group, multinationale thaïlandaise, première valeur de la bourse de Bangkok et qui donne des claques sur le dos à ses amis de Lafarge. Par contre la paix faut pas déconner, les fans de Muang Thong sont historiquement les premiers ultras du Royaume et parmi leurs pires ennemis : la Klongtoey Army. En 2009 un match entre les deux équipes en Kor Royal Cup avait dû être annulé (qualification donnée à Muang Thong) à cause d’émeutes et en 2016, l’armée et la police était intervenues sur l’autoroute ou des bagarres avec armes opposaient les groupes de supporteurs des deux équipes : 20 blessés hospitalisés répartis également entre Port FC, Muangthong et forces de l’ordre.

Dans l’effectif, plusieurs internationaux thaïlandais et une curiosité, le brésilien Heberty. En soi rien d’extravagant un énième brésilien de la ligue passé par des clubs mineurs du Brésil avant le Japon, l’Arabie Saoudite puis la Thaïlande mais jamais le Timor Leste. Et pourtant le bonhomme à un passeport du Timor Leste. En fait à partir de 2012 la fédération du Timor Leste a souhaité donner un coup de pouce à son équipe nationale. Plusieurs joueurs d’origine brésilienne naturalisés étaient déjà dans la sélection mais la fédération s’est dit pourquoi pas plus. Résultat le "recrutement" d'une douzaine de joueurs évoluant sur le continent asiatique et n’ayant jamais mis les pieds dans ce pays aux plages magnifiques et aux crocodiles de mer affamés. Dont Heberty. Le 8 octobre 2015 en match de qualification pour la coupe du monde 2018, le modeste Timor Leste aligne 7 brésiliens fraîchement naturalisés et tient en échec la Palestine. La Fédération palestinienne qui sait bien ce qu’injustice veut dire, porte plainte et l’AFC (fédération asiatique) lui donne raison. Les brésiliens du Timor peu timoré (ça c’est fait) deviennent inéligibles. Heberty ne portera finalement jamais le maillot du Timor Oriental.

Fin de la parenthèse. Et retour au match. Sans les supporteurs du Port FC dont le court déplacement était encore interdit cette saison rapport aux bagarres citées plus haut. Et oui @LaCroix ici aussi.

 

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Première mi-temps soporifique, et oui ici aussi @FrancisCaibrel . Et en deuxième ça s’anime sous la pression du Port FC et le WBY local, Bodin Phala, ajuste avec talent le gardien de Muang Thong, à ses heures perdues titulaire de l’équipe nationale du Vietnam, Dang Van Lam.

Watchara d’une belle parade évite l’égalisation et quasiment dans la foulée à l’issue d’une superbe action Sumanya donne sa deuxième passe décisive de la soirée pour Nitipong le latéral droit qui n’a plus qu’à pousser le ballon dans les filets  :love: 

Il y aura bien quelques frayeurs en fin de match après la réduction du score de Weerawut mais le Port s’impose chez un rival historique et conserve donc la tête du championnat.

Quelques jours plus tard le Port FC recevait Suphanburi. On en parle demain.

 

https://youtu.be/AtXs1Zq7yks

 

 

 

 

 

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  • 2 semaines plus tard...

Episode 32

 

Ça ne va décidemment pas du tout. La semaine dernière je vous promettais de rattraper les deux matchs de retard que j’avais et maintenant j’en ai trois.

Quand on en est là l’idée c’est d’entrer directement dans le vif du sujet et de vous raconter rapidement le thriller qu’a été le match du 27 avril dernier face à Suphanburi. Et c’est bien sûr ce que je ne vais pas faire.

D’abord parce que Suphanburi c’est le Nashville thaïlandais, la ville de la musique folk nationale le Luk Thung, littéralement "enfant des champs". C'est la musique qu'on joue pendant la fête du village au milieu des chèvres et des poules comme dans la scène inaugurale de Monrak Transistor, mon film thaïlandis préféré:

 

 Bien entendu les plus populaires parmi les chanteurs quittent les champs et les buffles de rizières pour le bling bling et les grosses voitures :

 

 

Ensuite parce que Suphanburi c’est un le site d’un évènement fort du patriotisme siamois, celui de la victoire du Roi Naresuan contre l’envahisseur birman. Il faut voir Naresuan comme un mélange de Jeanne d’Arc et de Gaulle, la figure emblématique du patriotisme siamois. L’histoire est hollywoodienne. En 1569 les birmans mettent la pâtée au Royaume de Siam d’Ayutthaya, et emportent le Prince Naresuan alors âgé de 7 ans. Le captif est élevé à Pegou, capitale du monarque Birman, Bayinnaung, le « Roi des Dix Directions ». Il passe presue une dizaine d'années avec son alter ego le prince Miyngi Swa, fils du Roi Birman. A l’age de 16, il est échangé contre sa sœur la princesse Suphan Thevi. De retour à Ayutthaya, Naresuan arrête immédiatement de payer l’impôt de l’armée conquérante, repousse une première fois les troupes birmanes puis à Suphanburi le 18 janvier 1593 il affronte dans un duel à dos d’éléphant son compagnon de jeu, Myingi Swa. Et bien sûr il le trucide avec sa lance.

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Lors de la deuxième conquète d’Ayutthaya les birmans ne feront pas la même erreur ; ils raseront tout…

Pour la petite histoire, 400 ans après que Naresuan ait fait mordre la poussière à Miyng Swa, Suphanburi sera de nouveau en quelque sorte au sommet de la nation, avec la nomination de Banharn Silpa-Archa au poste de Premier Ministre. Banharn, comment dire, c’était un peu le Jacques Médecin de Suphanburi. Pour les plus jeunes, Médecin a longtemps été maire de Nice et à côté de lui Balkany c’était un enfant de cœur. Banharn a fini sa carrière politique avec tellement de casseroles que lorsqu’il se déplaçait il faisait sans doute plus de bruit qu’il n’y en eu durant toute la bataille de Suphanburi.

 

Le décor est planté, revenons au foot

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Et oui bien sûr, l’éléphant de Naresuan sur le logo du club. D’ailleurs, un dessin animé très populaire ici raconte l’histoire de Khan Kluay l’éléphant de Naresuan. Sapetite copine s’appelle Chaba Kaew qui n’est autre que le surnom de l’équipe nationale de football féminine qui jouera la coupe du monde en France cet été.

Le surnom des joueurs de Suphanburi : les éléphants de guerre évidemment.

Suphanburi est un des clubs les plus importants depuis les débuts du football professionnel avec des titres en 2002 et 2004. Après un passage à vide, le club avait repris des couleurs grâce à…Dragan Boskovic en 2012 (2ème) et 2013 (3ème) mais depuis trois saisons c’est le retour dans le ventre mou.

Avant de se rendre au PAT Stadium, le Suphanburi FC était 12ème, timidement porté par sa doublette d’attaque brésilienne Cleiton / Reis.

Les deux brésiliens vont pourtant faire des misères au Port FC. Reis ouvre le score sur un ballon mal renvoyé par Watchara à la 27ème minute et alors que Bodin Phala était bien présent pour reprendre victorieusement un bijou de centre de Sergi Suarez à la 49ème minute, c’est Cleiton qui redonne l’avantage aux éléphants sur les lions peu avant l’heure de jeu.

Heureusement Sergio Suarez et Bordin Phala remettent le couvert et l’espagnol sert en retrait son talentueux compère qui d’une volée marque son quatrième but de la saison : 2-2. Il reste un quart d'heure.

Le Port FC pousse alors mais sans génie jusqu’à trois minutes de la fin où se produit le miracle : Dragan Boskovic bien servit encore une fois par Sergio Gomez (3 passes décisives) file vers le but adverse, et tel Naresuan, lui aussi met à terre la maison qui l’a nourri quelques saisons auparavant. Un vrai miracle car c’est le premier but dans le jeu du monténégrin cette saison.

Le Port FC s’en sort miraculeusement et consolide sa place en tête de la League.

 

On se quitte avec la Reine du Luk Thung, Pumpuang Duangjan, morte à Suphanburi le 13 juin 1992. Elle était née 31 ans plus tôt seulement, à Chainat. Ca tombe bien, Chainat c’était l’adversaire suivant du Port FC.

 

 

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Episode 33

 

On va reprendre là où je vous avais laissé c’est-à-dire à Chainat, lieu de naissance de la star de la chanson populaire thaïlandaise : Pumpuang Duangjan. Cette femme de la lune (c’est la traduction littérale de son patronyme) qu’on appelait affectueusement l’abeille n’a guère eu de temps de déguster le miel de la vie et du succès ni jamais connu la mer de la sérénité. Elle n’avait que 31 ans lorsqu’elle est morte officiellement d’une maladie du sang, officieusement d’une overdose, soit 7 ans de moins que son équivalent masculin Surapol Sombatcharoen dont je vous avais déjà relaté l’assassinat dans un épisode précédent.  

Il ne fait pas bon être une vedette du Luk Thung en Thaïlande.

L’histoire de Pumpuang l’abeille a pourtant longtemps tenu du conte de fée. Fille de pauvres fermiers, elle a travaillé toute gamine dans les champs de canne à sucre, boulot qui a la réputation ici d'être le plus pénible qui existe. Totalement illettrée, elle avait une mémoire extraordinaire pour retenir les paroles des chansons. Et elle avait une voix. En 1976 à l’âge de 15 ans elle est repérée par un groupe de passage dans son village et sa carrière va dès lors prendre la trajectoire d’une fusée. 15 ans au firmament à aligner les succès et à enrichir ses agents et amis, puis une descente encore plus rapide, en un an fauchée et détruite. Puis morte donc.

Enfin tout ça pour dire que le Port FC en déplacement à Chainat, cette petite ville bordant le fleuve Chaophraya, 200 km en amont de Bangkok, c’était difficile de ne pas évoquer celle qui telle une Dalida thaïlandaise fait encore pleurer ici sous les chaumières.

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Revenu en L1 après deux saisons aux échelons inférieurs les calaos (hornbills) de Chainat sont des spécialistes du ventre mou (14/10/14/13 lors de leurs 4 saisons dans l’élite). Pour info les seuls calaos que vous verrez dans la ville sont ceux de la célèbre attraction de la ville, le Chainat Bird Park.

Le match ? Justement il n’y en a pas eu. Boskovic ayant réouvert son compteur la semaine précédente, il a enchaîné avec un doublé : une tête bien ajustée et un but style so-TFC après une toile du gardien local. Et un joli troisième par le remplaçant Nurul. Veni Vidi Vici. Le Port FC version conquérant n’en finit plus de consolider sa première place.

C’était court ? Oui mais ça permet de ne plus avoir qu’un match de retard : celui disputé la semaine dernière, le derby face au redoutable Bangkok United, adversaire pour le titre.

 

 

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  • 2 semaines plus tard...

Episode Wing

 

Cet épisode est bien sûr dédié à @Wingeeky, notre sauveur à tous, ainsi qu’à @LutherBlissett qui nous héberge maintenant, nous tous petits êtres virtuels, dans sa modeste cave qui, aux lumières clignotantes du serveur, prend des airs de boîte de nuit du genre de celles que luther amusait de ses pas de danse appris de @FranckProvostIV. Mais je vous parle d’un temps bien avant le naufrage de la surconsommation d’aloe vera. Une plante que l’on trouve en abondance en Thaïlande. Voyez comme tel un chat je retombe toujours sur les pieds de mon récit. Et tiens au passage petite leçon de Thaï, « chat » se dit ici « maew ». Ici on ne s’embarrasse pas d’étymologie complexe, on appelle un chat un chat.

Bien. Rappelez-vous. Je vous avais laissé après une cinquième victoire consécutive (14 buts marqués 2 encaissés sur la période), bien entendu en tête de la league, un Bordin Phala plus virvoltant que jamais, un Sergio Suarez au sommet de son art et un Boskovic retrouvant le chemin des filets.

 

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Elle est contente Mme la Présidente

Se profilait pour cette 11ème journée, le derby face à Bangkok United, supposé gros adversaire pour le titre mais ayant déjà laissé pas mal de points en route. Avant ce match « Les Anges » ont déjà 8 points de retard sur les Lions.

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Pour ceux qui s’étonnent d’un tel surnom, je rappelle que les thaïlandais n’appellent pas leur capitale Bangkok mais Krungthep : la Cité des Anges. D’ailleurs le vrai nom de la ville est Krungthepmahanakhon Amonrattanakosin Mahintharayutthaya Mahadilokphop Noppharatratchathaniburirom Udomratchaniwetmahasathan Amonphimanawatansathit Sakkathattiyawitsanukamprasit c’est-à-dire la Cité des Anges, Grande Cité des Immortels, Magnifique Cité des Neuf Gemmes, Siège du Roi, Cité des Places Royales, Demeure des Incarnations des Dieux, Construite pare Vishvakarma sur l’ordre d’Indra. Poil aux bras.

En fait à l’origine Bangkok n’est qu’un quartier « Bang » . Que le kok désigne les pruniers de Java ou les olives ou encore autre chose on en discute encore ici mais bon ça reste un quartier. Et donc ici des Bang il y en a en pagaille: Bangkapi (quartier de la pâte de crevette), Bangrak (quartier de l’amour), Bangna (quartier du champs de riz), Bangsue (le quartier des gens honnêtes) etc.

Et dans quel quartier se situe le Bangkok United ? Et bien dans aucun quartier de Bangkok puisque le club réside à Pathumthani, la province frontalière au nord de Bangkok, celle où l’immense capitale s’estompe peu à peu pour laisser place à d’immenses champs de riz dont les premiers sont encore coincés entre autoroutes et buildings. Historiquement le Bangkok United c’est le Bangkok University FC (changement de nom en 2009) club formé par les étudiants du campus de Rangsit à Pathumthani. L’année suivant le changement de nom le club est repris par True Corporation, le groupe qui a supplanté en communication mobile celui de l’ancien premier ministre thaïlandais, éphémère propriétaire de Manchester City, Thaksin Shinawatra, en fuite depuis 12 ans et qui tire encore largement les ficelles du principal partir d’opposition ici. Selon certaines rumeurs il serait dans les rangs pour racheter Crystal Palace.

Titré en 2006 en tant que Bangkok University, le club tourne autour du succès en tant que United. Sur les trois dernières saisons c’est 2ème / 3ème / 2ème. Le club a de gros moyens, regorge d’internationaux mais a jusqu’ici toujours buté sur le Buriram United ou le Muang Thong United.

Dans l’effectif, on pourra mentionner une ancienne future star du RC Strasbourg, le franco-thaï Tristan Do passé par le Gazelec Ajaccio et qui est aujourd’hui l’une des stars incontestées du football thaïlandais sur et en-dehors du terrain. La balèze défenseur central brésilien Everton qui fait à chaque match un gros chantier dans les deux surfaces. L’autre brésilien, Robson, ancien buteur en série à Parana dans le deuxième échelon du foot brésilien. Et enfin et bien sûr, Bonilla.

Rasseyez-vous, ce n’est pas Victor en retraite sous les tropiques mais Nelson. International salvadorien (14 buts en 40 sélections) passé avec une certaine réussite par la Roumanie puis l’Azerbaïdjan avant de faire exploser les compteurs (25 buts en 33 matchs) la saison dernière à Sulhothai. A près d’un million d’euros c’est l’un des gros transferts de la dernière intersaison ici.

Le PAT Stadium est plein à craquer, c’est l’occasion de mettre le voisin déjà presque hors de portée, un décor de fête quoi…sauf que durant la semaine 5 fans du Port FC sont décédés lors d’un accident de bus au retour du déplacement à Chainat. Parmi les 5, l’un des leaders de la Klong Toey Army : Spiderming.

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Hommage des joueurs, discours couvert de larmes de Mme Phaeng et deux minutes de silence au seuls sons des drapeaux claquant dans le vent.

 

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Peut-être encore sous le coup de l’émotion le gardien du Port FC fait une grosse boulette après deux minutes de jeu mais plus de peur que de mal. La suite c’est une première mi-temps de très haut niveau, extrêmement vivante, avec beaucoup d’engagement comme celui d’Elias Dolah sur un corner de Sumalya à la 12ème minute pour l’ouverture du score. Malheureusement pas encore revenus de la joie du premier but, les lions se font prendre dans la minute suivante sur une passe de Sanrawat plein axe pour Bonilla qui avec ludicité justifie son statut de bête noire pour l'équipe locale, marquant son 5ème but en 3 matchs face au Port FC. Et déjà le dixième en 11 matchs cette saison pour lui! 1-1

Rien de plus n’est marqué en première mi-temps malgré plusieurs opportunités et parades des gardiens dont une superbe du gardien des Anges sur une frappe de Sergio Suarez. Michael Falkesgaard, le gardien dano-philippin on philippo-danois, international U18, U19, U20 au pays de son père, international chez les A au pays de sa mère, et probablement le meilleur gardien de la League thaïlandaise.

La deuxième mi-temps sera moins animée sur le plan du jeu mais virera à un gros combat physique jusqu’à un quart d’heure de la fin quand Sergio Suarez est crocheté un bon mètre à l’intérieur de la surface, l’arbitre donne coup franc à la limite de celle-ci, une mêlée s’ensuit, les Anges contestant la faute, les Lions indiquant que celle-ci était dans la surface, Suarez énervé balance le ballon sur la nuque d’un adversaire, carton rouge, nouvelle mêlée.  

Le match reprend et le coup franc n’est pas cadré. Enervement maximum des deux côtés. Boskovic allume chaque adversaire qu’il croise sur son chemin et c’est à chaque fois à deux doigts de partir en couilles. Le match arrive cahin-caha à sa fin lorsque Bonilla réussit un slalom au milieu des tacles rageurs et limites de Dolah et Todsapol pour être finalement devancé d’un cheveu par Watchara. Sur le contre grosse faute d’un joueur de Bangkok United et nouvelle mêlée avec insultes et rouge pour le passeur décisif sur l’égalisation, Sanrawat. Dernière mêlée puis coup de sifflet final en avance d’une ou deux minutes d’un arbitre inquiet pour son intégrité.

Bref un magnifique derby et des Anges qui ont ramené le Port FC à la réalité. Le chemin du titre ne sera pas qu’une petite promenade de santé.

N’empêche, le Port FC conserve la tête avec deux points d’avance sur Chiang Rai United (5 victoires et 2 nuls lors des 7 derniers matchs) et 4 points sur le tenant du titre Buriram United qui compte un match en moins.

Des nouvelles de Marco Simone ? Il a rééquilibré son bilan à la tête de Ratchaburi: 3V-2N-3D après une victoire 3-0 à Chainat avec un nouveau but de Steven Langil, le cinquième de la saison, à une longueur de Yannick Boli muet depuis plusieurs matchs.

La suite pour le Port FC c'est un déplacement chez de surprenants cinquième de la League, les Maew Phikats de Korat. Et si vous m’avez suivi vous aurez compris qu’il s’agit de chats auxquels s’ajoute le charmant qualificatif de Massacreurs ou Ecraseurs.

Korat c’est aussi là que se sont déroulés les obsèques de Spiderming, incinéré comme il se doit avec un maillot du club signé de tous les joueurs.

Deux gros bus de fans se sont rendus sur place pour lui rendre un dernier hommage

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En attendant la suite, la bise depuis mon quartier de Bangkolaem, le quartier des "Malins".

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Episode FF

Et oui. Pour fêter la survie du forum, deux épisodes pour le prix d'un. Et après @Wingeeky celui-ci est dédié @FF bien sûr.

Dans l’épisode précèdent je vous avais un peu parlé de chat, "meaw" en Thaï. Du coup vous l'avez compris le miaulement ici est perçu pareil que chez nous. Ce n’est pas pas pareil pour tous les animaux, par exemple ici une grenouille ne fait pas croa croa mais kob kob, d’où son nom : kob. Le chien ne fait pas ouaf ouaf mais hong hong. Le canard fait kap kap et le coq ne fait pas cocorico mais quelque chose comme éykyèkyèk !

Pourtant ce n’est pas que les animaux aient un jargon particulier en Thaïlande c’est juste la façon d’entendre les sons qui est différente. Mais le chat c’est maew et on va en parler un peu plus aujourd’hui pour la bonne raison que le Port FC affrontait pour la 12ème journée le Nakhon Ratchasima Mazda FC.

Quel rapport avec les chats ? Je vous l’ai dit la semaine dernière, le surnom de cette équipe c’est Swatcats, les Chats Massacreurs.

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Et s’ils ont pris ce surnom ce n’est pas un hasard c’est que la ville de Nakhon Ratchasima est aussi connue sous le nom de Khorat, nom qui n’est pas sans résonnance pour les amateurs de félins.

Les moins perspicaces d’entre vous, coucou @Ekelund, se doutent que les siamois sont originaires du Siam mais le pays compte également une deuxième race de chat très populaire : le korat qu’on confond volontiers en France avec le chartreux. Et d’où il vient le Korat ? De Khorat. Elémentaire mon cher Ekelund.

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On fait référence à la fois au siamois et au korat dans un vieux livre de poèmes du XIVème siècle bien connu en Thaïlande, le Tamra Maew, qui classe les chats en deux catégories, les chats portant bonheur et les autres. Le Korat, lui, fait partie de la première catégorie.  Symbole de chance et bonheur un korat est un très joli cadeau mais le vendre un vilain péché.

La ville de Nakhon Ratchasima est aussi connue pour être la porte d’entrée de l’I-San cette région de hauts plateaux arides qui forme au Nord-Est du pays l’une des 4 grandes régions de Thaïlande avec le Nord, les Plaines Centrales et le Sud. Le Bord-Est conduit vers le Cambodge et ce sont les khmers qui n'appelaient la ville que par les syllabes du milieu khonrat, khorat.

La ville a fait la une de l’actualité le 13 août 1993, avec l’effondrement du Royal Plaza Hôtel, tuant 137 personnes et en blessant plus de 200 autres dans son mille-feuilles laissant juste une façade dans laquelle se situait les cages d’ascenseur. Architecte incompétent pressé par des promoteurs véreux et voilà le travail.

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Le club lui a été fondé en 1999 et attendu 15 ans pour se stabiliser avant d’obtenir la promotion dans l’élite où sans faire d’étincelles il a réussi à assurer son maintien sans trop frémir depuis 4 saisons. Et cette année, c’est la surprise de la League avec une belle cinquième place placée sous le signe de la réussite du brésilien Leandro Assumpçao, vieux routier de la League avec sept saisons au compteur et plus de 80 buts dont 8 depuis le début de la saison

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A ses côtés en attaque, l’ivoirien Bernard Henry, sorti de nulle part à son arrivée en Thaïlande il y a 4 ans à l’âge de 22 ans, et qui a fait son trou ici. 15 buts la saison dernière avec Chainat et déjà 6 cette saison.

Le tout entraîné par Monsieur Un Quintal et Demi, le serbe Milos Joksic, qui abuse probablement des klougs de Monsieur Presckovic ou de Bajadera (je sais @hmg, le bajadera c’est croate et pas serbe :ninja: ).

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Le Stade du 80ème Anniversaire (celui de feu Rama IX, c’était en décembre 2007) est un de ses stades tristounets enceint d'une piste d’athlétisme et malgré la venue du leader, il n’y a pas foule pour ce match. Faut dire que la météo ne s’annonce pas favorable et que peu de places y sont couvertes. Mais en première mi-temps on est toujours au sec. Malheureusement le Port FC privé de son maître à jouer Sergio Suarez, exclu au match précédent, est un peu brouillon. Les lions dominent quand même, se créent quelques occasions mais c’est Leandro Assumpçao avec ses faux airs de Neymar qui se crée la meilleure opportunité avec une volée de 25 mètres légèrement déviée qui finit sur le poteau.

La deuxième mi-temps est placée sous le signe de la mousson et le match se transforme comme souvent ici en combat contre les éléments, sorte de waterpolo en eaux peu profondes. Le Port FC pousse toujours et finit par obtenir un coup franc pour le spécialiste, Pakorn Prempak, qui avec un peu de réussite, le ballon étant dévié, marque son troisième but de la saison dans cet exercice.

Il ne reste plus qu’un petit quart d’heure et ça sent le vrai match de futur champion, trois points malgré une copie pâlichonne mais en même temps plutôt maîtrisée. Et d’ailleurs voilà Bordin Phala qui surfe à la limite du hors-jeu pour se présenter seul face à Samuel Cunningham, le portier américano-thaï des Swat Cats. Il tergiverse un peu pour finalement placer un tir facilement bloqué par « Papa » Cunningham. C’est ballot parce qu’à deux minutes de la fin c’était l’occasion de faire le break alors que quelques minutes plus tôt le Port FC s’était retrouvé à 10 après un deuxième jaune stupide du latéral Adisorn.

Arrive la dernière minute, Narupol Ar-Romsawa entré quelques minutes plus tôt pour les Swat Cats réussit un joli numéro d’acrobate en laissant sa jambe s’accrocher sur celle d’Athibordee après avoir poussé le ballon dans la surface. La faute n’existe pas vraiment et ça se passe en dehors de la surface. Aucun doute pour l'arbitre c'est pénalty ! Transformé par Henry. L’égalisation est totalement inespérée et bien sûr Bernard Henry lévite.

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Non je n'ai même pas honte. Est*ce nqu'il a honte lui?

Le Port FC a clairement laissé filer 3 points qui lui tendaient les bras. Moindre mal, son poursuivant Chiang Rai United s’est incliné après une série de 7 matchs sans défaite. C’était à Trat, 3-1, avec le dixième but du natif de Nice, le Guinéen Lonsana Doumbouya. Par contre ça revient derrière avec les deux plus sérieux rivaux du Port FC pour le titre : Buriram vainqueur 1-0 de Muangthong n’est plus qu’à deux points avec un match de retard et le Bangkok United vainqueur de Samut Prakan 2-1 grâce à des buts de Tristan Do et Nelson Bonilla zs'est replacé à 6 points.

Le prochain match c’est Chiang Mai au PAT Stadium.

 

 

  

  

 

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Mon Cher  @LutherBlissett

Je dois l’avouer,  je vous ai salement laissé tomber.  Je ne parle pas de notre vie de couple qui aussi délicieuse fut-elle n’est plus qu’un faible écho dans le lointain de notre jeunesse innocente. Non je parle bien entendu de la Thai League One, d’où le choix de ce topic pour vous, je ne suis pas encore complètement gâteux non plus.

Je vous ai honteusement abandonné au seul naufrage téféciste en n’alimentant plus ce topic comme il se devait des exploits du Port FC dans la course au titre. Car oui, je vous ai laissé le bec dans l’eau alors que le club de Klongtoey faisait la course en tête rêvant de mettre fin à la domination sans partage de Buriram United et Muang Thong United au palmarès du championnat professionnel du Pays du Sourire.

Et bien justement, ne faites plus la gueule, car voici la suite et la fin de cette première saison.

Souvenez-vous, c’était il y a 13 mois :ninja:  , Mme Nualphan Paeng (« Farine ») Lamsam, présidente et première supportrice du club pouvait partir tranquille accompagner l’équipe nationale féminine à la Coupe du Monde en France, son club était bien installé au commande  de la League et son beau visage blanc à peine photoshopé s’affichait dans toutes les rues de Bangkok à la gloire des assurances Muang Thai familiale.

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Le Covid-19 était encore bien loin.

Mais elle allait vivre de nombreuses désillusions d’ici là. Et aussi quelques instants de béatitude.

Tout d’abord les Shaba Kaew, surnom un poil sexiste de l'équipe nationale thaïlandaise féminine,  en prenaient 13 contre les USA à Reims puis encore 5 contre les Suédoises à Nice avant d’atteindre un joli compte rond de 20 en trois matchs au Rohazon Park de Rennes face aux chiliennes.  Mais l’honneur était sauf car Kanjana Sungngoen la capitaine de l’équipe avait inscrit face aux suédoises le premier de l’histoire de son pays en Coupe du Monde.

Les larmes de Mme Paeng sont déjà entrées dans la petite histoire du football thaïlandais :

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Pour votre information, la mère Lamsam non seulement sponsorise et chapeaute l’équipe féminine mais elle emploie l’ensemble des joueuses pendant l’année.  La simple présence de cette équipe en France était un accomplissement et le but de Kanjana un bonheur ultime.

Donc cette première désillusion n’en était pas vraiment une.

Sauf qu’en son absence, et au moment même où ses larmes de bonheur coulaient à Nice, le Port FC se faisait piéger sur son terrain et contre le cours du jeu face au tenant de Buriram United : 3-1, laissant à son adversaire du soir une place de leader, que, autant vous le dire tout de suite les Lions n’allaient plus revoir de la saison. Meurre ici pauvre suspens.

S’ensuivait en effet une défaite face aux sudistes de Samut Prakarn et une dégelée à la maison face aux nordistes d Chiang Rai United 1-4. Comprenez donc mon désarroi et mon manque d'envie d'ajouter le récit de ces déboirs alors que le tef allait bientôt s'enfoncer dans sa déconfiture habituelle.

Trois défaites d’affilé donc avant d’aller chercher un nul chez Marco Simone à Ratchaburi avec un but de Yannick Boli pour les locaux.

La glissade se poursuivait encore deux matchs face à Chonburi et Rayong avant que le Port FC ne mette fin à un mois et demi de disette en changeant de coach et en venant à bout du modeste Sukhothai 1-0. Mais le mal était fait : 5ème et 5 points de retard sur Buriram que seul Chiang Rai semblait encore en mesure d’empêcher d’empocher un huitième titre.

Le Port FC terminait fort bien la saison en 7V-1N-2D, juste de quoi nourrir des regrets à la troisième place. Mais pas tant de regrets que ça puisque son bilan 0V-1N-3D face à Buriram et Chiang Rai montrait bien son infériorité face aux deux premiers de la League.

Alors, à qui le titre ? On va faire un peu dans le réchauffé parce que cela s’est passé en octobre dernier mais au soir de la dernière journée Buriram United avait 57 points et Chiang Rai United 55. Même si Chiang Rai bénéficiait d'un avantage en cas d'égalité de points, la cause semblait entendue car Buriram se déplaçait moins de 200 bornes et  seulement une lettre de son dauphin,  chez un club déjà relégué : Chiang Mai. Et bien, tremble dans ton slip mon cher luther si tu admires Noel Le Graet, car la glorieuse incertitude du sport planait ce soir-là dans le nord de la Thaïlande.

Chiang Rai en déplacement à Suphanburi qui luttait pour son maintien, se fit peur 40 minutes  après l’ouverture rapide du score par le brésilien Cleiton Silva. Revenu au score juste avant la mi-temps, les scarabés ont ensuite déroulé porté par Rosimar Amancio dit « Bill » par ses fans et « Fat Bill » par ses détracteurs. Et pendant ce temps que se passait-il à Chiang Mai ?

Sur un terrain humide en cette période de mousson, le presque futur champion ramait une mi-temps avant de mettre fin à un suspens pour la galerie pensait-on en marquant le but libérateur par l'ancien stagiaire d’Arsenal, passé par Monaco entre 2012 et 2014, @Planino t’en souviens-tu : l’attaquant néerlandais Nacer Barazite. Et voilà c’est plié, en Thaïlande le foot est un jeu qui se joue à onze contre onze et à la fin c’est Buriram qui gagne. Vive Barazite! Au diable les parasites! Oui oui j'ose tout, luther, et c'est pas fini. Enfin si pour le titre c'était fini.

Sauf que…

Sauf que si on voit mal les lillois se mettre la misère pour aider Lens à gagner un titre ou l'inverse, ici le Nord n’a pas de frontière et ramener pour la première fois le titre dans l’ancien royaume de Lanna, ça aurait de la gueule aussi pour les supporteurs et les joueurs de Chiang Mai surtout après une saison ratée et surtout si en plus il y a quelques billets de la famille Tiyapairat, propriétaire du Chiang Rai United, à prendre. Tiens, histoire de ménager un peu ce suspens vieux de 8 ou 9 mois, un petit mot sur la famille.

Le pére Yongyuth est un ancien Président du Sénat thaïlandais. Le fils Miti a pris en main le club à l’âge de 23 ans, l’a amené en League One et à deux victoires en Coupe en 2017 et 2018. Puis début 2019, il abandonne les rênes du club pour suivre les pas de son père en politique. Et on finit avec la sœur Piyarat qui l’a remplacé à la tête du club, deuxième dame dirigeant un club ici avec Mme Paeng.  Prend ça dans les dents Bernard Lacombe. Ou Dascal.

Mais fermons la parenthèse et revenons à la poussée du Chiang Mai FC face à des joueurs de Buriram qui croient sans doute que le plus dur est fait et que le reste ne sera que du gâteau.  En fait ils n’auront pas tout à fait tort car la suite est une affaire de Caique. Caique Venancio Lemes plus exactement. Brésilien, sorti de Varginha, pour, dans sa meilleure période, faire se lever les supporteurs de Guarani 7 fois en 51 matchs. Atterri à Chiang Mai en prêt en provenance du Viettel FC  club de league vietnamienne, il y fait une demi-saison modeste pour 3 buts en 10 matchs avant de faire parler son mètre 83 ce soir-là une fois, deux fois, sans succès et à la 88ème minute il devance Siwarak Tedsungnoen le gardien de Buriram pour une égalisation qui va donner le titre à Chiang Rai United malgré une dernière grosse occasion pour les champions en titre.

 

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Et prends ça Mme Paeng :( :

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What else me demanderez-vous peut-être luther ?

Marco Simone n’aura pas fait de vieux os en Thaïlande : 17 matchs coachés pour un bilan mitigé (8-2-7) et le voilà limogé de son plein gré.

C’est le grand guinéen, natif de Nice, passé par le Cercles de Bruges ou Inverness, Lonsana Doumbouya qui est meilleur buteur avec la modeste équipe de Trat.

Yannick Boli qui avait démarré sa carrière siamoise, souvenez-vous, par un triplé, finit avec 12 buts juste devant un autre ivoirien, Doumbia, que des parents mal inspirés ont prénommé Bernard-Henry. Mais on va reparler de Boli. 

Et puis il y a aussi eu la Coupe. Je ne vais pas vous mentir, le Port FC entretient avec la Thai Cup à peu près  les mêmes relations que le TFC avec la coupe de France. 1957 mis à part. Mais bon, on allait bien voir.

Ça commence doucement avec un 6-0 face au pensionnaire de League 2, Samut Sakorn, cette province du Sud de la Thaïlande où se trouvent la plupart des conserveries de fruit de mer du Pays et où travaillent dans la joie et la bonne humeur des milliers de birmans et cambodgiens.

On enchaîne avec un 4-1 face à Sukhothai pour arriver à un huitième de finale face à l’ennemi juré, autre club de Bangkok (ou plus précisément Nonthaburi mais c’est l’équivalent de, disons Nanterre pour Paris donc bon), le Muang Thong United.  Le match se déroule au SCG Stadium de Muang Thong et c’est bien sûr un gros combat jusqu’à ce que Teerasil Dangda, capitaine de Muang Thong et de l’équipe nationale de Thaïlande, donne un coup de pouce au Port FC en marquant contre son camp à un ¼ d’heure de la fin. Tout juste arrivé de Bolivie, le joker panaméen du Port FC, répondant au doux nom de Rolando Blackburn, parachève un succès qui vaut presque un titre. Une victoire au SCG c’est une victoire au Parc pour l’OM ou à Lescure pour le tef. On ne boude pas son plaisir.

Bon du coup c’est un ¼ de finale. Face à Chiang Rai United qui n’est alors pas encore titré mais qui vient de mettre une branlée aux Lions du Port FC dans ce même PAT stadium.  Bis repetita non placent pour la branlée  mais placent pour un csc permet au Port FC de prendre l’avantage dès la 15ème minute puis 4 minutes après Sumanya double l’avantage et de retour de la pause Sergio Suarez en ajoute un troisième. C’est du délire…deux minutes. Fat Bill réduit le score une fois, deux fois et puis c’est tout. Les Lions passent encore un tour 3-2.

Une demi-finale se profile. La première de l’histoire du club. Et histoire de bien faire les choses c’est un deuxième derby au programme avec un déplacement au Royal Thai Army Stadium des Bangkok United. Cette fois pas de csc. Pas d’exploit de Sergio Suarez. Pas de boulette d’Elias Dolah. Le temps réglementaire s’achève sur un score vierge comme la forêt de Kaeng Krachan.  Séance de tir aux buts : Blackburn et capitaine Rochela marquent puis Dolah rate. Mais c’est pas grave car Everton Saturnino a aussi envoyé son ballon dans les étoiles. On échange encore 2 buts de chaque côté et on arrive à 4-4, sixième tireur.

Avant de poursuivre, une petite page de publicité…

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Nitipong Selanon marque pour les Lions alors que Guntapon Keereeleang rit jaune en voyant son ballon heurter le poteau.

Mon ami Luther, la consécration,  le Port FC est en finale !!!! #ànousleSDF

Une finale face à Ratchburi Mitr Pol propulsé là par un but de Yannick Boli face à Buriram United. Marco Simone est déjà parti et pour le Ratchburi Mitr Pol se profile l’opportunité de remporter sa deuxième coupe en disputant sa première finale. Oui oui tu as bien lu mon cher luther. Ratchaburi a été titré en 2016 sans disputé de finale ni même de demi-finale. Cette année-là le titre revient en effet aux 4 vainqueurs des ¼ de finale Sulhothai (vainqueur 4-0 du Port FC), Chainat, Chonburi et donc Ratchaburi (qui en plus ne dispute même pas son ¼ de finale après le forfait de Khon Kaen). Pourquoi? Parce que les demi et finales étaient prévues dans les jours suivants le décés de Rama IX le grand, roi vénéré de la Thaïlande depuis avant la reine Elizabeth et jusqu'à..ben aussi...un peu avant mon homonyme. En principe :ph34r:

Le match se déroule au BG Stadium de Pathumtani, là où la banlieue d Bangkok commence à laisser un peu la place aux rizières et la Klongtoey Army domine très largement son adversaire en nombre.

Côté Lions, tout le monde est là : Captain Rochela associé à Elias Dolah en charnière centrale, Sergio Suarez et sa magie, le WBY siamois Bordin Phala est bien là, Pakorn « patte folle » Parmpak attend le moindre coup de pied arrêté et le plombier de service coréen Seulki s’apprête à colmater les brèches.  Tout le monde ? Non. Dragan Boskovic est out mais il est de toute façon sur le déclin et n’a pas fait grand-chose de la saison.

De l’autre côté, nos vieilles connaissances Steven Languil et Yannick Boli ont été rejoints par Lossemy Karaboué, ancien de Sedan, Nancy et Troyes.

Le Port FC démarre fort et se crée plusieurs petites occasions avant d'ouvrir le score peu après la 20ème minute sauf que ici aussi la vidéo fait son show : but refusé (logiquement) après visionnage. Et c’est pas fini. Dans les arrêts de jeu de la première mi-temps Boli reprend un ballon relâché pitoyablement par Worawut le gardien du Port FC et ouvre le score. Mais la VAR entre de nouveau en action et Boli se voit refusé son but pour avoir heurté le gardien dans le cours de l'action. 15 secondes avant en fait. Décision très très litigieuse.

De retour des vestiaires il n’est plus question de VAR mais du talent de Sergio Suarez qui, lancé dans la profondeur, réussi un contrôle magistral, et devance la sortie du gardien pour donner ce premier but si important aux siens. Il est même prêt de doubler la mise sur un bijou de frappe enveloppée.

A un ¼ d’heure de la fin Pawee croit au pas vu pas pris en coupant une contre-attaque par une poussette dans le dos. Deuxième jaune, c’est rouge. Bon c’est quand même sévère. Et ça devient mission impossible pour Ratchaburi.

Le Port FC gère mais se fait une dernière frayeur après avoir loupé le break de façon ridicule et après que Pakorn pas vu mais pris par la VAR soit lui aussi expulsé pour un vilain tacle. Dernier coup franc dans la boîte de Racthaburi, les Lions profitent une dernière fois de leurs deux tours centrales Rochela et Dolah pour écarter le danger. L’arbitre siffle la fin et bordel de merde que ça fait du bien de suivre une équipe qui gagne un titre !!!!!!!!   8 mois avant d’avoir le temps pour te raconter ça mon p’tit luther !!!!

Je te laisse savourer la vidéo du titre, le sourire de Mme Paeng et le magnifique tifo de la Klongtoey Army :

Merci pour votre patience.

 

Bien cordialement,

Elizabeth.

 

 

 

 

 

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