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Lequipe

Jérémy Toulalan, totale éclipse

À 34 ans et en pleine saison, en 2018, le milieu international a quitté subitement les Girondins de Bordeaux pour recouvrer une vie normale dans la région nantaise.

 
Pas de tour d'honneur. Pas de bouquet de fleurs. Pas de larme. Pas d'hommage. Pas d'enfants qui entrent sur la pelouse avec son maillot sur le dos. Pas d'entretien au long cours pour annoncer officiellement la fin de son parcours de footballeur, livrer ses sentiments sur sa belle et riche carrière. Jérémy Toulalan est parti, sans un bruit. Sans se retourner. Et sans réapparaître. Il a disparu complètement des radars du football français. « Il est parti comme il est arrivé, très discrètement », décrit Michaël Manuello, son agent.

Les demandes d'interview ont afflué. Elles ont été repoussées. Le joueur ne voit pas l'intérêt de s'exprimer. Il lui faudrait certainement tout dire. Le milieu n'aime pas la vérité. Ça ferait beaucoup de bruit. Les fantômes ressurgiraient, les blessures aussi. « Il n'a jamais eu besoin de ça pour exister, explique Manuello. Il n'a jamais aimé la manière dont les médias mettaient en avant une individualité. Ce n'est pas lui. »

« C'est dommage. J'aurais aimé qu'il fasse quelque chose, qu'il parle, pour clôturer l'histoire », regrette Jocelyn Gourvennec, son dernier entraîneur. C'était à Bordeaux. Toulalan s'y était engagé lors du mercato estival 2016. Il avait été séduit par l'idée de travailler avec l'entraîneur breton. Son agent résume ainsi la connexion : « C'était une histoire d'hommes. Jocelyn l'a convaincu de repartir pour une nouvelle aventure. »

 

L'histoire a duré un peu plus d'un an, et s'est achevée quand les dirigeants bordelais ont décidé de se séparer de Gourvennec. Le 18 janvier 2018, quelques heures après l'éviction de son entraîneur, le milieu de terrain sollicitait son président de l'époque, Stéphane Martin, pour lui signifier qu'il n'irait pas plus loin.

 
 Il y a plus d'un an, on avait demandé au dirigeant de nous faire revivre cet épisode. « Au mois de décembre (2017), j'ai reçu un coup de téléphone de l'agent de Jérémy Toulalan. On parlait beaucoup dans les médias d'un départ de l'entraîneur. Le conseiller m'a donc expliqué que son joueur ne se voyait pas rester aux Girondins si Jocelyn Gourvennec était démis de ses fonctions. Après cet échange, je me suis entretenu avec le joueur pour essayer de comprendre. Donc, quand on a pris la décision de mettre un terme à la mission de Jocelyn, je me doutais qu'il se passerait quelque chose. On s'est retrouvés dans la salle vidéo. Jérémy était habillé pour la séance.

Je lui ai tout de suite dit que je savais pourquoi il voulait me voir. Toulalan a été très élégant. Il ne se voyait pas continuer et, contrairement à d'autres joueurs qui ne m'auraient rien dit pour continuer à toucher leur salaire, il a préféré partir et il l'a fait sans aucune indemnité. Il a été payé jusqu'au 18 janvier. C'est complètement atypique dans le milieu. Certains de mes collègues dont je tairai le nom sont persuadés que ce n'est pas possible, et que Jérémy Toulalan est parti avec un chèque. Il est parti sans rien. Son choix est respectable. Et, encore une fois, je souligne son élégance. Il n'a pris personne au dépourvu. Il avait prévenu. Et je n'avais aucune raison de m'y opposer, même s'il était un membre important de l'effectif et du club. »

 

Benoît Costil était là. Il avait été mis dans la confidence par le milieu de terrain. « Jérémy m'en avait touché un mot quelques jours avant l'éviction du coach, explique le gardien des Girondins. Les bruits autour d'un changement d'entraîneur commençaient à se faire entendre. Jérémy est un homme de conviction. Il n'a qu'une seule parole et va au bout des choses. Il assume. Le groupe a respecté son choix, même si cette fin est un peu dommage. On avait fait une belle saison. On s'était qualifiés pour l'Europe et puis, comme pour Yoann Gourcuff, je pense que c'est un joueur qui méritait une plus belle sortie. »

 

 

Jérémy Toulalan, au côté de Jocelyn Gourcuff, l'entraîneur qui l'a fait signer à Bordeaux. (G. Bonnaud /PhotoPQR//MaxPPP)

 
Jérémy Toulalan, au côté de Jocelyn Gourcuff, l'entraîneur qui l'a fait signer à Bordeaux. (G. Bonnaud /PhotoPQR//MaxPPP)

Ce geste rare et fort n'a absolument pas surpris Raynald Denoueix, l'ancien coach du FC Nantes. « Je l'ai surtout découvert sur le tard. Quand j'entraînais, il était au centre de formation. J'ai appris à le connaître, avec "Mika" Landreau, (Nicolas) Savinaud et (Frédéric) Da Rocha. C'est un homme droit, décrit Denoueix. Et ce qu'il a fait correspond parfaitement à sa personnalité, à son état d'esprit. À sa manière de jouer, toujours pour les autres. Il a jugé que Jocelyn Gourvennec avait été évincé de manière injuste. »

Jérémy Toulalan a donc fait rapidement ses valises et quitté Bordeaux pour rejoindre la région nantaise, où sa femme et ses quatre enfants l'attendaient. « Nantes, où il a ses racines, rappelle Claude Puel, qui l'a dirigé à Lyon. Il ne les a jamais oubliées. Il a toujours gardé les pieds sur terre dans un milieu difficile qui expose les joueurs médiatiquement. »

 

Au calme, il a mûri sa réflexion pour décider qu'il était temps de passer à autre chose. Il a reçu des propositions. Une quinzaine. Il n'a jamais donné suite. Son agent acquiesce : « Après sa rupture de contrat, ça a duré une quinzaine de jours. C'était de la folie. Il y a eu de la Ligue 1, de la Ligue 2. De l'étranger. Des projets économiques pharaoniques. Des projets sportifs. Il ne s'est jamais assis à la table pour écouter ou négocier. Il avait assuré aux dirigeants bordelais qu'il n'avait pas résilié son contrat pour signer deux jours plus tard dans un club. Mais je n'ai pas le souvenir d'une discussion entre nous durant laquelle il m'a annoncé son souhait. Ça s'est fait comme ça, tout naturellement. C'était clair dans sa tête. C'était le moment pour arrêter. »

Et, cette fois, il n'a pas changé d'avis, et personne n'a essayé de le convaincre qu'il avait encore beaucoup à donner au jeu. Après Knysna, il avait sérieusement songé à quitter le milieu. « Là-bas, il a pris ses responsabilités, rappelle Manuello, qui n'a pas très envie de s'étendre sur l'histoire sud-africaine, pendant la Coupe du monde 2010. Mais ce qui est certain, c'est que c'était trop tôt pour arrêter. Il fallait juste prendre le temps de digérer. » Puel n'a pas oublié le visage de son milieu de terrain d'alors : « Il a été très touché par ce qui s'est passé là-bas. On a beaucoup parlé, on a essayé de composer, de ne pas le brusquer, de le protéger. De les protéger, car Yoann Gourcuff était dans le même état. Ils étaient cassés. On a donc vécu une saison très compliquée. »

 

Jérémy Toulalan, alors à Malaga, face à Radamel Falcao (Atlético de Madrid). (Aran/Cordon/Presse Sports)

 
Jérémy Toulalan, alors à Malaga, face à Radamel Falcao (Atlético de Madrid). (Aran/Cordon/Presse Sports)

 

Jérémy Toulalan a relevé la tête mais n'a jamais pu effacer les cicatrices. « Il a toujours assumé, poursuit Gourvennec, mais il est resté profondément marqué par la violence de ce moment. Jérémy est un garçon et un joueur très intelligent. Sans doute le plus intelligent que j'aie eu à entraîner dans ma carrière, avec Lionel Mathis peut-être. Il comprenait vite le jeu mais aussi les hommes. » Les hommes qui l'ont aimé, aidé, et ceux qui l'ont déçu. Qui lui ont tourné le dos quand ça allait mal. Quand il était seul avec sa suspension pour 1 match décidée par la Fédération française (FFF) après l'affaire du car, montré du doigt, présenté comme l'un des meneurs de la fronde.

Le départ en 2011 pour Malaga lui a fait le plus grand bien. Là-bas, sous le soleil, il n'était plus l'homme qui avait participé à la mutinerie. Il était juste un joueur, un milieu de terrain. Un excellent milieu de terrain, que Manuel Pellegrini, l'entraîneur, et les fans du club espagnol adoraient, que Didier Deschamps, à son arrivée à la tête de l'équipe de France, a tenté de convaincre de reporter le maillot des Bleus, notamment pour disputer la Coupe du monde au Brésil. Noël Le Graët, le président de la FFF, avait aussi essayé. Ils ont échoué.

 

« Je pense sincèrement que ce milieu du foot ne lui manque pas, analyse Sylvain Armand, un de ses bons camarades. Jérémy, c'est un type normal qui est bien loin des paillettes. Alors, là, ce qu'il vit actuellement, il adore. Il est en famille, avec ses amis. Il profite de son quotidien, de la vie, des choses qu'il n'a pas pu faire durant des années. Il a très bien géré sa carrière, il n'est pas dans le besoin, et je n'ai pas l'impression qu'il soit pressé de repartir sur un nouveau projet. »

Plusieurs chaînes de télévision l'ont approché pour lui proposer de devenir consultant. Il a refusé. « L'après-carrière ne l'a jamais effrayé, poursuit Manuello. Il n'est pas dans l'inquiétude de quoi faire, de comment faire pour ne pas s'ennuyer. Un jour, il fera des choses, mais je ne sais pas quoi. Il ne va pas se précipiter sur la première occasion. » Dans le foot ? Jocelyn Gourvennec aimerait bien : « Il aurait tellement de choses à apporter mais il faut qu'il ait envie. » Et, pour l'instant, il semblerait que ce ne soit pas le cas.

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  • 10 mois plus tard...
  • 1 mois plus tard...
il y a 29 minutes, elkjaer a dit :

Je crois au contraire qu'il est bourré d'amour propre. C'est de dignité dont il manque totalement :grin:

S'il a de l'amour propre, c'est qu'il est très con.
Parce qu'il faut être très con pour ne pas comprendre que ses "exploits" vont faire le tour de la planète et que des mecs à l'autre bout du monde sur un forum d'un petit club de foot français vont se foutre de sa gueule :grin:
Et quelqu'un qui a de l'amour propre ne ferait pas en sorte que la Terre entière rigole de lui.

Mais en effet, il manque aussi de dignité, il n'a que des qualités décidément :ninja:

 

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il y a 55 minutes, Planino a dit :

S'il a de l'amour propre, c'est qu'il est très con.
Parce qu'il faut être très con pour ne pas comprendre que ses "exploits" vont faire le tour de la planète et que des mecs à l'autre bout du monde sur un forum d'un petit club de foot français vont se foutre de sa gueule :grin:
Et quelqu'un qui a de l'amour propre ne ferait pas en sorte que la Terre entière rigole de lui.

Mais en effet, il manque aussi de dignité, il n'a que des qualités décidément :ninja:

 

L'amour-propre est aveugle et en général plus on a d'amour-propre plus on est con :ninja:

 

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  • 6 mois plus tard...
  • 3 semaines plus tard...
il y a 29 minutes, LutherBlissett a dit :

Surcoté !!!

Dès que c'est mec du forum on glorifie !

Mais vous feriez rien en L1 mon pauvre 🤣

Mais n'importe quoi !!!

Ça se voit de suite que je pue le foot !!!! 

Ce gars là tu vois direct que en L1 il s'adapte, regarde le skill de 0'43 à 0'58 c'est indécent !!!

T'as pas joué plus haut qu'en district toi, ça se voit de suite 😂😂😂

  • Bave 1
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